La Libellule

❊ Chapitre 12 - Bal masqué

❊ "Nous disons que les personnes changent, mais pour la plupart, c'est uniquement leur masque qui tombe." ❊

-18:04- 

Je dévale les escaliers.

   - Je vais au Red Sky papa ! Bonne soirée !" lui dis-je euphorique.

C'est la première fois que je mens délibérément à mon père. Mais l'excitation m'enlève tout scrupule.

   - Bonne soirée ma chérie fais attention à toi sur la route... Tu as ton téléphone ?"

   - Oui, oui je l'ai ! BISOU !!"

Et me voilà en train de trottiner sur le trottoir en poussant des petits cris comme une enfant de six ans à qui ont viendrai d'offrir une nouvelle Barbie. C'est pathétique,  j'en suis pleinement consciente. Mais le simple fait de savoir que je vais certainement le voir ce soir, même de loin, me fait pousser des ailes. Oui, oui on pourrait très clairement me ranger dans la case psychopathe.

Hier matin j'ai appelé Marina en prenant un fausse voix cassée. Je lui ai dis que j'avais attrapé un virus et que j'étais très fatiguée. Elle m'a tout naturellement conseillée de rester chez moi et de bien me reposer. Il faut croire que je joue bien la comédie.

Suite à cet appel j'ai passé toute la journée à penser à la soirée;  imaginant le meilleur comme le pire scénario possible. Oui, je suis très anxieuse c'est un de mes plus grands défauts. La nuit venue, le sommeil fut quasiment impossible à trouver mais lorsque celui ci m'emporta, mes rêves furent, pour une fois, hantés par autre choses que mes monstrueux souvenirs :

Il y avait cet éternel garçon aux cheveux d'ébène. Un magnifique masque ornait son visage, me laissant pour seul objet de contemplation ses yeux éternellement noirs. plus envoutants et irrésistibles que jamais. Il avançait vers moi dans une démarche dont lui seul à le secret et pris ma main dans la sienne. Je portais une magnifique robe rouge et tournoyais au beau milieu d'une salle de bal. Je dansais à son bras. Je l'avais reconnu et, à son bras, j'étais la femme la plus heureuse du monde. Les personnes présentent dans la pièce s'étaient écartées pour nous laisser place. Soudain, je remarquais que, contrairement aux autres, je ne portai pas de masque. L'obscurité inonda subitement la vaste salle, ne laissant qu'un filet de lumière nous parvenir. Nous étions seuls. Son visage se rapprochait du miens. Je ne désirais plus qu'une seule chose; sentir une nouvelle fois le contacte de ses lèvres sur les miennes. Asena souleva doucement son masque, dévoilant ses lèvres pleines et rieuses. Son souffle se mêlait au mien. Mais au moment où nos lèvres se frôlèrent, le masque l'engloutit, me laissant seule dans l'obscurité glaçante de la majestueuse salle de bal.

Le simple souvenir de ce rêve me fiche la chair de poule. Il était très étrange.

Quinze minutes de trottinage et de petits cris plus tard, me voilà arrivé chez Stella, à bout de souffle. Elle habite une très jolie maison dans le cartier chic de la ville. J'entre et comme d'habitude, la maison est vide. Ses parents sont constamment absents à cause de leur travail. La pauvre... Stella ne nous en parle pas souvent mais je sais qu'elle n'aime pas cette situation.

Après m'être servit un grand verre d'eau fraîche dans la cuisine, je monte les escaliers en direction de sa chambre. À travers la porte de celle ci, je perçois déjà les plaintes d'Ambre. J'entre et découvre cette dernière assise face à la coiffeuse tandis que Stella tente tant bien que mal de lui faire des tresses africaines, d'où les gémissements. Ambre à toujours craint les cheveux.

Ma meilleure amie à revêtue son total look noir constitué d'un pantalon, d'un teeshirt assez ample et de grosses basket. Une vrai gothique. De plus, j'aperçois son reflet dans le miroir et constate que Stella l'a également maquillé. Smoky eye, rouge à lèvre rouge sang et fond de teint recouvrant la totalité de ses petites tâches de rousseur, elle ne l'a pas épargné ! Mais au moins elle est méconnaissable.

Stella quant à elle a déjà enfilé sa petite robe noire col Claudine et ses petites ballerines de la même couleur. Elle est trop mignonne. Néanmoins, ce style diffère tellement de celui habituel que j'ai du mal à la reconnaitre alors même qu'elle n'a pas sa perruque ni ses lunettes et n'est même pas maquillé ! 

Nous allons réussir la mission ! 

   - LA VOILAAA !" Hurle Ambre.

   - Le troisième mousquetaire est arrivé, plaisante Stella. Que dis tu de nos look ? Demande t-elle en tournant sur elle même, imitée par Ambre ! 

   - Vous êtes parfaites !" dis-je en les prenant dans mes bras.

   - Parfait car maintenant c'est à votre tour madame ! Me dis Stella en avançant la chaise de la coiffeuse. T'a transformation va débuter **rire diabolique**!! "

Une demi heure plus tard je me découvre dans le miroir. WOW ! Je ne reconnais pas la fille que je vois. Elle est belle. Je vois une femme. 

Mon maquillage, que je craignais trop prononcé, est sublime. Un trait d'eyeliner souligne subtilement la ligne supérieur de mes cils, eux même recouvert de mascara. Mes paupières sont légèrement saupoudrées d'un fard noisette mettant en valeur la couleur de mes yeux. Quand à ma bouche, celle ci est neutre. Mon visage semble métamorphosé. Je ne me suis jamais senti aussi jolie. La petite robe rouge me va à ravir. Elle n'est pas du tout vulgaire contrairement à ce que j'aurai pu croire.Les chaussures sont également très élégantes. Je me sens bien. Personne ne me reconnaitra, ça c'est certain. Stella a même prit le soins de metter du correcteur sur mon tatouage légèrement dévoilé par ma robe.

Je me retourne vers les filles. Elles ne cessent de me regarder affichant un sourire béat. 

   - Ouhouh ! Je fais signe de les réveiller avec un signe de la main.

Les filles, une fois sorti de leur contemplation, m'assurèrent que même mon propre père douterai de mon identité.

Enfin, Stella finit de se préparer et une fois terminé le résultat est encore plus époustouflant que le miens. Une véritable étrangère. 

Nous nous admirons les une les autres devant le miroir. Le résultat va bien au delà de nos attentes.

Cette soirée va être d'enfer.