CHAPITRE 5 : Seule ou presque

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Ma vue se brouille, mon sang bourdonne dans mes oreilles et la nausée me reprend  amplifié par l'angoisse qui enlace mon cœur. Je vais tourner de l'œil, je le sens, il me faut m'asseoir avant de tomber.
-Comment ai-je pu être aussi stupide ? Comment ai-je pu penser que ça n'arriverait pas ? Comment ai-je pus...
Mes larmes forment deux lignes verticales ininterrompues le long de mes joues. Je m'en veux d'avoir été aussi naïve, inconséquente. Que suis-je sensé faire à présent ?  Viens cet instant où je devrais commencer à réfléchir, à prendre une décision, mais comment suis-je supposé le faire, alors que je suis terrifié à la simple vu de cette armée de bâtonnet qui a eut raison de moi. Je reste là un long moment, sur le carrelage de la salle de bain, seule ou presque, plusieurs minutes ou plusieurs heures qu'en sais-je. Le temps semble s'être arrêté sur cette terreur, ce malaise, comme coincé dans un cauchemar, sans aucune possibilité de m'enfuir, de me cacher ou même de me réveiller. Personne ne viendra me sauver. Le temps est venu pour moi d'assumer mes actes et leur conséquence, je dois accepter cette grossesse comme une réalité, mais rien n'y fait, je ne parviens pas à réaliser. Elena me conseillerait de me laisser du temps, mais le temps est un lux que je ne peux plus me permettre. Que suis-je censé faire maintenant ? Continuer cette grossesse ou y mettre un terme ? Je n'avais jamais considéré l'avortement, comme je n'avais jamais considéré la grossesse. N'y aurait-il pas de pire situation possible ? Ma vie est un désastre, un chaos sans nom. Personne ne saurait être plus instable que moi, un enfant a besoin de stabilité, de sécurité de soins et d'amour. Comment pourrais-je apporter tout ceci à un enfant alors que je sais en être moi-même totalement dépourvus ?

A la cuisine la famille se rassemble, l'echo des couverts en metal s'entrechoquent comme s'ils étaient jetés sur la table, me ramenant en partie à la réalité . Quelle heure est-il ? Je consulte l'horloge de mon téléphone, il est 12h03. Déjà ? J'attrape tous les tests de grossesse, boites, emballages et notices, que je range dans mon sac a main et m'assure de n'avoir laissé aucune trace, aucun indices de ce cauchemar. Je jette un dernier coup d'œil dans le miroir qui me renvois l'image d'une rose aux yeux  rouges et bouffis et je ne peux rien faire pour y remédier. Je ne pourrai pas me présenter à la cuisine dans cet état, et de manière plus générale, je  ne pourrais pas cacher mon angoisse, Sam devinerait mon mal-être, il doit tout ignorer de sa raison.

 Dans la cuisine alors que la famille se prépare à passer a table, Sam pensif, observe la rive par la fenêtre, me laissant le champ libre, je profite de l'occasion pour filer dans ma chambre sans être remarqué. Quand j'arrive devant la porte de ma chambre, Elena me surprend, elle se fait discrète quand elle vient à ma rencontre. Elle pose une main sur mon avant-bras, comme pour m'empêcher de saisir la poignée de porte. Son regard cherche le mien, il réclame la confirmation de ces doutes.

-Rose ?
La rougeur et le gonflement de mes yeux ne lui auront pas échappé, elle, qui je le sais, guette la plus petite réaction de ma part. J'ai la nausée une fois encore mais cette fois, elle n'est pas plus le fruit de cette grossesse que le résultat de l'annonce de cette nouvelle bouleversante.
-Tu veux qu'on en parle ? Souffle-t-elle discrètement.
-Rose,  je t'ai cherché. Où étais-tu ? Interviens Sam.
-Elle ne se sent pas bien, répond Elena tout en se plaçant devant moi pour dissimuler à son fils mon visage enflé par mes pleurs,  elle va s'allonger quelques heures, après quoi elle se sentira mieux, j'en suis sure. 
Nos regards se croisent furtivement, ce qui pourrait me trahir, mais pas plus que d'avoir fui le regard de Sam. Je baisse la tête et me presse d'entrer dans ma chambre, loin d'Elena et de Sam. Je lance un regard haineux à mon sac à main, connaissant les preuves qu'il dissimule et ne tarde pas a le cacher dans mon armoire, je m'empresse de le fuir, comme si le problème était à l'intérieur de lui, et non en moi. La porte s'ouvre et se referme immédiatement. Sam se tient devant la porte, hesitant.
-Que t'arrive t-il ?
Je vais devoir lui mentir et je déteste ça.
-Je suis un peu barbouillé, j'imagine que c'est mon départ qui me travaille autant.
-Tu es resté introuvable toute la matinée. Où étais-tu ?
-Ici, dans ma chambre. Allongé, je me sens mieux.

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant