George
Je m'ennuie. Clairement, je m'ennuie.
Installé sur le canapé en similicuir du local, j'arrache les petits bouts de texture qui s'effritent sur les accoudoirs. Je réfléchis à ma vengeance contre Adam. Il a rayé ma voiture. Une énorme balafre intentionnelle.
C'est clairement pas cool.
En face de moi, ma nouvelle batterie. Déjà montée. Elle est arrivé tôt ce matin, j'étais bien content.
De couleur blanche, elle ira parfaitement bien avec les lumières que nous avons prévu pour nos shows. Un mélange de rose, de rouge et de violet éclairera la scène et le public. C'est une idée de Adam, qui voulait quelque chose de cosy. J'étais pas pour au début, je trouvais ça trop girly, mais quand Adam a une idée en tête, le reste du groupe, souvent, abdique.
Clairement toujours, en fait.
Je regarde mon ancienne batterie que j'ai placé à la va vite dans le coin du matos oublié. Au fil du temps (et par flemme de les revendre ou de les donner à une vente aux enchères), nous avons décidé de placer tout ce qu'on a un jour aimé ( et qu'on aime clairement encore même si ces objets sont inutiles) dans ce coin.
Il y a un ancien clavier, quelques guitares sans cordes de Adam. Quelques basses qui appartiennent à Ross, ma vieille batterie et sa nouvelle amie.
Notre local est devenu un musée-dépotoir. Je me lève et regarde par terre ; on peut y trouver les trentaines de pédales de sons de Adam, Gavin et Ross, des médiateurs de toute les couleurs et de toutes les marques, du scotch double-face, des « cases » où l'on range Pedalboards et instruments pour voyager, du velcro, des canettes et des bouteilles de bières ou de vin rouge, des câbles, beaucoup de câbles, des cartons écrasés, mes baguettes de batteries que j'avais perdu.
- Merde. Je les ai enfin retrouvé, lancé-je heureux.
Je les dépose sur le canapé et me mets à enrouler les câbles qui relient les huit amplis du local. Tous sont opérationnels et relié à leur tête. Puis, je m'occupe des déchets. Armé d'un sac poubelle, j'entasse le tout à l'intérieur en jurant.
Merde. On est clairement crades.
Soudain, la porte s'ouvre. Une petite brune au cheveux frisés entre. Je reconnais de suite Louise.
- Euh... Salut, sors-t-elle, visiblement perdue.
- Salut.
Je tire en arrière mes cheveux blond pour les plaquer à nouveau sur mon crâne. J'ajoute, curieux :
- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu cherches quelqu'un ou quelque chose ?
Louise enroule une mèche autour de son majeur, nerveuse.
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Détestable (Fêlé II)
General FictionAdam s'avance sur l'énorme scène du Royal Albert. Comme à chaque fois, son apparition fait redoubler les cris perçants du public d'intensité, formant une sorte de mur du son infranchissable. L'écho de leurs voix est inlassable et résonne dans toute...