Adja n'eut pas à attendre le lendemain avec effroi car sa nuit fut trop agitée pour faire semblant de dormir. Plus les minutes passaient, plus Sylvana ressemblait à un ectoplasme sans identité. Ses traits s'effaçaient, sa main n'était plus qu'une masse informe dans la sienne. Adja attendit des heures sans bouger, inquiète que la jeune femme ne redevienne plus jamais comme avant. Et si c'était irréversible ? Pour ne pas passer le reste de la nuit à angoisser, Adja discuta à sens unique avec Sylvana.
« J'ai très bien compris que ton père t'a assassinée avec l'aide de son frère et de sa sœur. Je n'arrive pas à m'expliquer une décision aussi horrible, par contre... Quelle que soit la raison pour laquelle ils te croyaient possédée, je n'y accorde aucune valeur et je veux que tu le saches. Je te fais confiance, comme toujours... Je pensais avoir tort et te croire aveuglément, mais aujourd'hui je m'en moque. Tu n'as rien fait de mal, Sylvana, et je le prouverai. »
Quelques heures supplémentaires passèrent. Adja était étonnée de vivre en continu, sans ressentir de faim ni de sommeil. Elle se demandait comment Sylvana avait pu rester seule sans devenir folle à lier, car elle-même s'ennuyait déjà. Sans conversation, sans rien à visiter, elle ne voyait pas l'intérêt de rester ici. Adja sentit la main de son amie reprendre forme dans la sienne.
« Sylvana, est-ce que tu es en train de revenir ? s'enquit-elle en regardant ses yeux vides. J'aimerais bien que tu te réveilles...
— A... »
Adja se pencha sur son visage qui retrouvait lentement son apparence. En un clin d'œil, Sylvana sembla parfaitement présente et prête à continuer sa journée. Elle lui sourit et murmura :
« Adja... Désolée, j'ai eu une absence, mais tu sais pourquoi.
— Est-ce que tu m'entendais, quand je te parlais ?
— Assez mal, uniquement sur la fin, mais j'ai compris le principal. Merci de me faire confiance. »
Adja sourit et lui lâcha la main pour sortir du lit et marcher un peu, mais Sylvana l'attrapa par le bras pour la forcer à rester auprès d'elle.
« C'est plus confortable, lui chuchota-t-elle à l'oreille. Il n'y a rien à faire, dehors.
— Mais il faudr–
— On lui parlera plus tard, répliqua Sylvana, qui avait bien saisi qu'elle voulait discuter avec Alphonse Dormeaux. En attendant, profite un peu de ta nouvelle vie. »
À ces mots, Adja se sentit aussi mal que lorsqu'elle avait pris conscience qu'elle avait quitté le monde des vivants. Elle pleura sans larmes, le corps secoué de frissons.
« Mes parents... ma grand-mère..., sanglota-t-elle.
— Shhhh, la réconforta maladroitement Sylvana, viens ici. »
Elle la serra contre ce qui avait été son cœur, et qui aurait dû être sa robe.
« Sylvana..., marmonna Adja, toujours triste mais légèrement amusée.
— Qu'est-ce qu'il y a ? dit-elle d'un ton ironique.
— Tu n'as vraiment pas l'intention de t'habiller ?
— Je ne suis pas assez en forme pour me faire des vêtements.
— Menteuse. »
Sylvana lui adressa un sourire narquois.
« Eh bien, sache que c'est toi qui nous fais tenir sur ce lit. Si tu n'avais pas envie que nous soyons bien installées, nous passerions toutes les deux à travers le matelas. Tu es la seule personne en charge ici, alors n'hésite pas à m'inventer des vêtements si ça te manque tant ! »
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« Dors. »
ParanormalAdja est une chasseuse de fantômes... mais ses vues et commentaires sont dus à son excellent montage dynamique, pas à ses talents de chasseuse. Adja n'a en effet jamais immortalisé de phénomènes paranormaux et n'hésite pas à extrapoler le moindre br...