Seul dans le couloir, je regarde mon téléphone, fixant le numéro de l'oncle de Maggie. Je dois lui téléphoner, mais je ne sais pas comment lui dire ce qu'il s'est passé, surtout qu'à cette heure-ci, il doit s'occuper de son café. Maggie est dans un état critique, elle peut m'être enlevée à n'importe quel moment, et je suis responsable d'appeler l'homme qui l'a élevé pour lui dire qu'elle pourrait lui être enlevée, à lui aussi.
J'appuie sur le bouton d'appel.
Première sonnerie.
Deuxième sonnerie.
- "Allo ?" Fait-il.
- "Salut. C'est Adam", dis-je, mâchant mes mots.
- "Oh Adam ! Comment tu vas ? Ton concert s'est bien passé?" Reprend-t-il, content de mon appel.
- "Euh... Ecoute..."
Ma voix se casse, je renifle.
- "Que se passe-t-il, Adam ?" Demande-t-il, inquiet.
- "Maggie est à l'hôpital, Erik. Elle va pas bien..."
J'ai besoin d'un appui. Je recule jusqu'au mur, mais celui-ci ne retient pas le poids de mes jambes tremblantes et je glisse jusqu'à me retrouver assis.
- "Qu'est-ce qu'elle a ?"
- "Elle a..."
J'essaye de reprendre mon souffle, mais mes poumons en ont décidé autrement. J'étouffe.
- "Adam !" Hurle-t-il au téléphone. "Qu'est-ce qu'elle a bon Dieu ?"
Avec toutes les peines du monde, je prends une grosse respiration et enchaîne :
- "Elle a eu un accident de voiture, c'est grave. Il faut que tu viennes, immédiatement."
Pino, s'inquiétant pour moi et au courant de mon appel, fait son apparition de la salle d'attente. Voyant mon état, il me rejoint et prends mon téléphone.
- "Salut Erik ! C'est Pino !" Dit-il d'un ton détaché.
Il part ensuite avec mon téléphone plus loin dans les couloirs, me laissant seul avec ma crise d'angoisse, mais je n'ai plus de cachets.
Je les ai arrêté il y a deux ans, depuis que Maggie est venue habiter avec moi.
Au début de notre relation, je faisais les trajets entre Londres, ou le pays où j'étais à ce moment-là, et Las Vegas. Elle avait décidé d'y retourner à la fin de notre tournée européenne, retrouver Erik et l'aider dans le café. Puis, au bout d'un an, je me suis décidé à lui demander de venir habiter chez moi. Après en avoir parlé à son oncle, elle m'avait répondu, sourire aux lèvres :
- Oui. Mais à une seule condition : J'aimerai qu'on choisisse ensemble notre chez-nous.
- Pourquoi? Tu n'aimes pas où j'habite? Lui avais-je demandé.
VOUS LISEZ
Détestable (Fêlé II)
General FictionAdam s'avance sur l'énorme scène du Royal Albert. Comme à chaque fois, son apparition fait redoubler les cris perçants du public d'intensité, formant une sorte de mur du son infranchissable. L'écho de leurs voix est inlassable et résonne dans toute...