Adam s'avance sur l'énorme scène du Royal Albert. Comme à chaque fois, son apparition fait redoubler les cris perçants du public d'intensité, formant une sorte de mur du son infranchissable. L'écho de leurs voix est inlassable et résonne dans toute...
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Dans ma cuisine, cigarette à la main, je sors un bol et y mets des céréales. Ensuite, j'ouvre le frigo et en sors le lait que j'ajoute machinalement, puis range le tout avant de tirer une latte sur ma cigarette. Je regarde ce que je peux trouver à manger dans le congélateur, mais n'y trouvant pas mon bonheur, je reprends mon bol et monte les marches péniblement pour m'installer dans mon lit, où je m'affale, renversant du lait sur moi.
Merde.
J'ai vraiment trop bu hier soir.
Une odeur vient me chatouiller le nez.
Merde. Ma cigarette.
Je cherche du coin de l'œil un cendrier, et le trouve au pied du lit. J'y écrase ma cigarette et me couche à nouveau par dessus mes draps.
Mes paupières se ferment progressivement. Le calme de la pièce me fait un bien fou, mais un vibrement venant de ma table de nuit coupe ce beau moment, et la sonnerie retentit. Les yeux vers le ciel, je roule sur ma droite jusqu'à la table de nuit tout en gardant le bol bien droit et décroche.
- Salut Adam !
Pino semble plus calme que hier.
- Est-ce que tu as eu tous mes messages ? dit-il d'un ton naturel.
Je grogne sans vergogne.
- J'ai réussi à arranger la situation. J'ai réuni tout le monde. Le label est revenu sur sa décision, ajoute-t-il, jovial.
Je vois bien Pino s'exciter dans tous les sens dans son énorme bureau.
- Bon, pour la tournée qu'on a réussit à mettre sur pied, elle aura belle et bien lieu.
Après quelques secondes de silence, Pino, d'un ton grave, poursuit :
- Est-ce que tout va bien Adam ? Tu sais, si tu as besoin d'aide, il faut que tu me le dises. Est-ce que tu as l'intention de faire la tournée ? Il faut absolument que je sache, je suppose que tu vas la faire. J'espère. Si tu veux pas la faire, ce serait n'importe quoi. Si tu ne la fais pas, les agents seront furax, je me ferais incendié, tout le monde sera dans la merde, surtout après tout ce que je viens de faire pour toi ...
J'éloigne progressivement mon téléphone de mon tympan douloureux. Pino me donne bien moins mal à la tête depuis que je n'entends plus que le bourdonnement de sa voix. Je pose subtilement l'appareil sur la table de nuit pour qu'il ne se rende pas compte que je ne l'écoute plus raconter ses conneries. Sur le dos, je fixe le plafond. Ma bouche doit sûrement être ouverte, et mes yeux complètement vitreux.
J'ai vraiment la gueule de bois.
Après un moment d'hésitation, je me décide à aller prendre une douche.
Avec peine, j'enlève mes vêtements et me dirige dans la salle de bain. Une fois ma douche prise, je m'habille d'un vieux t-shirt troué noir et d'un jogging gris. Dans le salon, je branche ma guitare à l'ampli et m'assoie dans le canapé avant de jouer en boucle un son glauque et absolument pas mélodieux.
