Chapitre 16 :✔

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Elle espérait que ses plaintes résonneraient jusqu'aux flancs de la montagne car, quelqu'un, fait de chair et d'os, faisait s'elle sa prisonnière.

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《Yumeri ! T'es où ! hurla Shusei. Putain ! Ça fait trois heures qu'on tourne en rond ! J'ai mal aux pieds et à la tempe ! se plaint-il en reversant la tête en arrière.
- C'est normal, répliqua son camarade indifférent. L'escouade était plutôt bien organisée et bien entraînée, dommage qu'ils soient morts.

Deux ombres avançaient, transperçant la moiteur de l'obscurité. Shusei traînait les pieds et balançait ses bras et sa tête devant son partenaire, comme si une personne invisible contrôlée maladroitement ses membres dans la nuit.

- Qu'est-ce que j'aimerais un cheese burger au bacon avec de la chantilly... dit le roux en crochetant ses doigts dans sa nuque.

Le rouquin avait ceint son tour de tête d'un morceau de son pull pour stoppait l'hémorragie d'une balle fugitive. Il avait encore eut de la chance.

- De la chantilly ?
- Ouais ! De la chantilly, répéta-t-il en se tordant davantage pour l'observer.
- Dans ce genre d'endroit, tu penses à manger des choses indigestes ? questionna son camarade interloqué.

L'intéressé resta muet, parcourant la nuit d'un regard circulaire. La lune blanche voguait haut dans le ciel et se fragmentait en une infinité de rayons lumineux. Plus tard, il surpris Shusei se débattre avec des branchages tel un enfant. En effet, la fatigue le rendait nerveux. Mais, Shusei s'était prit de grosses décharges d'adrénaline, et il ne s'en était pas encore remis. Il furetait dans tous les sens, tantôt grattant la terre tantôt s'amusant avec les insectes. Malgré ses allers et retours dégénérés, les deux compagnons de route dérivaient sur un chemin de terre, éclairés par les faiblardes lueurs que projetaient la lune en face d'eux, comme la meneuse d'un bal nocturne avec les étoiles.

- En plus, on a paumé la radio et mon appareil photo... s'exclama soudainement le rouquin comme s'il venait de terminer à haute voix une conversation qu'il menait secrètement en lui-même.
- Certes.
- J'aimerais faire une partie de Call of Duty quand je rentrerai, lâcha-t-il d'un ton détaché.
- Il faudrait d'abord qu'on mette la main sur elle ?
- Mouais..

Ils se turent. Le jeune homme aux cheveux nacré entendait cette fois-ci, les pas du roux le suivrent dans l'obscurité. Sa démarche se voulait silencieuse comme s'il aurait été prêt à sauter au cou du jeune homme. L'herbe roulait sous leurs semelles quand brusquement, le meneur s'arrêta. Une brise se souleva, remuant le feuillage tout autour d'eux dans une symphonie monotone.

- J'aimerais bien aussi lire un manga avec un peu de bouffe, compléta-t-il amusé.

Son compagnon pouffa de rire.

- Hé ! Pourquoi tu rigoles ? demanda-t-il dans un regard naïvement interogateur.
- Il n'y a pas grand-chose d'autre à dire, répliqua-t-il.
- Tu crois que je suis égoïste et déconnecté du monde extérieur ? demanda le rouquin après un instant de silence.

La réponse semblait évidente, mais le jeune homme comprit que Shusei tentait de lui communiquer tout autre chose.

- Qui sait ? dit-il en s'asseyant sur une pierre humide de la rosée nocturne.
- Qu'est-ce qu'on devrait faire alors ? demanda le rouquin en s'agenouillant les coudes sur ses genoux. Après tout, nous sommes juste de vieux jouets que l'on ressort pour faire la guerre, dit-il en faisait rouler la tige d'une feuille entre son pouce et son index.
- Oui, en quelque sorte, murmura son ami, le regard scotché sur la lune et à l'halo de brume blanche qui l'encerclait.
- Tu crois qu'elle vaut la peine que l'on l'aide ? questionna-t-il en penchant sa tête rousse constellée de taches de rousseur sur le côté afin de retenir l'attention du jeune homme.
- À ton avis ?
- Bah... Je l'aime bien, et puis... la vie est juste en train de tuer le temps jusqu'à notre mort. Alors, autant en profité pour s'amuser un peu, non ?

Chair FroideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant