George
Je parque ma voiture dans l'allée des Nolly, sors de l'habitacle et m'avance jusqu'au parvis de la maison. Il y a de la lumière qui filtre à travers les fenêtres, traçant des carrés jaunes pâles sur la pelouse mal entretenue. Cool, au moins je sais qu'il y a quelqu'un.
Cette vieille bâtisse en briques rouges n'a pas changé depuis des années. Clairement, ça fait maison de l'horreur.
J'y habiterai clairement pas.
Après que Louise se soit sauvée du local, je suis retourné à mes rangements et c'est là que j'ai remarqué une fine chaînette en or avec un pendentif en forme de pomme. Je l'ai ramassé et supposé que c'était à elle. Du coup, j'ai trouvé une excuse "en or" pour la revoir. Et mettre mon plan machiavélique à exécution.
Donc à me la taper.
J'ai même pris une douche.
Bref, je sonne.
Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre et la lumière du hall d'entrée m'aveugle presque. Il me faut un court instant pour remarquer que le père d'Adam, Luc, se tient sur le seuil. On se regarde quelques secondes. Lui non plus n'a pas changé ; il a toujours sa mèche grise plaquée en arrière sur son front dégarni, le dos voûté, le même cardigan en losange jaune moutarde et vert criard, absolument ignoble, qu'il portait déjà quand on était adolescent.
Même si je suis content de le revoir, c'est clairement pas pour lui que je viens. J'espère que Louise est là, sinon mon nouvel essai aura échoué. Et j'aurai plus de bracelet comme excuse pour sonner à sa porte, en plus.
- George ? Qu'est-ce qui t'amènes ici ? demande-t-il, surpris.
- Salut ! Souris-je. Est-ce que Louise est là ?
- Tu l'as loupé de peu. Elle est parti faire une petite course. Tu veux entrer l'attendre ? Ajoute-t-il en s'écartant de la porte pour me laisser entrer.
- T'as une bière ?
- J'ai ça en stock.
- Alors clairement, ouais. Réponds-je en entrant.
Luc me guide jusque dans le salon et m'invite à m'asseoir dans le canapé tandis qu'il va chercher une bière dans le frigo. Je regarde autour de moi d'un air blasé. Il faudrait clairement qu'ils revoient la déco de ce taudis !
Déjà, ils pourraient virer le papier peint. Je remarque qu'il est jaunâtre par endroit. ça sent le dégât des eaux ! Et ils pourraient aussi ranger les bibelots de la mère d'Adam dans le grenier. ça fait déjà dix ans qu'elle n'est plus de ce monde, il serait peut-être temps de faire le deuil.
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Détestable (Fêlé II)
General FictionAdam s'avance sur l'énorme scène du Royal Albert. Comme à chaque fois, son apparition fait redoubler les cris perçants du public d'intensité, formant une sorte de mur du son infranchissable. L'écho de leurs voix est inlassable et résonne dans toute...