Chapitre 27

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Le studio de la radio est placé dans un petit local en verre à côté d'une des scènes du festival, un technicien me pousse vers un gros fauteuil en cuir brun typé des vieilles années

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Le studio de la radio est placé dans un petit local en verre à côté d'une des scènes du festival, un technicien me pousse vers un gros fauteuil en cuir brun typé des vieilles années. Je m'asseoie, puis attrape l'énorme micro. L'animateur lance le sujet :

- Aujourd'hui, nous avons quelqu'un qui visite notre studio, annonce-t-il, aussitôt suivit d'un jinggle.

Puis, il reprend à la fin de la musique :

- Notre invité n'est qu'autre que Adam Nolly de UNDO.

- Hello, lancé-je d'une petite voix.

Le studio m'applaudit. Je me sens comme un animal dans un zoo.

L'animateur poursuit :

- Ouais, que tout le monde salue notre invité ! Salut Adam !

Les gens font des signes avec leurs mains, certains sourient, d'autres semblent gênés d'être filmé à travers cette maudite vitre.

- Hello tout le monde ! répété-je bêtement.

Ça me saoule déjà d'être là.

L'animateur m'énerve encore plus lorsque qu'il me souhaite à nouveau la bienvenue, du ton simplet qu'on utilise généralement pour s'adresser à nos animaux ou à un enfant en bas âge.

J'essaye de passer cette situation embarrassante en lançant :

- C'est trop cool d'être ici, il y a beaucoup de monde à ce festival.

- Effectivement, répond l'homme.

- Ça fait quand même bizarre de voir autant de monde dehors.

- Ouais, mais t'es un artiste.

- Ah merci ! rétorqué-je sur un ton sarcastique.

Comme si je le savais pas ?

- Je pensais que tu étais habitué à ça, mais c'est vrai que les gens dehors qui te regardent à travers un verre, c'est stupide.

- Tu as tout compris, ironisé-je. Pourquoi faire ça dans ce cas ?

L'homme me regarde interloqué, puis continue comme s'il ne m'avait pas entendu :

- On te voit avec Undo sur la scène à vingt-et-une heure tapante, n'est-ce pas ?

- Je crois que c'est ça, ouais.

Ah bon ? S'il le dit.

- On se réjouie déjà du moment que nous allons passer en votre compagnie !

- Ah, ouais, moi aussi je me réjouis !

- A quels titres on doit s'attendre sur scène ? Est-ce que vous allez reprendre quelques chansons de Sombre But, que les fans ont particulièrement appréciés ?

Je réfléchis quelques secondes.

- Naturellement.

J'en ai foutrement aucune idée. probablement, oui.

- Et est-ce que votre prochaine album avance bien ? continue le présentateur.

- Il n'y a pas d'album.

Il a l'air interloqué par ma réponse.

- Pourtant, George a mentionné la préparation d'un nouvel album qui doit paraître prochainement...

- Si George le dit, c'est que ça doit être vrai, ris-je.

- Visiblement la communication est pas au beau fixe entre vous.

- Peut-être, il s'est lancé en solo dans des percussions, au quel cas, je n'y participe pas.

Derrière la vitre, la foule éclate de rire.

George ne va pas être content.

- Et bien, nous nous réjouissons d'en apprendre plus. Mais pour le moment, c'est vos amis d'Uncle Villa qui se produiront sur la petite scène dans quelques minutes.

Je laisse échapper un petit rire, mais me reprend aussitôt. Heureusement, le présentateur n'a rien entendu.

- A très bientôt, Adam !

- Ouais, salut.

Sur un jinggle, je quitte la salle sous les applaudissements des festivaliers à l'extérieur, puis rejoins les backstages de la scène.

C'était vraiment un abruti.

Les bras croisés, je me poste vers la console de sons. Le temps que je quitte le studio, Uncle Vila a déjà commencé. Heather reste statique, ne sachant pas ou placer ses mains, jusqu'au refrain où elle gratte sa guitare frénétiquement. Sa mini jupe remonte selon les mouvements qu'elle fait. Du haut de ses creepers de dix centimètres, je dois avouer qu'elle cartonne.

Puis, Heather me remarque. Quel merde. Et ce moment est arrivé. La fin de la chanson. Je me retourne et compte m'en aller, mais le guitariste m'appelle en me rejoignant.

- Prends une guitare et viens sur le premier refrain !

- Oh, non, merci, refusé-je poliment l'invitation.

- C'est une obligation, pas une demande. Le label veut ça, insiste-il en repartant sur scène.

Ayant entendu notre courte conversation, un roadie me tend une guitare déjà prête. Heather a commencé la chanson, je m'avance sans aucune envie sur la scène. La foule, qui est majoritairement des fans de Undo, hurlent. Heather se retourne, un sourire faux se glisse sur son visage défoncé.

Je m'approche d'elle et du micro trépied qu'elle utilise. Nous chantons ensemble le refrain, nos têtes collés l'une a l'autre, jouant les mêmes notes, puis je lance mon médiator dans la foule et continue mes accords aux doigts. Je fais bien attention à utiliser ceux de base qui ne ruinent pas leur ligne. Durant toute la chanson, je m'amuse à lancer toutes sortes de regards aux filles du premier rang. A la fin, je donne la guitare au roadie, m'approche du bord de la scène et tends ma main, la paume vers le haut. Je grimace puis cherche rapidement un micro.

- Les gens, il commence à pleuvoir, informé-je. J'espère qu'on aura pas ce temps à notre concert.

La foule rie et crie mon nom. Je me retourne face à Heather, et crache :

- Ta permanente déjà ratée n'ira pas en s'améliorant avec ce temps.

Le micro se fracasse par terre.

Je rejoins ensuite l'arrière-scène en faisant un clin d'œil à la brune. Sous les huées de mes fans, le visage de Heather devient cadavérique, tandis qu'un sourire m'arrive jusqu'aux oreilles.

Je suis fier de moi.
Le label le sera moins.

Le label le sera moins

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Détestable (Fêlé II)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant