Bouteille de Whisky en main, je fais les cents pas chez nous. Ou plutôt : Chez moi.
Notre salon est assez grand mais paraît extrêmement petit entre nos deux métiers d'artistes. A l'entrée, à droite, le canapé en cuir de ma grand-maman que Maggie m'a laissé emporté avec nous. En face de celui-ci, un grand et vieux miroir mural trône au dessus d'une vieille commode qui vient aussi de ma grand-mère, ou se trouve pinceaux et peintures à l'aquarelle de Maggie. Au mur, au dessus du canapé, une grande oeuvre que Erik nous avait envoyé lors de notre emménagement, d'autres sont posés ici et là dans la pièce, surtout des tableaux que Maggie a réalisé. Par terre, un tapis victorien, usé par le temps. Maggie avait flashé dessus lors d'une brocante. Au dessus, une table en verre où s'entasse bouteilles vides et cendrier rempli de mégots. A gauche, quelques plantes pendantes, un vieux tourne-disque ainsi que tout mon matériel de musique : Des guitares, des amplis, un système d'enregistrement, des câbles, beaucoup de câbles, mon ordinateur portable branché au système midi .
Je finis par m'avachir dans le canapé, sifflant ma bouteille comme de l'eau, goulot aux lèvres, l'alcool ne brûle même plus ma trachée.
Les ténèbres.
Voilà mon dernier arrêt en date. Le terminus, je suppose ? Enfin ... on ne touche jamais vraiment le fonds.
Mes démons ? A porté de main. Ils s'amusent avec moi. Il s'accrochent à moi, heureux de m'avoir retrouvé après trois longues années.
Malgré tout, ce concert m'a fait du bien, j'étais heureux de partager ce moment avec mes amis, et je suis soulagé qu'ils m'aient pardonné de mes erreurs, de les avoir laissé, abandonnés ces derniers mois.
Soudain, la sonnette retentit. Je me lève avec peine, l'alcool me montant déjà à la tête. J'approche, bouteille toujours en main. Qui pourrait me déranger à cette heure aussi tardive ? Pino. Il peut pas me foutre la paix, juste quelques heures.
J'ouvre la porte tout en lançant :
- Pino, il est une heure et demi du matin, fous-moi la paix.
En relevant la tête, je remarque Heather. Dans ses mains, un petit sachet rempli d'herbes légèrement violacés.
- T'as des feuilles ? Me demande-t-elle.
- Euh... Désolé, c'est George qui fume.
Toujours dans mon optique d'être seul, je soupire et referme la porte. Mais elle la bloque, je lève les yeux au ciel:
- Quoi, Heather ? Je ne fume pas, je n'ai pas de feuilles, putain.
- Hum... Dans ce cas, heureusement que j'en ai prévu, il faut se détendre. Sinon, j'ai de la cock, si tu préfères.
- Je ...
Elle me bouscule et entre. Elle se dirige directement dans le salon.
- Je ne te voyais pas si bordélique.
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Détestable (Fêlé II)
General FictionAdam s'avance sur l'énorme scène du Royal Albert. Comme à chaque fois, son apparition fait redoubler les cris perçants du public d'intensité, formant une sorte de mur du son infranchissable. L'écho de leurs voix est inlassable et résonne dans toute...