Cinq

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Je vous met la suite parce que je pars dans le Jura ce soir jusque dimanche et pas sûre que je puisse poster, vu le débit internet de là-bas x') Mais je prend mon ordi quand même, pour tenter le coup ~ 

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On passe le reste de la semaine à glander. Noël est enfin passé. J'ai tenté d'envoyer NamJoon de force chez sa mère, histoire qu'il le passe en famille, mais au bout de la troisième tentative, j'ai laissé tomber. Je crois qu'il préfère limite se jeter d'un pont plutôt que de se retrouver dans la même pièce que son beau-père.

Yoongi de son côté préfère juste faire semblant que Noël ne signifie rien. Il a reçu un cadeau de ses parents mais il ne l'a pas ouvert, le colis demeure intact dans un coin du salon. Je ne sais pas s'il compte l'ouvrir un jour. En vérité, il nous fait le coup toutes les années et au bout de quelques semaines, le carton disparaît. Je n'ose pas lui demander ce qu'il en fait. Peut-être qu'il finit par les jeter, après tout.

Je ne sais pas réellement quelle est sa véritable relation avec ses parents, on ne parle pas beaucoup avec Yoongi. C'est compliqué de savoir ce qu'il pense voir même de savoir ce qu'il ressent. Tout ce que je sais, c'est que ça fait huit ans qu'il ne les a pas revu. Il se contente de les appeler quand il a besoin d'argent et eux de lui envoyer des cadeaux pour Noël et ses anniversaires. En fait je crois qu'ils ont passé un accord tacite, comme une sorte de pacte silencieux. Comme s'ils avaient décidé de l'aider à vivre mais qu'à une condition : que Yoongi reste loin d'eux. Ah, ça paraît cruel dit comme ça, mais il me semble que c'est un peu près ainsi que ça se passe.

Quand à moi, je n'ai jamais fêté Noël. Au fond, je ne sais même pas ce que c'est. Je préfère me dire que ce n'est rien du tout. Juste un jour comme un autre, comme l'était hier et comme le sera demain.

Par contre, aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou non. Peut-être, au fond. Depuis que j'ai quitté ma famille pour le foyer, mes anniversaires ont prit un peu plus d'importance à mes yeux. NamJoon cherche toujours à me faire plaisir, ce jour-là. C'est pour ça qu'hier il s'est démené à trouver un plan pour se faire un peu d'argent, pour qu'aujourd'hui je puisse aller m'acheter ce que je veux. Et ce que je veux, c'est manger. Bien manger, je veux dire. Pas de nouilles instantanées ou de plats tout prêt. Non, je veux aller chez un traiteur et commander de la bouffe qui pourrait m'emmener au paradis en une bouchée. C'est ça, que je veux.

C'est pour ça qu'actuellement je me retrouve seul à chercher un traiteur alors qu'il fait moins dix dehors. J'ai froid et j'ai l'impression que mes oreilles sont en train de se transformer en glaçons, mais c'est pour la bonne cause, cette fois-ci. Je vais essayer de faire en sorte de ramener à manger pour trois, ce serait bien que Yoongi puisse passer la soirée avec nous, lui aussi, même si ça risque de le faire chier.

Il est bientôt dix-huit heures et les rues sont pratiquement désertes. Il fait déjà nuit, c'est déprimant. Je crois que c'est principalement pour ça que j'aime pas l'hiver, j'ai l'impression que les journées sont trop courtes, c'est frustrant. Puis les gens me donnent l'impression d'être déprimés, c'est triste.

Je crois que je m'attendais vraiment à passer une bonne journée. C'est peut-être pour ça que sur le coup, je me suis dis que ce n'était qu'une hallucination. Une hallucination ou un rêve, je ne sais pas. C'est étrange de se retrouver face à une personne qu'on n'a pas vu depuis des années. Je me fige un instant et analyse la situation. J'hésite à fuir. Je ne pense pas que mon père soit assez en forme pour me courir après. Sur le moment, oui, j'ai vraiment envie de me barrer en courant. Mais quand sa voix se fait entendre, ma détermination s'envole soudainement.

_Viens ici, petite merde.

Les battements de mon cœur déchirent ma poitrine. Oh, ça faisait si longtemps que je ne l'avais pas entendu m'appeler comme ça. Mon corps se dirige naturellement vers lui. Après tout, les choses n'ont pas changé. Je le sais alors que je me retrouve face à lui dans cette petite ruelle déserte et au moment où il empoigne le col de ma veste pour me plaquer contre le mur, je sais aussi que le moment où je vais fondre en larmes n'est plus très loin.

RunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant