IX.

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Chapitre 9

Asma me regarde avec ses grand yeux bruns attendant une réponse de ma part. Moi, comme a mon habitude, je reste silencieuse, complètement perdu dans son regard. 

Par où dois-je commencer ? Je ne le sais pas. Là, je suis la définition du verbe "se perdre".

- Ma fille, je t'ecoute...

Je baisse mon regard avant de commencer mon discours. J'espere qu'elle ne m'arretera pas sinon je risquerai de me planter. 

- Si l'on m'avait dit que je viendrai dans cet endroit un jour, je n'y croirai pas une seule seconde. Le seul endroit que je connais aujourd'hui, c'est l'école. Depuis toute petite, je n'ai jamais manqué de rien, je vivais avec ma mère et j'allais a l'école comme tout le monde. Je mangeais a ma faim, je buvais a ma soif... 

Ma voix se cassa. Merde, c'est pas le moment de pleurer.

Je sens son regard sur moi, ce que je suis entrain de dire a l'air de beaucoup l'intéresser, donc je continue, luttant avec mon cœur pour ne pas verser de larme. 

- Mais j'ai toujours senti qu'il manquait quelque chose a ma vie et ma mère me disait toujours que si je continuais de bien travailler à l'ecole, je changerai ma vie ainsi que la sienne. Aujourd'hui j'ai dix neuf ans, je travaille toujours aussi bien et rien n'a changé dans ma vie. Plus les jours passent et plus la vie devient de plus en plus difficile pour ma mere et moi. Nous ne mangeons plus a notre faim, nous n'avons plus assez d'argent pour payer la location... cela n'est rien pour moi car il y a des gens qui sont surement plus pauvre que nous. Je peux tout perde aujourd'hui, ce qui est deja le cas il me semble, mais je ne voudrai pas perdre ma mere. Je n'ai qu'elle, depuis ma naissance je n'ai vu qu'elle. Pas de frére, ni de soeur. Un pere, n'en parlons meme pas car je n'ai jamais voulu en entendre parler. L'unique chose que je sais sur lui c'est qu'il est en vie et cela me suffit pour savoir qu'il est un lâche. Bref, si je suis là aujourd'hui, c'est pour reprendre le travail de ma mere pour ramener de l'argent à la maison. J'en ai marre de la voir dans cet etat.

Ma voix se cassa une fois de plus. Cette fois ci, je pleure.

- Je suis fatigué de l'entendre crier de douleur...

Je souleve ma tete vers Asma, qui a le visage trempé de larme tout comme moi. Elle se leva et me prit dans ses bras. Je me sentis comme protégée.

Elle se detacha de moi quelque minutes aprés puis avec son voile, elle essuya mes larmes. 

- Tu sais, dit-elle. Ta mere est une trés grande amie à moi. On s'est connu juste prés ta naissance. Cela fait dix neuf ans qu'elle travail pour moi, en ce temps j'habitait avec ma soeur. Ta mere etait l'une de nos servantes les mieux payées, de par sa gentillesse, sa confiance, son intelligence. Quand elle venait travailler, elle t'amenait a la crèche avec le fils de ma sœur.

Elle me sourit avant de poursuivre.

-Tu vois que je te connais trés bien, tu es ma fille. Je suis prête a t'aider mais vois tu, je ne voudrai pas que tu arrête d'aller en cours pour travailler. Tu a l'avenir devant toi, tu dois continuer d'aller en cours. Demain Incha'Allah je viendrai chez toi voir ta mere, et je reglerai tout vos problemes financiers de la plus grande a la plus petite.

- Non, ce n'est pas ce que je veux. J'insiste pour travailler ici et je vous promet de ne pas rater mes cours. Si je suis là ce n'est pas pour que vous me donnier de l'argent. Je vous en prit, acceptez...

- Mais Fatima..

- S'il vous plait, Asma... Si je devais dependre de quelqu'un, je crois que Dah est deja bien placé, me comprenez vous ?

Elle resta silencieuse pendant un moment puis finit par parler.

- D'accord, comme tu voudra. Tu ressemble a ta mère toi là, me dit-elle en me pinçant les joues.

Je souris puis elle se leva.

- Aller viens, je vais te montrer ce que ta mere faisait et je t'ecrirai ton emploie du temps. Tu veux commencer quand ?

- Le plus vite possible, demain meme !

J'etais déterminé. J'ai enfin ce que je veux.

- D'accord, viens. 

Nous sortîmes du salon en direction d'une autre piece. Je ne faisais que la suivre par risque de me perdre dans ce chateau.  

Je la suivis jusque dans le premier etage. Asma  s'arrêta devant une porte et l'ouvrit tout doucement. Cette femme est d'une douceur angélique ...

Elle entre, je la suit puis là, je reste bouche bai. Soubhan'Allah !

J'espère que ceci n'est pas une chambre parce que là c'est abusé. Mais qu'est ce que-

- Voici la chambre de mon beau fils, dit-elle. C'est le fils unique de mon mari.

Je me mis a marcher tout au long de la chambre, observant chaque petite chose, ebloui par cet endroit. Un grand lit où on pourrait dormir ma mère, les voisin et moi;  un grand salon s'ouvre quand on marche un peu plus loin. 

- Vous etes sure que c'est la chambre de votre beau fils ? Demandé-je

Elle se mit a rire.

- On pourrait dire que c'est sa maison, c'est ici qu'il fait tout.

Je continué ma promenade jusqu'au petit salon. Il y avait une grande télé accroché au mur avec des jeux vidéos éparpillés partout, un grand canapé sur lequel est déposé des vêtements, des chaussettes sales, des stylos... Dites donc, il est désordonné ce mec.

Je continue de marcher jusqu'à une porte que j'ouvre discrètement sous le regard de Asma qui est resté debout prés de la porte d'entré attendant que je termine ma visite. C'est la salle de bain. Elle est grande, trés grande. Une baignoire,un grand miroir, de jolis meubles... bref, le luxe.

Je me tourne vers Asma qui semble etre très loin pour moi.

- C'est une trés jolie chambre ! dis-je.

-Merci, c'est moi qui ai choisi la peinture et les meubles.

Elle marcha jusqu'à ma hauteur puis prit ma main.

- Je ne voudrai pas que tu travaille tu sais. Mais comme tu insiste a faire quelque chose pour gagner de l'argent, tu te chargera de la chambre de mon beau fils. Toutes les autres taches ont déjà été prises et puis tu es étudiante, tu dois te rendre tout les jours a l'Université donc tu viendra qu'a des moments ou tu es libre et ne t'inquiète pas pour l'argent, tu sera suffisamment payé pour que ta mère et toi subveniez a vos besoin. 

- Merci, c'est gentil, c'est vraiment gentil, je ne sais pas quoi dire...

- Ne dis rien, dit-elle le sourire tout grand.

- Je pourrai venir tout les matins car les soirs je dois réviser.

- C'est comme tu voudra, j'en parlerai aux gardiens pour qu'ils te laissent entrer. Mais tu sais que Dah ne peut pas t'amener ici tout les jours et puis-

- Ne vous inquiétez pas pour ca, je me débrouillerai.

- Tu es sure ?Je peux te donner de l'argent pour le transport tu sais.

-Non merci, vous avez déjà beaucoup fait jusque là. Ne vous  inquiétez pas. 

- D'accord.

Elle sortit de la chambre puis je la suivit. 



Fatimata & Ely Cheikh, Le rêve mauritanien.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant