Pour une fois, mon train arriva à l'heure et maman n'était pas sur le quai comme d'habitude. Je traversais la gare et m'apprêtais à sortir quand je la vis. Elle était au bord du parking avec un homme, enlacée. Elle se détacha et tandis qu'il la relâchait, je vis sa main se poser sur son front puis descendre tendrement vers sa joue et se détacher lentement en atteignant le menton où s'attarda un doigt caressant et languissant. Puis d'un vif mouvement, elle déposa un baiser là où son doigt venait de se détacher puis se retourna et le quitta. Un pincement me brûla le cœur. J'avais reconnu son geste, la sensation unique d'être comblée de son amour, quand enfant, elle me caressait ainsi, avant d'éteindre la lumière et de quitter ma chambre.
Elle m'aperçut, eu un court temps d'arrêt puis pris son air de reine dominante, sûre de son pouvoir. Elle vint à moi, gracieuse, dans une robe d'été qui flottait autour d'elle. Elle me fit penser à une belle frégate en partance, lâchant ses voiles vers le grand large. Une tristesse m'étreint fugacement. Elle était déjà auprès de moi et m'embrassait en me faisant ses salutations rituelles.
« C'est pas Michel, cet homme avec qui tu étais ? »
« Oui. »
C'était un peu laconique. Elle voulu prendre mon bagage.
« Non, laisse, je peux bien le tirer. Ta voiture est vers le parking ? »
« Oui. »
« T'es venu avec lui en fait ? »
« Oui. »
« On revient avec lui alors. »
« Non. »
Il y eu un silence. Nous arrivions à la voiture. Elle dit enfin :
« Nous avons convenus qu'il retournerait à son appartement pendant que tu serais là. »
« Tu veux dire que vous habitez ensemble ? »
« Oui. »
« Depuis longtemps ? »
« Ça va faire deux ans... »
« En fait, votre histoire, elle date du déménagement ? C'est là que vous vous êtes connu ? »
« Tu sais bien que c'est un collègue de travail... c'est venu petit à petit. En fait... mais si tu veux, je te raconterais ça à la maison. Monte »
Dans la voiture, je la regardais comme une inconnue que je découvrais. Elle était belle, radieuse. Elle semblait heureuse comme je ne l'avais jamais connue pendant mon enfance. Pulpeuse. Ses seins magnifiques débordaient de sa robe.
« Tu as grossie, on dirait. »
Elle rit.
« Observatrice ! »
« Comment fais tu pour être aussi belle ? »
« Merci de ce compliment, ma fille. Je ne fais rien. Je suis... souriante, épanouie, ravie... »
« T'es amoureuse ? »
« Oui ! Plus que ça même. » Et elle rit à nouveau en une longue cascade.
Nous arrivions à la maison, elle se gara sur sa place de parking.
« Sors ta valise, s'il te plaît, elle est un peu lourde pour moi. »
Arrivée dans l'appartement, j'allais déposer mes affaires dans ma chambre.
« Je prépare un thé, tu en veux ? » me lança-t-elle en s'engouffrant dans la cuisine.
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Mom' pour la vie
RomanceEléna a quinze ans quand commence son histoire. C'est la rentrée. Dans la cour du lycée, les yeux de toutes les filles sont braqués sur Mohamed, dit Mom'. Le thème du passage de l'adolescence est traité avec beaucoup de justesse. La vulnérabilité...