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« Ma mère a deviné de quelle maladie il s'agissait, même si elle n'existe quasiment plus en France. J'ai fait quelques petites recherches sur internet avant de revenir et... »

Léon vérifia que sa caméra était bien allumée. Heureusement, il ne perd pas le Nord... J'avais totalement oublié que j'avais une chaîne de chasseuse de fantômes !

« Il y a eu une épidémie en 1884 à Toulon, et c'est ce qui vous a infectés.

— Il m'énerve, siffla Sylvana en s'impatientant. Allez, quelle maladie était-ce ?

— Le choléra. »

Devant le silence mortel qui accueillit son annonce, Léon se sentit sans doute obligé de développer son propos.

« Le choléra est arrivé à Toulon par bateau de Saïgon, et il est ensuite allé vers Marseille où l'épidémie a été terrible. Vous l'avez sans doute attrapé en côtoyant quelqu'un de la ville.

— Le livreur de lettres, marmonna Sylvana. Vous souhaitiez me marier avec un jeune homme qui est certainement décédé quelques jours avant vous, Grand-Père...

— Quelle catastrophe ! s'exclama Alphonse. Mais il s'agissait vraisemblablement d'une maladie, rien de plus. Pas de malédiction...

— Pas de malédiction, confirma Léon. Du coup... Est-ce que vous allez trouver la paix, maintenant ?

— Tu es pressé ? s'énerva Sylvana. Tu veux rester avec Adja ?

— Arrête, Sylvana, soupira Léon. Je veux juste appeler la police et les prévenir de sa mort, c'est tout. Ça a assez duré, j'ai passé la pire nuit de ma vie et son corps ne mérite pas de rester ici à pourrir. C'est plus clair ? »

Sylvana haussa les épaules, mais Adja était certaine qu'elle était d'accord avec lui. Trop fière pour le lui dire, par contre.

« Merci, Léon, lui dit Adja pour le réconforter. Est-ce que je peux te demander un dernier service ?

— Vas-y...

— Si mes parents et ma grand-mère l'acceptent, viens me chercher avec la planche de ouija et amène-moi jusqu'à eux pour que je leur parle via la spirit box. »

Léon acquiesça.

« Et qu'est-ce que je fais, pour la chaîne ?

— Annonce ma mort après avoir parlé à la police. Comme prévu.

— Je n'allais pas le faire avant, se moqua Léon avec un rire nerveux.

— Poste ce que tu veux, ça n'a plus d'importance. Et ne reste pas des mois à discuter avec mes abonnés ! Oublie-moi, oublie tout ça et continue tes études. »

Léon leva les yeux au hasard, ne sachant pas où elle se trouvait, et renifla.

« D'accord, je ferai attention.

— Ne te laisse pas submerger, d'accord ? C'est comme ça, tu n'y peux rien et... »

Adja hésita avant d'achever sa phrase.

« ... je suis plus ou moins heureuse, là où je suis. »

Léon rit doucement et boutonna son manteau pour ressortir dans le froid.

« Si j'avais su que ton délire malsain serait réalisable un jour...

— Malsain, malsain..., bouda Adja.

— Ouais, carrément malsain ! Mais bon, maintenant que vous êtes au même endroit... »

Il toucha du doigt le bouton d'arrêt de la spirit box.

« Dors. »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant