Chapitre 8

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Une fois déposé sur un lit, j'entrouvre mes paupières pour plonger mon regard dans celui inquiet et larmoyant de Jungkook. Avec hâte, il attrape l'une de mes mains afin d'entremêler nos doigts entre eux.

-Comment tu te sens? T-tu... Ça va?

J'essuie doucement ses joues humides de mes pouces et lui sourit faiblement. 

-Tout va bien, Kook'. Arrête de t'inquiéter! Je t'ai dit que je ne te quitterais pas, hm?

Il secoue la tête et attrape de ses doigts les miens posés sur ses joues pour les enlever de son visage puis pose l'une de ses mains sur mon torse, à l'emplacement de mon cœur. 

-Cela fait mal?

Bizarrement, pas tant que ça... En revanche, sa cadence a fortement accéléré pour je ne sais quelle raison. Il s'agit certainement de ma maladie, pas vrai? 

-Je vais bien...

Arrête de stresser pour un rien. Je n'en suis pas mort, tu vois? Je suis juste un peu déboussolé et fatigué. Mais j'imagine que c'est normal vu ce que j'ai subi en moins d'un jour... Je me demande s'il a la force de m'écouter maintenant ou non? J'ai vraiment envie de lui en parler... Je ne saurais pas le gérer seul, j'ai besoin de me reposer sur son épaule. 

-Tu veux... Uhm... bien écouter mon histoire?

Il hoche furtivement la tête, le regard assombri c'est la raison pour laquelle -je pense- avoir pris sa main dans la mienne pour la caresser du bout de mes doigts. 

-Bien sûr...  

Je m'arrête reprenant mon souffle. J'ai peur de ce que pourrait être sa réaction... Et s'il décidait de me repousser? 

-Alors... Étant donné que mon père ne m'affectionnait pas tellement que ça, il n'a jamais cru nécessaire de passer du temps avec son fils. Il passait donc ses jours à travailler, boire et dormir. Il n'arrivait pas à supporter le décès de ma mère alors, un beau jour d'hiver, je rentre d'école et me dirige tout de suite à la cuisine où je découvre le corps sans vie de mon père. Le sang continuait à s'écouler de sa tête, un flingue entre ses doigts. Sur le moment, je n'avais pas compris ce que cela engageait, mais après avoir été suivi par des psychologues et des médecins au fil des années, j'ai fini par comprendre que j'avais perdu mon père. Depuis, je me suis renfermé sur moi-même et je ne voyais pas l'intérêt d'approcher des gens qui parlaient derrière mon dos ou qui me prenaient par pitié. Jusqu'au jour où j'ai fait la rencontre de Jay. Mon premier ami, mon premier coup de foudre, mon premier amour et ma... P-première...   

La panique me monte à la tête. Je ne vais jamais réussir à lui dire... Je suis pris soudainement de flashbacks de cette nuit : le souffle dans ma nuque, les murmures dans mon oreille, les sensations de toucher, l'obscénité de ses mots, l'abandon, le vide en moi, son rire hystérique, la peur, Jay, les coups, le sang, le baiser, la douleur, la fuite, la panique grandissante, lé dégoût de moi-même, la rage, la haine... 

Ô mon Dieu, ma tête me tourne. Le vertige me prend tandis que des mains attrapent mes épaules et me tirent dans les bras de son détenteur ; je laisse ma tête se poser sur son épaule et reprends mon souffle.

-Shhh... Tout va bien, je suis là. Ne te force pas à m'en parler aujourd'hui.

Je le remercie faiblement et clos mes paupières pendant qu'il me berce doucement. 

-Kook, le traitement...

-Chut, j'irai le chercher. Maintenant, repose-toi.

Mais je ne veux pas rester seul... Reste ici, avec moi, je t'en prie. 

Heal me (Jikook)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant