Les retrouvailles ne furent pas évidentes : après les lettres d'amour torrides, les S.M.S. brûlants et les petits messages laissés sur le répondeur que nous avions échangés, c'était difficile de se retrouver en face l'un de l'autre. Je le retrouvais à la sortie du lycée, comme avant. Je n'osais le regarder et croiser son regard. Je me sentais confuse et en même temps, je brûlais intérieurement. Il se penchait sur moi. Une lame me traversait qui explosait dans mon ventre en une déflagration chaude qui m'inondait. Il me touchait à peine ; ses lèvres douces, humides, chaudes, caressantes, effleuraient ma joue. C'était beaucoup et pas assez. Les marches pour me raccompagner jusqu'à la maison devinrent vite insatisfaisantes, bientôt exécrables. Avec Djamel qui s'incrustait le plus souvent ; Mouloud et Gaby qui faisaient comme nous sauf qu'eux, ils avaient un endroit où se retrouver, un frère, une sœur pour servir d'alibi, accompagner ou aller chercher. Moi j'étais seule avec ma mère. Nous ne pouvions que nous tenir par la main... et encore ! J'avais trop envie de lui, de ses bras, de ses baisers que je passais mon temps à m'imaginer dès que nous nous séparions, pour supporter qu'il me touche quand nous étions ensemble. Il croyait à de la froideur et se vexait. Je tentais de lui expliquer mais les mots ne l'atteignaient pas. Lui aussi avait maintenant besoin de me toucher et souffrait de ne pouvoir le faire. C'est comme ça que j'ai commencé à sécher mes cours de sport, puis d'histoire-géo, de maths ou de français... et Mom' pareil. Heureusement, le lycée c'est pas comme au collège, on te contrôle pas à chaque fois que tu rentres ou que tu sors... ça passait parce que j'arrivais à bidouiller mon cahier de liaison avec des excuses bidons ; j'imitais plutôt bien l'écriture de ma mère. Après, ça c'est corsé : trop c'est trop, et ça a fini par se remarquer. Mais quand l'amour vous tiens !
La première fois, nous sommes allés dans le parc au coin du lycée. Classique. Nous n'étions pas les seuls, et la compagnie des autres amoureux nous enhardis. Je lui pris la main, il la laissa dans la mienne. Nous nous assîmes sur un banc et je me blottis contre lui, m'arrangeant pour être en peu plus basse que lui et devoir lever mon visage vers lui... je n'eus pas fini de m'installer qu'il passait son bras dans mon dos et m'attirait contre lui... d'abord timidement, puis de plus en plus hardiment, voir un peu brutalement. Peu à peu on essaya quelques caresses ; il tenta d'introduire sa main sous mon pull. Mais la barrière des vêtements d'hiver était encombrante ; la main se perdait entre la chemise, le top, le soutien-gorge, et peinait à atteindre mon sein... Quand elle y parvenait, elle était si froide que je tressaillais violemment. Nous rions, un peu gênés. Il s'arrêtait alors, m'abandonnant finalement, pantelante, toujours aussi insatisfaite et nous rentrions.
J'avais vite jeté la prudence pour l'ivresse des premiers baisers et de quelques caresses timides et inachevées. C'est que nous n'avions guère d'endroit pour nous retrouver ! La rue ça va cinq minutes mais c'était l'hiver et il faisait froid quand il ne pleuvait pas...
Un banc de square, un porche, une entrée d'immeuble dont la porte était restée ouverte. Tout petit coin tranquille était bon pour se coller. Nos baisers fouillaient de plus en plus, toujours plus pénétrants, plus exigeants, plus impatients, et nos lieux de retrouvailles trop précaires. Un jour, nous avions été vraiment loin, cachés contre un escalier, dans un hall d'immeuble, chauffé ! Abrité du vent glacial, dans une pénombre complice ; Mom' avait réussi à introduire ses mains dans mon pantalon ce qui était un exploit, à l'époque ils se portaient très serrés. Enhardie, j'avais moi aussi glissé ma main dans son vêtement, découvert le caleçon, senti sont sexe se durcir à travers l'étoffe tandis que je me sentais à la fois m'inonder et brûler. Les cris d'un enfant, les roues d'une poussette apparaissant tout à coup dans mon champ de vision, interrompirent notre exploration. Nous avons déguerpi à moitié débraillés en courant et en riant, jurant contre la pauvre femme et son bébé.
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Mom' pour la vie
RomanceEléna a quinze ans quand commence son histoire. C'est la rentrée. Dans la cour du lycée, les yeux de toutes les filles sont braqués sur Mohamed, dit Mom'. Le thème du passage de l'adolescence est traité avec beaucoup de justesse. La vulnérabilité...