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Adja récapitula ce qu'ils devaient faire dans la maison.

« On va fouiller la chambre de Georges Dormeaux et celle de son frère Jules, et puis il faudra s'intéresser à celle de Sylvana pour l'armoire. Est-ce qu'on ne pourrait pas acheter un crochet un peu épais pour se débarrasser des cadenas sans avoir besoin de son aide, d'ailleurs ? Sinon, on va être obligés d'attendre trois jours pour ouvrir les trois armoires...

— Je pense qu'un marteau suffirait, j'ai vu ça sur internet.

— C'est totalement illégal !

— On parle d'ouvrir un cadenas dans une maison abandonnée, Adja !

— Non mais je te parle de tes recherches sur internet... Pourquoi est-ce que tu voulais savoir comment ouvrir un cadenas sans la clé, à la base ?

— Tu ne rigoleras pas, si je te le dis ? »

Adja était légèrement inquiète. J'espère que ce n'est pas quelque chose de louche...

« Non, je ne me moquerai pas.

— Je voulais commencer une chaîne de chasseur de fantômes pour prouver que rien n'était vrai, et j'avais besoin d'entrer dans des lieux abandonnés et fermés.

— Sérieusement ? s'étonna Adja, amusée. Et tu ne l'as jamais fait, au final ?

— Non, je suis tombé sur des types en train de se piquer... Je suis parti en courant et je n'ai plus jamais essayé d'aller où que ce soit. Je ne serais jamais venu ici si tu n'avais pas déjà prouvé que la maison était vide ! »

Adja imaginait très bien Léon s'infiltrer dans un bâtiment délabré et tomber sur des drogués avant de s'enfuir comme s'il n'avait rien vu. Pourtant, il y a largement plus grave que ça. Ils sont plus à plaindre que lui. Sa plus grande peur ne s'était heureusement jamais concrétisée, mais la vie lui avait réservé des surprises.

« Aujourd'hui, ton seul risque est d'être maudit pour toujours. C'est quand même moins grave que de parler à un héroïnomane, pas vrai ?

— C'est affreux...

— Je te taquine, Alphonse Dormeaux n'a pas le pouvoir de te faire du mal. Il peut te lancer des objets à la figure, au pire, mais pas assez fort pour te tuer.

— Est-ce que tu en es sûre à cent pour cent ? »

Adja haussa les épaules et répondit :

« Non, évidemment. Mais on va éviter de prendre le risque de l'énerver.

— Il faudrait qu'on parle de nos théories sur la disparition de cette famille. Je pense que c'est Elisa qui a tué tout le monde, personnellement.

— Et pas Sylvana ? s'étonna Adja. Je croyais que tu la soupçonnais de tout ce qui existe de mauvais sur cette planète.

— Eh, pas de sarcasme avec moi ! la réprimanda-t-il.

— Je pense qu'il faut bien se rappeler que les seuls esprits de la maison sont Alphonse et Sylvana, pas Elisa ni les autres. »

Léon resta songeur quelques secondes avant de demander :

« Est-ce qu'il y a une liste de raisons pour lesquelles une personne décédée reste sur place sous forme de fantôme ?

— Ce n'est pas une science exacte, mais je dirais que quelqu'un qui ne comprend pas ce qui l'a conduit à la mort ne trouvera pas la paix.

— Donc Alphonse Dormeaux et Sylvana ne savent pas pourquoi ils sont morts ? C'est bizarre, quand même. S'ils sont restés plantés dans leur maison à regarder la vie continuer autour d'eux, ils ont bien dû entendre les autres en parler.

« Dors. »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant