Chapitre 10: La mort (Réécrit)

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En une fraction de seconde nous nous retrouvons dans la forêt et j'aperçois à cent mètres le château de Vlapar. Je suis à genoux dans l'herbe humide en essayant de me remémorer ce qu'il vient de se passer. Solal.... est mort.... Je le sais... Tout d'un coup des larmes coulent sans que je puisse les arrêter. Pourquoi chaque personne que je vois plus de dix minutes meurt ?! Mes larmes s'écrasent sur mon pantalon et mes cheveux recouvrent mon visage baissé. Pourquoi moi ? Pourquoi eux ? Ils n'ont rien demandé ! Mme Thomson s'accroupit près de moi et pose sa main sur mon épaule.

-Il nous a sauver et permis de partir.

Je relève les yeux et voit pour la première fois de la tristesse sur son visage. Rien de tout ça n'était prévu. Subitement je me rappelle du pendentif que m'a donné Solal et touche mon cou, il est toujours là. Je remarque que la directrice a eu la même pensé que moi et hoche la tête sans dire un mot. Elle est potentiellement sur écoute alors elle ne se risque pas à parler. Des flashs reviennent dans ma mémoire. Tout ce sang, ses yeux vide, la peur sur le visage de son père... Un énorme frisson parcourt tout mon corps, s'en ai trop. Il faut que je me calme mais comment faire alors qu'il vient de mourir sous mes yeux ?!

-On doit y retourner !

-Il est trop tard et il savait ce qu'il faisait.

-Non ! On doit le sauver !

-Tu te doute bien qu'il est déjà pris en charge.

Je me rends compte de l'absurdité de la phrase que j'ai dite mais il fallait essayer.

-Je suis désolée de t'avoir entraînée là-dedans, mais il le fallait. Rentre te reposer dans ta chambre, je te donne ta soirée et ta journée de demain.

C'est vrai que nous avons passé la journée à marcher et à visiter le lac, il fait déjà nuit et je ne m'en étais pas rendu compte. C'est pour ça que l'herbe est détrempée. Je me relève avec des jambes engourdies car j'ai passé la moitié de la journée avec une queue de sirène. Le chemin vers ma chambre fut hyper long mais enfin la porte est devant moi. Alors que je m'apprête à l'ouvrir je vois Ben qui est au bout du couloir, il vient me rejoindre en trottinant. Il remarque rapidement que quelque chose ne va pas, sûrement à cause de mon visage bouffit.

-Ça ne va pas Emma ?

Je lui fais signe que non et éclate en sanglot de nouveau. On ne peut pas imaginer à quel point c'est traumatisant de voir un mort même si je ne le connaissais pas. Je sens qu'on me prend dans ses bras et pour rien au monde je ne rejetterai cette personne.

-J'en peux plus Ben...

Je le remercie intérieurement de ne pas me demander pourquoi et il me sert encore plus forte dans ses bras. Sans que ça ne me dérange il me soulève pour me prendre « comme une princesse » et m'emmène jusqu'à mon lit. Heureusement que Lili n'est pas là car je ne saurai pas lui expliquer. Il m'allonge et pendant que je me demande comment j'en suis arrivée là. Mes larmes ne coulent pas juste à cause de la mort de Solal mais parce que c'est une accumulation de tout : de la mort de mon père de sa mort et de probablement la mienne d'ici peu. Ben passe sa main le long de ma joue et je le vois s'accroupir pour se mettre à mon niveau.

-Tu veux en parler ?

Non je n'en ai pas envie. C'est vraiment très gentil de sa part mais je n'en ai pas le courage ni la force et ce ne serait pas terrible de ma part de l'embêter avec cette histoire. Surtout que j'ai le droit de lui dire quoi ? Que je suis allé au fond d'un lac rencontrer un peuple de sirène corrompu par les hommes de Malengendre, et que le fils du seigneur à été tué pour nous protéger car je possède un plan capable de localiser Malengendre ? Non il faut que je réfléchisse à qui je peux bien en parler. Mais pour l'instant j'ai juste besoin de dormir. Je sers mon pendentif dans ma main et regarde Ben dans les yeux.

-C'est vraiment gentil de ta part mais...

-Ne t'en fait pas je comprends. Je vais te laisser dormir.

Alors qu'il se lève je le retiens par le bras.

-Non... reste...

J'ignore pourquoi mais sa présence me réconforte, il ne dit rien mais je sais qu'il a accepté. Il passe une main dans ses cheveux brun, gêné et s'assoie sur le bord de mon lit.

-Je connais ce regard.

Il connaît ce regard ? Qu'est-ce que ça signifie ? Il sait ce qu'il s'est passé ? C'est impossible.

-Comment ça ?

Je suis moi-même surprise de ma voix, elle est hideuse et toute enrouée.

-Le regard qui dit que tu as vu un mort. Tu avais le même quand je t'ai rencontré et que tu pensais à ton père. Et j'avais le même quand...

Il se coupe dans son récit. Il sait. Qu'est-ce que ça veut dire ? Il a déjà vu quelqu'un de mort ? A entendre le son de sa voix c'est le cas et certainement pas n'importe qui. Je me redresse et pose une main sur son épaule.

-Quand ma mère est morte.

Mon souffle se coupe un instant et mon cœur se serre. Lui aussi.... lui aussi a connu ça et il me comprend. Dans les minutes qui ne suivent aucun de nous ne dit un mot mais on se comprend. Le fond de ma gorge me pique et j'essaye de retenir mes larmes en vain. Cette annonce ne rend pas la soirée meilleure, loin de là, mais elle me fait me sentir moins seule dans cet univers. Je suis égoïste et n'ai pensé qu'à moi, je n'ose même pas imaginer l'état dans lequel se trouve le père de Solal. Sans m'en rendre compte je m'endors sur l'épaule de Ben, envahie par mes pensées plus noires les unes que les autres.

Emma Happer Les guerriersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant