b r o k e n

e i g h t e e n

Je vais vous raconter l'une des plus grosses déceptions de ma vie. A la fin de mon récit, je vous autorise à vous moquer de moi, vous foutre de ma gueule. Parce que c'est l'un des trucs les plus pitoyables que j'ai jamais fait.

Après son suicide, son petit ami et moi, nous sommes rapprochés. Tous les midis, on se retrouvait tous les deux dans le parking où son cadavre a gisé. A chaque fois que j'y allais, j'imaginais son corps s'écrasent en contrebas. Vous vous demandez sans doute ce qu'on faisait là bas.

J'allumais ses clopes et on restait là à parler. C'était simple et quasiment insignifiant à vos yeux, mais pour moi c'était beaucoup plus. C'était l'occasion pour moi de le détailler de plus prêt. Oui vous avez deviné, j'étais amoureuse de lui. Sauf qu'il n'a rien trouvé de mieux que de me briser encore plus que je ne l'étais. Alors rien que pour ça, je te déteste. Mais en même temps, je t'aime tellement alors que t'es un sombre connard. Je crois que je suis tout simplement stupide.

Mais il était tellement beau, avec ses yeux fixant le vide, ses lèvres entrouvertes qui recrachaient la fumée. Et puis, un jour, tu m'as embrassée. C'était un jour comme les autres, moi allumant ta clope comme d'habitude, sauf que tu t'es penchée vers moi et tes lèvres se sont posées sur les miennes. A l'époque, j'avais un petit ami (je n'expliquerais pas ce qui s'est passé entre nous parce qu'il ne m'a absolument rien fait et aussi parce qu'il ne fera pas avancer l'histoire) que j'ai largué pour lui.

Mais quelques jours après, il m'a fait comprendre qu'il ne cherchait rien de sérieux et qu'il m'avait embrassé seulement pour oublier sa petite amie morte. Quand il m'a annoncé ça, je me suis forcée à ravaler mes larmes. Mais je me suis rendue à l'évidence, tu ne m'aimes pas et tu ne m'aimeras jamais.