Chapitre 4 : ✔

44 10 49
                                    

C'est alors qu'en tournant furtivement la tête, le sang de Yumeri se mit à cogner brusquement dans mes tempes.

Encore lui !

---------------------------------------------

L'odeur de boîtes de conserve et de fruits séchés qui fermentaient sous la chaleur caniculaire avaient imprégnés les murs de contreplaqués depuis déjà quelques mois. Le fin trait de fumée blanche montait et s'évanouissait contre le plafond pourris et gondolé.

Assis sur sa couchette le dos plaqué contre le mur et les coudes sur les genoux, il scrutait cette même paroi, comme s'il attendait qu'elle lui donne les réponses. Pendant dix minutes, il retraça des yeux les fins fils rouges et les épingles des photos à la seule clarté de quelques langues de lumière. Enfermé dans sa propre cage, il se remémorait chaque détail. Mais en vain, l'incohérence était pourtant belle et bien là, sur ce mur, sur cette histoire. La sueur commençait à suinter sur ses tempes. Il écrasa sa cigarette dans le cendrier déjà plein de mégots et de cendres froides. Puis, il se leva et alla prendre une bouteille d'eau dans la glacière. Il dévissa le bouchon, la porta à ses lèvres et ingurgita une rasade d'eau fraîche. Il s'essuya d'un revers de main et déversa le reste sur son front. L'eau glissait sur son corps et imbibait ses vêtements. Il passa une main dans ses cheveux et les rabat en arrière. Alors qu'il songeait, son regard était resté scotché sur les perles qui s'égouttaient de son visage. Elles s'écrasaient dans ses paumes dans un fracas presque inaudible.
Tout à coup, le téléphone vibra, coupant court à ses égarements. Il se redressa et se munit de l'appareil en hâte. Quelques minutes passèrent, sans qu'un mot ne s'échappât d'entre ses lèvres. Puis, ses doigts convergèrent en un poing serrées sous l'effet que lui procurait cette nouvelle, comme si ce mur avait ouïe sa demande.

《Entendu.》fit-il avant de raccrocher.

------------------------------------------------

Son regard lui glaçait le sang. Et si ce n'était pas qu'un hasard ?
Yayoi remarqua son air soucieuse et la ramena à la réalité d'une petite nasarde :

《Hé Yumeri ! Ce n'était qu'une blague ne sois pas contrariée.

Soudain, leurs pupilles rentrèrent en collision.

- Non non, ne t'inquiète pas je ne suis pas contrariée.

Elle fronça les sourcils, sa réponse ne semblait pas lui convenir.

- Mais alors, qu'est-ce que tu regardais comme ça ?

Yumeri ravala subitement sa salive. Est-ce que je pouvais lui raconter mes inquiétudes ? Était-ce une bonne idée ? se demanda-t-elle. Yayoi était sa meilleure amie certes, mais elle préférait garder cette histoire secrète pour l'instant.

- Oh ! Rien... j'étais perdue dans mes pensées.》justifia-t-elle mal à l'aise.

Yayoi fronça d'autant plus les sourcils. Elle signalait ouvertement qu'elle suspectait quelque chose. Yumeri recycla encore sa salive car mentir n'a jamais été son fort. Tomomi se moquait d'ailleurs d'elle quand elle tentait de lui cacher quelque chose.
Yayoi s'apprêtait à rajouter autre chose quand tout à coup, la grassouillette Mme. Takerada débarqua au même moment. Un nuage de pellicule recouvrait ses épaules de petite vieille ingrate. Elle claqua deux fois dans ses mains et les ordinateurs ainsi que le tableau numérique s'allumèrent pour les laisser perplexe face au sujet d'un contrôle surprise :

《Allez ! À vos places pas de temps à perdre ! s'écria-t-elle, Aujourd'hui, évaluation surprise sur la lutte du FAF contre les facultés de 2015 à 2020.》

Chair FroideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant