CHAPITRE 11 : Au commencement

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Il y à plus d'un an, Rose arrivait en Alaska dans un état psychologique affolant

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Il y à plus d'un an, Rose arrivait en Alaska dans un état psychologique affolant. Quelle raison l'a t-elle poussé à fuir Washington? Pour comprendre la source de son mal-être récurant, repartons ensemble deux ans en arrière, quand Rose n'était encore qu'une jeune femme en devenir.

...

Alors que la nuit m'enlace, que les ténèbres m'épousent, le souvenir de ma vie d'avant me revient. Impossible d'en rechaper, je suis forcée de revivre à chaque fois que je sombre dans le sommeil cette vie que j'ai fuie, et si j'accepte de revivre ce cauchemar, c'est dans l'unique but de me souvenir.

Dans ma chambre washingtonienne aux couleurs pastelles, devant le miroir, la Rose de tout juste dix-neuf ans que j'étais se prépare. Mon chat, endormi sur le lit comme seule companie, du moins la seule que j'apprécie. La chambre est baignée dans la chaude lumière du matin. Je peigne mes cheveux qui ondulent sur mon épaule, je suis sure qu'ils boucleraient, si je ne m'obstinai pas à dompter leur nature, en les tirant en queue-de-cheval, les plaquant sur mon crâne. Bien que d'ordinaire châtain, le soleil leur donnent une teinte rougeâtre majestueuse, telle une cascade de lave.

Comme toujours terrifiée par le changement, ce matin ne dénotera pas à la règle. Suis-je sure de mon choix ? Absolument pas. Bien que le mot « choix » ne soit pas le bon. Si c'est un choix, ce n'est en tout cas pas le mien. Je n'arrive pas à le croire. Je quitte l'école de cuisine, après tant d'années, après tant d'efforts pour m'intégrer, j'y étais enfin arrivée, enfin presque. On ne me considéra plus comme la bizarrerie de l'école, ce qui était pour moi une victoire. La cuisine, la gastronomie, voilà ce pour quoi je suis faite, je le sais. Mon seul obstacle était de devoir communiquer avec le reste de la cuisine, mais j'aurai pu y arriver, la passion m'y aurait contraint, mais la vie est ainsi faite. Je dois ce matin intégrer l'entreprise familiale.

« Entreprise familiale ».

Cela sonne faux à mes oreilles. J'imagine que je devrais plutôt dire « l'entreprise de Clarissa Alister », puisque c'est uniquement à ma mère qu'elle appartient depuis le récent décès de mon père. Mon devoir est d'accepter les choix qu'elle fait pour moi, c'est la meilleure chose à faire et ma façon de l'épauler face à son deuil qui est aussi le mien.

Je dessine un trait de liner sur mes paupières, dépose du mascara sur mes cils pour ouvrir le regard et un peu de blush sur mes pommettes pour avoir bonne mine. Voilà, Plaisante, mais discrète. Le maquillage est l'outil qui m'aidera a devenir « mademoiselle tout le monde ». Grâce à ces coups de pinceau, je mets en forme cette image qui me fera paraître « la Rose » que je ne suis pas. Où serait-ce pour empêcher le reste du monde de percevoir celle que je suis a l'intérieur, et rester hors d'atteinte ? De moi, ils ne verront que cette façade, cette fille sans intérêt, simplement insipide, ce qui je l'espère, les tiendra à bonne distance.

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant