CHAPITRE 12 : T'éloigner de moi

226 35 3
                                    

                    

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

                    

Aujourd'hui

Koda vient de s'endormir dans mon dos. Uniquement recouverte de ces draps, je suis ahuri. Qu'ai-je fait ? Que suis-je devenu ? Je me trouvais monstrueuse d'avoir été la maîtresse de Sam alors qu'il était sur le point de se marier, coupable d'être à l'origine de son malheur. Je haïssais mon amour, mon désir que je pensais sales, mais malgré çà, pas un seul instant, je ne m'étais écœuré autant que durant ces dernières heures. Elles ont été cauchemardesques, comme une torture dont je suis a la fois victime et bourreau. Aussi incompréhensibles que cela puisse être, la punition que je m'afflige me semble être le seul exutoire. Dans ces bras, j'étais un peu morte, et la mort ne laisse aucune place à la culpabilité ou la douleur. Durant quelques heures, je ne parvenais plus à réfléchir ni a penser. Au fond du gouffre plus rien ne comptait. Je fais du mal autour de moi et je sais maintenant que m'affliger une plus forte punition n'est que justice. Le soleil se lèvera bientôt, je devrais quitter la chambre de Koda avant que les premiers habitants de la maison ne se réveillent. J'ai certainement perdu le respect de la moitié de la famille, être confronté à leurs regards désapprobateurs et pleins de déception est la dernière chose que je voudrais. Bien que cette nuit ait été longue, la seule chose que mon corps et mon esprit réclament a présent, est le repos. Je ne peux pas aller me coucher dans mon lit comme s'il ne s'était rien passé. Après la scène d'hier soir et la mise en garde d'Elena, j'appréhende la fameuse discussion exigée par cette dernière. Qu'a-t-elle a dire qui soit en lien avec mon comportement de la veille ? Ai-je déjà agi de la sorte avant mon amnésie ? Je ne suis visiblement plus celle de mes souvenirs. À quel moment ai-je autant changé ? Ce pourrait-il qu'ils m'aient toujours connu aussi désinvolte et inconséquente ? Je n'en peux plus. Je suis lassée. Tous ces doutes, ces questions, m'effraient. Je commence à angoisser, a suffoquer dans cette maison. J'ai l'impression de ne plus être la bienvenue autant que de les avoir tous trahis en trahissant Sam. Mes vieux démons refont surface. Je sens la crise d'angoisse arriver. J'ai besoin d'air, de me calmer avant de m'effondrer.

Je passe la porte de la maison sans savoir où aller. J'ai besoin d'être seule. Alors que le ciel se pare des premières couleurs du matin, sans parvenir à réfléchir, je coupe au travers du bois qui fait face a la maison. M'enfonçant à toute vitesse, dans une forêt que je connais si mal. Arbre après arbre, je m'éloigne un peu plus de mes doutes, mais la terreur reste enfoncée dans ma poitrine comme les crochets du serpent accroché à sa proie. Au bord de la crise d'angoisse, je peux sentir la limite qui me sépare encore de la folie s'effacer a mesure que mes sanglots retentissant. C'est comme se tenir debout au bord d'un gouffre dans lequel je m'apprête a tomber. Ma respiration s'accélère, mon cœur frappe contre ma cage thoracique telle une masse contre un mure. Je presse ma main contre ma bouche pour tenter de contenir le terrible hurlement qui se bat pour éclater. Plus rien n'existe autour de moi, me voilà dans l'obscurité la plus totale. Mes joues sont noyées par des torrents de larmes. Ma gorge se libère finalement expulsant un cri de terreur. Je sens des bras comme des liens, m'enlacer et remonter contre mon visage. J'ai sombré, me voilà devenu complètement folle. Mon angoisse est comme la seule vie qui coule dans mes veines, appelant la folie jusqu'à moi. Oppressé par ces bras qui m'enserrent, je suffoque, j'étouffe. C'est au tour de mon visage d'être immobilisé de force. Les cris ne cessent pas, au contraire, ils se dédoublent pour ne former qu'un brouhaha effrayant dans lequel raisonne une voix familière.
-Ça suffit Rose, calme toi !
Je me saisis un court instant avant de me débattre à nouveau comme un reflex.
-Tim.
-Rose regarde moi, tout va bien.
Ces paroles ou sa voix rassurante me reconnectent à l'angoissante et oppressante réalité.

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant