CHAPITRE 18 : la chasse aux souvenirs

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Il nous arrive parfois de ressentir certaines choses sans même les comprendre et ne les comprenons souvent que quand il est trop tard. Ce matin c'est mon cas. A peine avais-je ouvert les yeux que déjà un sentiment étrange m'avait envahit, et pour être parfaitement honnête, je pense que c'est ce même sentiment qui m'avait tiré d'un sommeil troublé. Est-ce le monde qui m'envoie un signe ou est-ce mon esprit qui assimile, non sans peine, mes adieux de la veille ?  

Je redescends tout juste de la salle de bains quand je trouve Chloé, le nez dans mon armoire, ma chemise fétiche à la main, visiblement gênée d'avoir été prise sur le fait. Elle referme mon armoire, roule avec hâte la chemise de Sam en boule avant de se tourner vers moi, un grand sourire aussi hypocrite que tendu scotché aux lèvres. 

-Oups, prise en flagrant deli, s'excuse t-elle nerveuse.

Elle affiche un sourire qui lui ouvrirait les portes du paradis, un sourire comme l'ultime joyaux de son charisme qui, cette fois ci, ne lui sera d'aucune aide.

-Cette chemise est à moi, comme tout ce qui ce trouve dans cette armoire, alors repose la.

Son expression passe de l'irrésistible minette à la garce déterminée, en une fraction de seconde elle laisse tomber son masque, se dirigeant vers la porte pour quitter la chambre. Maintenant à coté de moi, Chloé passe sa main dans mes cheveux dénoués, pulvérisant toute limite personnelle, ignorant notre aversion partagée. Son visage si proche du mien, prétendant une intimité naturelle, m'accorde une caresse de ses grands battements de cils sur mes pommettes comme une tentative d'intimidation. 

-Nous ne nous connaissons pas si bien, alors pour cette fois tu es excusée. Tu n'as qu'une seule et unique chose à retenir, j'obtiens toujours ce que je désire, souffle t-elle contre mon oreille avant de partir triomphante. 

La famille se retrouve une fois de plus autour du dîner familial et une fois encore, la vie raisonne entre les murs de cette maison. Les jumelles sont les plus bruyantes, elle se chamaillent avec Tim qui sait de quelle manière les provoquer. Lee, Elena et Chloé débattent  avec plaisir d'un sujet qui ne m'intéresse pas assez pour le connaître, tandis que Sam et Carl s'entretiennent à l'extérieur. Perdue dans mes pensés, le temps s'écoule sans que je m'en aperçoive et en un battement de cil, la soirée est déjà achevée. Je ne me souviens que brièvement de l'annonce de Carl à propos de l'ouverture de la chasse au cerf qui a réjouit la fratrie. 

Je reste là, accoudée, la tête supportée par la pression de mes mains sur mon front, à une table vidée de ses hôtes. Assise sur le plan de travail en pierre, Chloé tente de copiner avec Marny et Hanna qui échangent de furtif regards gênés. Sam apparaît à ma gauche, comme sorti de nul part. Il saisit ma main et la tire vers lui. Un rapide mouvement de tête en direction de la porte d'entrée m'incite silencieusement à le suivre mais avant d'avoir eu le temps de réagir, Chloé saute du plan de travail et interpelle Sam. 

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant