Chair Froide

Chapitre 19 : ✔

La jeune femme fourra le canon à l'arrière de son pantalon. Quelque chose avait changé en elle. Elle en était certaine. Une partie d'elle s'était éteinte à jamais : sa naïveté...

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Yumeri étranglait vigoureusement le pistolet dans sa paume.

Ils galopaient à toute allure entre les interminables couloirs, tantôt à couvert à examiner chaque intersection. Il n'y avait pas de place pour la fatigue, leurs corps subissaient en permanence des shoots d'adrénaline. Le leader était de nouveau passé devant.

Il les alerta d'un signe de main. C'est alors qu'ils rejoingnirent discrètement sa position. Son coeur propulsait son sang tel une flèche dans son cerveau. Cependant, au détour d'un couloir, ils tombèrent sur des rangées de portes avec aucuns gardes pour les garder. Ils se figèrent, laquelles menait à Yayoi ? Dans un élan d'hystérie, Shusei essaya d'en ouvrir mais elles étaient toutes bloquées.

《Merde...》pesta-t-il.

Ils se scrutèrent tour à tour, désemparés. C'est alors au tour de Yumeri de frapper sur une des portes avec la frénésie d'une folle.

《Yayoi ! s'époumona-t-elle. Où tu es ? Yayoi !》

La panique montait et l'empoisonnait peu à peu. Il y en a trop. C'est un infini labyrinthe.

*

Ses paupières lourdes semblaient lui brûler les yeux, tandis que son esprit tournoyait en larges spirales qui s'éloignaient et revenaient à elle. Yayoi avait l'impression que son épaule se détachait de son tronc dans de vives piqûres ardentes.

Tout à coup, elle entendit des murmures lointains dans un des puits éloignés de sa torpeur, un son qui resonnait sans cesse. Cet insaisissable écho se réitéra encore et encore et se faisait de plus en plus insistant quand brusquement, un coup vint lui frapper les nerfs ébranlés de secousses inattendues, comme si tout à coup, son organisme s'était remit en marche.

《... Yumeri... Argh...》

Un mal lancinant chargeait dans tout son côté gauche.

《...Argh... Oui, c'est-elle... Argh !》

Tandis qu'elle livrait une lutte avec elle-même pour se redresser et ouvrir une paupière, la douleur s'élançait sauvagement et lui tira quelques larmes. Pourtant, ses muscles frémissaient d'une envie maladive de résister, de vivre !

《Yumeri ! Argh... Je... Je suis là !》

Sa bouche exhalait de violent geignements qui lui arrachaient une insupportable souffrance, même chacune de mes inspirations effarées étaient un effort colossal. Sa poitrine se soulevait et se contractait d'un rythme saccadé et ses cheveux poisseux étaient collés à son front huileux. Mais, Yayoi bouillonnait d'un irrésistible désir de liberté. Tout à coup, elle aperçut son cœur s'emballer à une vitesse anormale dans sa cage. Elle rapatria alors ses dernières forces dans ce qu'elle sait faire de mieux :

Une onde de fumée noire se leva autour d'elle et une étrange silhouette sombre sembla s'échapper de sa poitrine. Peu à peu, cette chose prit forme face à elle. Les même cheveux soyeux, les même yeux bleus.

《Ramène-moi au près d'elle, supplia Yayoi à bout de force. Nous n'avons que peu de temps.》

C'est alors que son sosie s'élança à travers le mur dans un nuage de fumée noir et aussitôt Yayoi obtient une vision brumeuse de sa copie conforme.

*

Yumeri et ses compagnons couraient dans tous les sens cherchant désespérément leur amie. La jeune femme sentait la tension qui monter au sein du groupe.