MADAM'S GARAGE. Chapitre 8.

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CHAPITRE 8 :




Une chance sur deux. Mon rythme cardiaque a passé la vitesse supérieure.


- Si vous me parliez de cette personne ? Ça m'aiderait pour en parler avec Mélodie.


C'est surtout que je voudrais savoir si je vais avoir de la chance ou pas. Elle nous ressert un peu de vin, un « coteaux de Jurançon », puis, en baissant les yeux, elle continue :


- Il s'appelle Martin Mottet, il a une quarantaine d'années.


Bon, ma chance sur deux s'est envolée. La magie est tombée, mais je fais au mieux pour ne pas laisser paraître ma déception. Je n'arrive pas à lui en vouloir. Non, j'en veux à ce Martin Mottet ! Mais pourquoi est-il venu chasser sur mon terrain ? En même temps, Audrey, n'oublies pas qu'elle est hétéro, si tu veux avoir une possibilité avec elle, il va falloir être plus forte que le meilleur des dragueurs. Je me sens revigorée à cette réflexion. Je suis encore plus motivée à tout faire pour me rapprocher encore plus de Lysiane. Je retrouve immédiatement le sourire, prête à relever le défi, plus déterminée que jamais. Mélodie pourrait être une alliée de taille. Peut-être pas dans un premier temps, mais si je m'y prends bien, la situation pourrait bien tourner à mon avantage.

Lysiane me parle de ce Martin. Plus elle me le décrit, moins il m'inspire confiance. Ils ne se connaissent que depuis deux mois, et il lui parle déjà de rentabiliser encore plus son restaurant, de placer son argent... Ça ne me dit rien qui vaille.

Je vais faire comme elle m'a demandé, en parler avec Mélodie.

Nous finissons notre repas. Malgré ma déception, j'ai passé une très bonne soirée en sa compagnie.

Je la raccompagne chez elle, elle me fait la bise, me remercie pour cette « très agréable soirée ».


Ce lundi matin, quand Mélodie arrive, elle semble préoccupée.


- Bonjour Mélodie. Ça va ?

- Bonjour Audrey. Oui ça va. Et toi ?

- Ça va, merci. Tu as l'air préoccupée.

- Un peu oui, je ne sais pas par quoi commencer... Vous avez été où hier soir avec Maman ?

- A « La Goulue » près du château.

- C'était bien ?

- Oui, très bien.

- Et Maman, elle a aimé ?

- Oui, c'est ce qu'elle m'a dit.

- Ah d'accord. Et vous avez parlé de quoi ?

- Je te trouve bien curieuse...

- Tu l'as draguée ?


Voilà, elle l'a dit. Je sentais bien que ça la tracassait.


- Ça te dérangerait ?

- Est-ce que tu l'as draguée ?

- Non.

- Elle n'est pas assez belle ?

- Elle est très belle, mais je ne crois pas qu'elle soit attirée par les femmes. Et à vrai dire, elle pense d'abord à ta sœur et à toi. Depuis que vous n'êtes que toutes les trois, elle n'a que trois centres d'intérêt : toi, Mylène et le restaurant. Et si le restaurant ne vous assurait pas l'argent nécessaire pour vivre, il n'y aurait que ta sœur et toi.

- Je sais. Les premières années, je l'ai souvent entendue pleurer dans sa chambre. Je ne savais pas quoi faire, je pleurais souvent aussi. Et Mylène aussi. C'était très dur. Heureusement que Papy et Mamie nous ont aidées. Et tonton Éric aussi.


Elle se met à pleurer. Je la prends dans mes bras pour la réconforter.


- Tout va bien maintenant.


Nous nous asseyons sur le banc dans les vestiaires.


- Le restaurant a l'air de bien fonctionner, tu apprends le métier de tes rêves, vous êtes toutes les trois en bonne santé

- Oui, mais un jour, Maman va bien vouloir remplacer Papa ?


Je sentais une colère contenue dans cette question :


- Oui, sûrement, et c'est normal. Et puis un jour toi aussi tu auras un mari, et ta sœur aussi. C'est la vie, et elle doit continuer, même si des personnes nous manquent. Même si d'autres personnes les remplacent, ça ne veut pas dire qu'on oublie celles qui sont parties, il faut parfois y faire face plus tôt qu'on ne le voudrait.


Elle me regarde d'un air interrogateur. Elle réfléchit.


- Tu veux dire que Maman a rencontré quelqu'un ?

- Je dirais plutôt que quelqu'un est très attiré par ta Maman. Et je ne parle pas de moi. Elle a peur de ce que Mylène et toi allez en penser. Elle ne veut pas vous décevoir à toutes les deux. Elle ne se le pardonnerait pas.


Je sens Mélodie complètement désemparée par cette révélation.


- Mais pourquoi elle ne m'a rien dit ?

- Je te l'ai dit, elle a peur.

- Elle a peur de nous maintenant ?

- Ce n'est pas évident pour elle, je ne pense pas qu'elle soit totalement prête à refaire sa vie. Elle veut s'en persuader.

- Alors pourquoi elle le fait ?

- Je pense qu'elle a besoin de se rassurer. Laisse-lui un peu de temps. Tu me promets de faire un effort ? Et si ça ne va pas, tu sais que tu peux m'appeler ou venir me voir à n'importe quelle heure. D'accord ?

- D'accord, mais je ne veux pas te déranger.

- Tu ne me dérangeras jamais. N'hésite jamais à m'appeler, je serais toujours là.

- Merci Audrey.


Elle me prend dans ses bras.


- Allez, on attaque ?

- On y va, je suis prête.

- Aujourd'hui, je vais t'apprendre à remplacer un cardan. C'est parti.



Elle a retrouvé le sourire. La journée continue mieux qu'elle n'avait commencée. Comme le reste de la semaine.

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