b r o k e n

t h i r t e e n

Peu après sa mort, une fille dans ma classe que personne ne remarquait a voulu se lier d'amitié avec moi. C'était ma seule amie, et comme d'habitude je me suis emballée et je me suis dit que ma vie allait redevenir normale, que j'allais faire mon deuil et que tout se passerait bien dans le meilleur des mondes. Bien entendu, c'était absolument faux. Tout ça ne s'est jamais réalisé.

Au début, tout allait bien. On restait ensemble aux récrés, on rigolait bien. A l'époque, j'étais en 6e et mon amie n'arrêtait pas d'aller voir ses deux garçons qui avaient deux ans de plus que nous et qui étaient en 3e. L'un des deux était un ami de sa famille et l'autre était le meilleur ami de ce dernier. Elle les détestait tous les deux et n'hésitait pas à les insulter. Alors au lieu de la frapper elle, ils se défoulèrent sur moi.

Tandis que mon tortionnaire exigeait des excuses de la part de mon amie, elle refusait et alors celui-ci continuait encore plus fort. Et ça s'est répété tous les jours. Je ne disais rien, j'avais bien trop peur qu'elle me laisse tomber, c'était ma seule amie. Alors j'encaissais. Si c'était le prix à payer pour ne plus être seule alors j'étais prête à l'accepter.

J'étais trop aveugle pour voir qu'elle se servait de moi. Et ça a continué jusqu'en 5e, avant qu'elle ne trouve d'autres amies et me laisse tomber comme toutes les autres.

Je crois que le déclic s'est produit lorsqu'une fois, l'un des deux a sorti un couteau suisse et l'a placé sur mon poignet. J'étais terrifiée, je l'ai supplié d'arrêter. J'ai regardé mon amie dans les yeux, la suppliant du regard. Seulement, elle s'est rapidement éclipsée.

C'est à ce moment là que je me suis rendue compte que j'étais seule. Heureusement j'ai réussi à me dégager, le couteau ne laissant qu'une petite entaille sur mon poignet mais pas assez pour me vider de mon sang.

C'est ainsi que j'ai compris que je n'étais pas faite pour avoir des amis. J'étais juste destinée à être une fille solitaire.