Chapitre 2 : ✔

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Le matin du 26 novembre 2040.

Elle émergea en sursaut, tous ses sens en alerte. Ce visage au sourire torve flottait au-dessus d'elle accompagné des images de cet horrible cauchemar qui tournaient inlassablement dans sa tête. À chaque clignement de paupière, elle redécouvrait l'horreur, la culpabilité et le désespoir. Ce n'est pas réel, pensa-t-elle.

Dès lors, elle a rapidement réalisé qu'elle n'était plus dans l'une des fantaisies de son sommeil. Et peu à peu, sa respiration et son pouls se calmèrent. Un silence s'étira. La jeune fille épongea les gouttelettes de sueur de son front d'un revers de manche. Des particules poussières doré flotter paresseusement dans les lueurs matinales qui perçaient à travers les rideaux et traçaient de belles lignes de chaleurs sur son épaule.
Elle expira un bon coup. Puis, elle s'étira lentement de tout son long et fit monter l'énergie jusqu'au bout des doigts. Quelques coups de cils après s'être rudement frottée les yeux et la voilà sur pieds. Tiens ? Mon réveil domestique n'a pas sonné ? pensa-t-elle sceptique.
L'adolescente lança alors une œillade à celui-ci : Aucune alarme allumée. Des frissons parcourèrent subitement son échine. Elle sauta prestement de son lit et s'activa. Oh non ! C'est pas possible, en plus j'ai cours avec Mme. Takarada ! se disait-elle. Elle se précipita et manqua de justesse de trébucher en enfilant une chaussette.

《Tomomi ! Tu aurais pu venir me réveiller ! reprocha-t-elle.
-Tu ne manque pas d'air Yumeri ! s'exclaffa l'intéressé par les escaliers. Je te pensais déjà levée cette fois-ci, attesta-t-il d'une voix nargueuse en bas des escaliers.
- C'est bon j'arrive ! ajouta-t-elle ronchonne.
- Je suis désolé de t'apprendre ça mais tu as 17ans, tu devrais pouvoir te réveiller à la bonne heure toute seule, rajouta-t-il. Je ne serais pas toujours derrière toi, renchérit-il.
- Je sais ça va !》rouspéta-t-elle.

Tomomi était une personne très tolérante à son égard bien qu'il soit très stricte concernant ses fréquentations. Depuis ses 7ans, Yumeri vivait avec lui dans le Kansai dans la préfecture d'Osaka à la périphérie de la paisible ville de Sakai au Japon. Du plus loin qu'elle se souvienne, il a toujours était présent pour elle comme un père.
En allant chercher son panier repas dans la cuisine, elle l'observa un instant rouler savanement la garniture des suschis dans les feuilles d'algues nori. Tomomi sentit le regard de la jeune Yumeri. Il leva alors les yeux sur elle et lui sourit tendrement. Le visage de son parrain était parcheminé à cause d'une consommation excessive et précoce de cigarette et d'alcool d'autan.
Par la suite, l'attention de le jeune fille se focalisa sur son bras métallique. Cette partie de lui l'interpellait toujours autant il l'a ramenait à une dur époque de sa vie au sein de la police enquêtrice lors des attentats de 2015 à 2020, et, cet fascinant assemblage, était le seul témoin concernant son passé. Ceint d'un tablier blanc constellé de taches, Tomomi semblait ainsi endosser envers Yumeri un rôle à la fois de père et de mère.

《J'y vais ! déclara Yumeri.
- D'accord, fais attention à toi et ne te trompes pas de correspondance cette fois-ci, conseilla-t-il.
- Ne t'inquiètes pas pour moi, je saurais me débrouiller, tempéra-t-elle. Ah ! Au fait, et pour ce soir, tu as réfléchis, implora-t-elle avec ses yeux doux.
- Je réfléchis encore, mais tu ferais peut-être mieux d'y aller, tu ne crois pas ? finit-il en jetant un oeil à sa montre.
- C'est pas faux ! s'esclama-t-elle. À ce soir Tomomi !》

Yumeri jeta alors son sac à dos sur son épaule et claqua maladroitement la porte derrière elle. L'adolescente dévalait l'allée escarpée de son écoquartier à toute vitesse pour ne pas rater l'hyperloop pour Tokyo. Ce matin là, le ciel était uniformément bleu, le soleil froid dardait déjà et une petite brise sillonait les allées. En cette période de l'année, le feuillage dégarni des arbres estivaux s'envolait sur la route.
En chemin, Yumeri écoutait un peu de musique entraînante tout en réalisant son petit rituel quotidien. Elle porta alors, son index entre ses dents et se mit à le mordre. En le retirant, elle constata la marque de ses dents ainsi que des petits picotements. Yumeri prononça alors, une expiration de soulagement. Tout va bien, je suis toujours en vie.

Chair FroideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant