Sylvana s'assit aux côtés d'Adja et ferma les yeux pour mieux se concentrer sur son récit.
« J'avais dix-huit ans. Tu peux considérer cela comme l'année dernière en termes de... de mon décès. Ce que je vais te raconter s'est déroulé bien avant que mon grand-père ne tombe malade. J'étais allée à Toulon pour le mariage d'une amie d'enfance. Elle s'appelait Lucie, Lucie Tressande. Elle était aussi jeune que moi, dix-huit ans, mais elle avait trouvé un beau mari à épouser. Je ne le trouvais pas spécialement magnifique, il n'était pas mon genre... »
Littéralement, songea Adja avec amusement.
« J'étais venue m'occuper de quelques travaux d'aiguille, en particulier son châle en dentelle. Il était très finement conçu, je vais te montrer... »
Sylvana fit apparaître sur les épaules d'Adja le vêtement tel qu'il devait l'être à l'époque. Elle l'approcha de ses yeux pour mieux en voir chaque détail.
« C'est très beau, c'est vraiment toi qui l'as fait ?
— Bien sûr, tout comme ma robe. Mais ce n'est pas le sujet ! se reprit-elle. J'étais donc dans la chambre de Lucie, dans l'appartement de ses parents. Elle devait y vivre jusqu'à son mariage, cela ne se faisait pas d'habiter chez son fiancé. Elle m'a dit qu'elle avait peur, que rien ne serait plus comme avant et qu'elle était terrifiée de me perdre en partant pour la capitale. Et puis, elle m'a dit... »
Sylvana se redressa sur les genoux, dépassant Adja d'une bonne tête.
« Elle m'a dit... Sylvana, si tu savais quels sentiments j'ai pour toi depuis toutes ces années ! Je n'ai jamais cessé de te voir dans mes rêves, mais ce n'est pas naturel... »
Adja était partagée entre la curiosité et la colère. Je vais devoir l'écouter me raconter son aventure avec quelqu'un d'autre en détail ? Elle savait qu'elle s'apprêtait à entendre une histoire légèrement torride, mais la réalité était bien plus irritante que prévu. Elle n'a encore rien dit que ça m'énerve déjà !
« Alors, je lui ai répondu... Non, Lucie, il ne faut pas t'en vouloir, ces choses-là arrivent et il ne faut pas les combattre ! Demain, tu te marieras, mais tu garderas mon souvenir comme un éclat de pureté dans ta vie. Tu seras amoureuse de ton mari, et à chaque veille de Noël tu penseras à moi quelques instants. Lucie n'était pas satisfaite de ma réponse, alors j'ai voulu lui montrer ce que j'entendais par éclat de pureté. »
Sylvana s'approcha lentement de son visage, et Adja ferma les yeux. Elle va m'embrasser... elle va m'embrasser ! Elle attendait avec impatience de toucher les lèvres de Sylvana, même si imaginer cette pimbêche de Lucie Tressande à sa place lui donnait envie de crier de rage.
« Et là, voilà ce que j'ai fait. » poursuivit Sylvana avant de l'embrasser dans le cou, ce à quoi elle ne s'attendait pas.
Adja dut retenir un cri de surprise. Elle plaqua maladroitement sa main sur sa bouche pour ne pas émettre le moindre son, tétanisée. Jamais personne ne l'avait embrassée dans le cou, et encore moins quelqu'un qu'elle désirait de plus en plus. Elle sentait les lèvres de Sylvana descendre de plus en plus bas, vers son épaule.
« Je... Je crois que j'ai compris..., s'étouffa Adja, mais sans oser la repousser.
— À ce moment-là, continua Sylvana en parlant contre son épaule, Lucie s'est violemment débattue et m'a demandée de partir sur-le-champ. Ce que j'ai fait, ajouta-t-elle en s'éloignant d'Adja.
— Ah... Oui, en même temps, c'est logique, souffla cette dernière en respirant avec difficulté. Et... c'est tout, du coup ? C'est la fin de l'histoire ?

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« Dors. »
ParanormaleAdja est une chasseuse de fantômes... mais ses vues et commentaires sont dus à son excellent montage dynamique, pas à ses talents de chasseuse. Adja n'a en effet jamais immortalisé de phénomènes paranormaux et n'hésite pas à extrapoler le moindre br...