Adja fit son deuil en passant une heure sur les lieux de sa dernière demeure. Elle tourna autour du lit, s'imagina en toucher les couvertures, se revit allongée dans le calme de la mort, puis passa maladroitement à travers la porte restée fermée. De l'autre côté, Sylvana l'attendait avec une expression fermée.
« C'est bon. » murmura Adja.
Sylvana acquiesça en silence et descendit lentement les escaliers pour s'installer dans le salon. Pour une fois, c'est elle qui choisit où elle veut aller. Depuis la veille, Sylvana ne la suivait plus sans lui laisser la moindre seconde de vie privée.
« Est-ce que tu veux manger pour de faux ? lui proposa-t-elle lorsqu'elle la rejoignit à table.
— Euh... oui, ce serait sympa ! » répondit Adja, faute de mieux.
Que dire dans une situation pareille ? Maintenant que tout était réglé, elle ne savait plus comment discuter avec Sylvana. Elles devaient se créer un quotidien et finir par en parler de manière naturelle, comme si de rien n'était. Et rien n'est, techniquement. Enfin, je me fais mal au crâne toute seule... Sylvana, en parfaite maîtresse de maison, apporta un grand plat fumant qui disparut instantanément quand elle entendit une voiture se garer devant la maison.
Non, oh non... Adja ne contrôla pas le pincement qu'elle ressentit au cœur et courut vers la porte, les jambes en coton. Quelques secondes plus tard, elle se retrouva face à ses deux parents et à sa grand-mère, suivis de Léon.
« J'espère que tu ne te moques pas de nous, dit la mère d'Adja, la voix brisée et les yeux vides.
— Je n'y croyais pas moi-même avant d'essayer. C'est ce que faisait Adja tous les jours, elle obtenait des résultats incroyables...
— Est-ce que ça va nous tuer, nous aussi ? demanda son père qui titubait presque sur place, blanc comme un linge.
— C'est la nature qui a tué Adja. » chuchota Léon, si bas qu'Adja se demanda si sa famille l'avait entendu.
Elle vit sa grand-mère hocher la tête. Je n'aurais pas bien pris sa remarque, personnellement... C'est bien que ça ne les choque pas. Sylvana regardait avec intensité le sol, comme si elle cherchait à le faire brûler. Léon sortit la spirit box de son sac-à-dos et Adja croisa les bras pour se rassembler et se donner des forces. C'est maintenant.
« Cet appareil va émettre des sons provenant de l'au-delà, expliqua Léon.
— Et Adja pourra nous parler, c'est bien cela ?
— Absolument. »
Ses parents semblaient incrédules mais désespérés. Ils n'ont plus que cet espoir-là. Adja se concentra pour ne pas rater son entrée en scène. Si je n'arrive pas à parler dans la spirit box, ce sera un désastre absolu pour la santé mentale de Léon... Le chuintement désagréable de l'appareil emplit le silence de la pièce.
« Adja, est-ce que tu es là ? Je pense que tu es là et que tu nous entends, déclara Léon, le regard absent tant il était fatigué.
— Oui, s'exclama-t-elle. Je suis là, je suis ici, est-ce que vous m'entendez ? »
Elle s'efforça de parler plus lentement, mais l'adrénaline était bien trop forte.
« Tu as crié, murmura Sylvana. Recommence, ce n'était pas la bonne fréquence, utilise une voix plus grave.
— Oh... Est-ce que vous m'entendez ? » répéta Adja.
Sa mère sursauta et porta ses mains à son cœur. Non, ne meurs pas, ne meurs pas comme moi ! Adja paniqua et recula précipitamment, ses jambes voulant fuir la scène tandis que son cerveau voulait parler jusqu'à l'épuisement. Sylvana la saisit par le poignet et la força à la regarder dans les yeux.

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« Dors. »
ParanormalAdja est une chasseuse de fantômes... mais ses vues et commentaires sont dus à son excellent montage dynamique, pas à ses talents de chasseuse. Adja n'a en effet jamais immortalisé de phénomènes paranormaux et n'hésite pas à extrapoler le moindre br...