Petit matin

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Je me suis réveillée avec Djamel penché au-dessus de moi. Il me regardait et j'ai compris qu'il m'aimait depuis toujours... depuis ce premier jour dans la cours du lycée où je n'avais eu d'yeux que pour Mom'. Et si toute cette histoire était à réécrire ? Le vertige m'a saisit. J'ai refermé les yeux.

« Ça va ?»

Je rouvris les yeux.

« J'étais un peu ivre, hier soir... »

Il se redressa, s'éloigna de moi autant qu'il pouvait le faire dans le lit étroit.

« Tu regrettes ? »

« Non ! » C'est parti à toute vitesse sans que j'aie le temps de réfléchir. Djamel c'est allongé à côté de moi ; il a fermé les yeux et souri. Je le trouvais beau. Je n'avais jamais pris la peine de le regarder. La beauté de Mom' m'avait aveuglée. Nouveau vertige. Besoin de comprendre. Que nous était-il arrivé ?

Il s'est légèrement redressé m'a regardé, a souri timidement.

« Tu sais... je t'aimes... depuis longtemps... »

« Oui... je viens de comprendre... Quelle conne ! Mais quelle conne j'ai été ! Pardon.»

Il a rit doucement mais a renchéri :

« Oui, quelle conne adorable...

Cela m'a vexé... j'ai fait la moue. Mais il avait raison. Je l'avais fait souffrir ; il avait toujours été là près de nous et moi j'avais souffert pour Mom'... ou inversement. Sa présence planait au dessus de nous.

Je me suis assise dans le lit. J'ai remonté mes genoux contre ma poitrine et je les ai enlacés, pour me protéger, me rassembler. J'ai pris mon inspiration.

« Je l'aimais... je croyais... et lui il m'aimait... »

Son visage c'est refermé comme une huître. Djamel s'est levé. Il est allé chercher son caleçon et son pantalon. J'ai admiré son dos en trapèze, ses fessiers où les muscles se dessinaient à chaque mouvement. Il s'est rhabillé puis s'est retourné vers moi.

Il était livide.

« C'est pas toi qu'il aime, Mom', c'est moi. »

J'étais interloquée. Pourquoi me disait-il ça ? Avec cet air solennel...

« Oui, je sais, vous étiez amis ! »

Son regard est devenu dur, tranchant, méchant.

« Non... C'est pas ce que je voulais dire. Après ce qu'il ma fait ce n'est plus possible...

« Qu'est-ce qu'il t'a fait ? » Décidément, j'étais vraiment conne ! Cette conversation me semblait absurde et très angoissante.

« Il a séduit la fille que j'aimais pour se venger de moi. » Sa voix était un peu mélodramatique. Son air aussi. Ça sonnait bizarrement.

« Se venger ? De quoi ? »

Je l'ai vu prendre une grande inspiration ; il a lancé :

« Parce que je ... Je l'ai repoussé... je ne l'aimais pas... autant qu'il le désirait. »

« Qu'il désirait ? Je comprends pas, Djamel ! Tu... tu dis pas tout... tu parles par énigme... »

« Et toi tu veux pas comprendre... C'est... C'est difficile à dire et tu veux rien comprendre ! »

« Non ! C'est incompréhensible ! »

Djamel a passé ses mains sur ses yeux. Il a effacé la colère qui brillait au fond. Il a dit doucement :

Mom' pour la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant