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Je me foutais souvent de la gueule des gens comme ça. Qui se mutilait ou autre. Jusqu'au jour où j'ai fait partie de ces gens. Et j'ai enfin compris ce qu'ils ressentaient.

Vous trouverez ça complètement con et sûrement auriez vous eu pitié de moi mais je ne dis que la vérité. Quand la lame a touché ma peau j'ai eu l'impression de me punir vis vis à d'elle, du mal que je lui ai fait. Alors j'ai continué à tracer ces fins traits sur mon bras en chialant telle une gamine pleurnicharde.

Quand j'ai arrêté de pleurer, je me suis rendue compte de l'état de mon bras. Alors j'ai décidé de cacher ça sous des manches longues. C'est ainsi que je suis devenue accro à cette douleur. Les cicatrices ont alors commencé à envahir mes bras, mes jambes et même mes épaules. Je me suis dit que de toute façon j'étais déjà laide alors si je me détruisais encore plus, ça ne changerait pas grand chose.

Mais je vais vous raconter un événement qui m'a vraiment marqué, et qui prouve une fois de plus que même les adultes ne peuvent pas nous comprendre. J'étais adossée aux casiers et j'ai vu cette fille, avec ces bras recouverts de cicatrices. Je voulais aller vers elle sauf qu'à ce moment là un surveillant est venu, et lui a dit la chose suivante: Recouvre moi ça, c'est dégueulasse. Tu devrais avoir honte d'être tombée aussi bas.

Depuis ce jour, je ne l'ai plus jamais revue. Et devinez quoi? Elle est morte. Alors que tout le monde voyait à quel point elle allait mal, personne ne s'est soucié d'elle, pensant que c'était probablement juste pour l'attention. Je n'ai jamais su son prénom ou son histoire. Mais si je lui avais parlé ce jour-là, on serait peut être devenues amies qui sait?

Au lieu de ça, je me suis contentée d'être spectatrice. Et je vivrais avec ce fardeau aussi longtemps que je vivrais. C'est moche hein? Mais voilà à quoi ressemble notre société d'aujourd'hui.

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