Je vais vous raconter comment s'est passé notre première rencontre. J'étais assise sur le banc en face de son bureau, la porte était fermée car elle avait déjà un patient. Mon professeur principal m'a pris un rendez-vous avec elle, ce qui faisait que je ratais son cours. Ça ne me dérangeait pas plus que ça, à vrai dire ça m'arrangerait parce que la matière qu'il enseignait était les maths.
J'étais terriblement anxieuse. J'avais entendu ce que la meilleure amie de Vous Savez Qui avait dit à propos d'elle. Comme quoi il ne fallait pas parler de problèmes graves avec elle, sinon elle appelait nos parents. Ou encore que si on refusait de se confesser elle menaçait de nous mettre une heure de colle. Celle-ci m'avait dit de ne pas craquer.
La psychologue a donc ouvert la porte de son bureau, laissant une fille sortir. Elle m'a invitée à rentrer, je me suis donc levée du banc et est allée à l'intérieur de la salle.
C'était une petite pièce avec une table au milieu avec une chaise de chaque côté. Il y'avait des dessins punaisés aux murs et les dossiers des élèves jonchaient partout sur la table du fond. Il y'avait également un ordi à gauche du mur. J'ai poussé la chaise en arrière et je me suis assise. La psy s'est installée en face de moi, une feuille devant elle et un crayon à la main. Je vous reconstitue la conversation.
-Bonjour je suis la psychologue scolaire, tu as sans doute déjà entendu parler de moi, je règle les problèmes des élèves et je les aide à se sentir mieux. Ton professeur principal m'a parlé de tes problèmes et tu es ici afin que je t'aide. Pendant notre séance, j'écrirais sur cette feuille afin de résumer tes soucis. Si c'est trop dur pour toi de te confesser, je te poserais des questions auxquelles il sera plus simple pour toi d'y répondre.
J'avais failli éclaté de rire. Vous voulez que je me confesse?! Très bien. Alors je suis dépressive, je me mutile et j'ai pensées suicidaires. Je me suis faite violée alors que je n'avais que 11 ans et une amie proche à moi est morte. En plus de ça, ma vie est merdique. Ça vous suffit? Mais comme vous vous en doutez je n'ai pas répondu ça. Je n'avais pas assez de culot. Je me suis donc contentée d'une réponse toute bête.
-Et si j'ai pas envie de parler?
-Alors, tu vas devoir te forcer car c'est seulement ainsi que tu parviendras à guérir.Elle me parlait comme si j'étais anormal. Que j'étais cassée et qu'il fallait me réparer. Elle pensait peut être me réconforter avec sa voix douce et le ton mielleux sur lequel elle me parlait mais ça a eu l'effet contraire. Je me suis sentie mal. Mal de ne pas être à la hauteur des autres, de ne pas être "normale". D'ailleurs c'est quoi la normalité? Si vous avez la réponse, dites le moi s'il vous plaît parce que je ne l'ai toujours pas trouvé.
Elle m'a posé des questions auxquelles je n'ai pas répondu. Est-ce que tu te sacrifies? As-tu eu des traumatismes? Entends-tu des voix dans ta tête qui te demandent de te faire du mal? Toutes les questions qu'elle me posait me donnait l'impression que j'étais une folle complètement tarée. Peut être que c'est ce que je suis finalement.
A la fin de la séance, j'ai demandé à lire la feuille sur laquelle elle avait noté tous mes "problèmes". Vous vous voulez que je vous dise?
Anxieuse, se scarifie, dépressive, suicidaire, renfermée sur elle même, paranoïaque, troubles psychologiques (schizophrénie?)
Et c'est tout ce dont je me souviens. Elle avait rempli toute la feuille je me rappelle. Mais je n'aime pas les psy, à vrai dire je n'en ai jamais consulté avant celle-ci mais je trouvais qu'ils s'en fichaient de leurs patients. On est simplement un nom de dossiers dans un classeur, voilà tout. Un patient qui lui fait gagner sa vie. Rien de plus, rien de moins.
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b r o k e n
RandomCertaines personnes ne sont tout simplement pas faites pour la vie. Une fille sans importance, une existence sans aucun sens, une vie ruinée d'avance...