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Je pense avoir fait le tour de son histoire. Alors à mon tour de vous raconter la mienne. Je vais vous dire ce qui s'est passé après sa mort.

Alors pour commencer, sachez que j'en veux pas de votre pitié. Vous pouvez vous la mettre là où je le pense.

Autant vous dire que je ne faisais pas partie de ces personnes qui s'en contrefoutaient de sa mort, j'étais plutôt en train de pleurer toutes les larmes de mon corps et culpabiliser.

C'est ainsi que j'ai fait la connaissance de sa meilleure amie et de son petit ami. Mes "amis" m'avaient abandonné, sous prétexte que j'étais trop émotive. A partir de là, tout a commencé à devenir hors de contrôle.

On est devenus dépressifs, noyant notre peine dans l'alcool, le tabac ou encore la mutilation. Pourquoi tu nous a fait ça? Mais après tout on peut s'en prendre qu'à nous même, c'est vrai on aurait pu t'aider mais au lieu de ça on s'est contentés d'ignorer royalement tes problèmes comme quoi il y'avait plus grave dans la vie.

Mais maintenant y'a quoi de pire que la mort? Ah oui, se détruire peu à peu tous les jours, sachant très bien que l'on est la cause de notre propre destruction. Le pire dans tout ça c'est qu'on y prend plaisir. Parce que se détruire c'est oublier notre souffrance pendant quelques instants. Et on a envie que ce moment dure éternellement alors on continue aussi longtemps qu'on le peut.

Que ce soit vider son paquet de clopes et après tousser tellement fort qu'on a l'impression de cracher ses poumons, boire toute ses bouteilles d'alcool jusqu'à la dernière goutte et finir par ne plus se souvenir de ce qui s'est passé ou encore tracer tellement de traits sur son bras avec cette lame qu'on ne distingue même plus la moindre parcelle de peau tellement elle est recouverte de sang. Et bien ça fait partie du quotidien maintenant. Comme si c'était un geste anodin qui ne changerait rien à notre existence déjà bien merdique.

Personne ne remarque rien parce qu'on est des fantômes, des personnes insignifiantes qui n'affectent en rien le cours de l'histoire ou la vie des autres.

Tout le monde n'en a rien à battre de nous et ça nous arrange bien. Au moins si on meurt on ne fera de mal à personne. Rien que des pauvres victimes de cette société de merde.

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