CHAPITRE 20 : Une tasse de thé

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-Allez ma belle, remet moi en une dernière et je file.

-C'est comme si c'était fait!

Accoudé au bar, mon dernier client de la journée avale les dernières gorgées de sa bière. Voilà quatre mois remplis de «ma jolie», «mignonne» ou encore «chérie». Quatre mois loin des Benson et loin de Sam. Comme chaque soir depuis quatre mois, je verrouille pour la nuit les portes du bar. Comme chaque soir je nettoie les traces et petites flaques de bière qui jonchent le sol, les tables et le bar. Comme chaque soir, j'arpente les rues sombres  de la ville et regagne mon appartement vide. Dans la cuisine, je réchauffe au micro-onde, un plat surgelé en guise de repas. N'est ce pas un comble pour une passionnée de cuisine ?!  Comme chaque soir je serai seule, avec pour unique compagnie l'insupportable bruit du silence. Je n'ai pas pu me résilier à quitter l'Alaska. Pourquoi ? Pour qui ? Personne ne m'attend à Washington. Il y aurait bien ma mère, mais elle semble bien plus préoccupée par le sort d'ACC que par le celui de sa fille. Je n'ai reçu aucune nouvelle, aucun appel de sa part ou de l'un de ses sbires. J'imagine que son silence est le fruit de sa déception. Une si gentille et obéissante fille qui gâche sa vie à jouer les exploratrices. Elle serait morte de honte si elle apprenait que sa fille était maintenant serveuse dans un petit bar d'Alaska. Il est préférable qu'elle n'en sache rien, elle ne comprendrait pas, mais tant pis, je m'y suis faite moi car c'est ici que je vis maintenant. Mon ancienne personnalité, avec tout ses défauts ou presque a refait surface. Je me suis à nouveau refermée sur moi même. La voila la vraie Rose. Finalement j'ai toujours été la fille très discrète, un peu étrange, qui se complaît dans la solitude. Cette fille qui reste des heures durant dans le silence le plus parfait, perdue dans ses pensées, recroquevillée dans un coin du canapé. Cette fille trop triste et trop male dans sa peau pour accepter de vivre. Comment avait-il fait ? Comment Sam avait-il brisé ma coquille ? Comment toute cette tribu avait-elle fait, pour me faire sentir comme l'une des leurs ? j'ai du compter pour eux, voila tout. Je dois certainement compter un peu encore, parce qu'Elena prend de mes nouvelles. Elle est d'ailleurs mon unique interlocutrice, en dehors des clients du bar. Elle s'inquiète de mon isolement, mais j'ai finalement toujours été esseulée. Nos rares échanges se résument à la rassurer sur ma qualité de vie, la fréquence de mes repas, le nombre de nuits dormis par semaine.  C'est toujours elle qui m'appelle, et toujours à la même fréquence, un appel toutes les deux semaines. J'imagine qu'elle ne veut pas se faire intrusive, alors que ce serait tout l'inverse. De son coté, elle me parle de sa famille qui a un jour été un peu la mienne, et parfois de Sam, qui comme à son habitude gère ses émotions par le travaille. Comme je l'avais espéré, Chloé est restée à ses cotés, même si Sam reste apparemment affecté par mon départ au moins il n'est pas seul. Entouré par une famille attentionnée et aimante, j'ai bon espoir, et puis, il est fort, en tout cas plus que moi. Il s'en remettra. Une fois encore c'est de ma faute, je l'ai laissé, j'ai été lâche, mais j'ai besoin de temps pour moi, de temps pour faire mon deuil, de temps pour souffrir seule et pour n'être le fardeau de personne d'autre que moi. Apparemment le bonheur n'est pas fait pour moi. Je perds tout les hommes de ma vie. D'abord mon père, ensuite mon fils, je préfère m'éloigner de Sam avant de le perdre lui aussi.  Je préfère le savoir heureux, même si ça n'est pas avec moi qu'il partage son bonheur.

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant