❊ Chapitre 34 - Sociopath

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❊" He was a boy and I was a girl. Poor me."❊

❊ Pdv Lily

Faites qu'il s'en sorte. Faites qu'il s'en sorte...

Les paupières closes, je crois que c'est la première fois de ma vie que je prie.

Je n'ai jamais cru en quoi que ce soit, mais ce soir j'ai envie de croire en quelque chose. J'ai besoin de croire en quelque chose.

C'est certainement ridicule mais à vrai dire je suis à mille lieues de m'en préoccuper.

Il m'a fait tellement peur. J'en tremble encore. Jamais je ne me serai doutée que son côté suicidaire avait pris une telle ampleur.

Je ne savais pas qu'il était arrivé à un point où même sa vie ne comptait plus. Je m'en veux terriblement de ne pas avoir su discerner les signes.

J'ai été aveugle. Et ça fait tellement mal. Ça me ronge. Mon amour pour lui s'insinue dans chaque partie de mon corps et m'énumère en hurlant tous les signes évidents à côtés desquels je suis passée.

Peut être qu'inconsciemment je ne faisais pas le lien entre un comportement suicidaire et le sien car cela m'effrayait.

Et pourtant, je savais qu'il avait sans cesse des idées noires.

Il fumait pas mal, et beaucoup trop de "merde".

Il buvait souvent et, même s'il ne le faisait jamais lorsque j'étais là, je sais qu'il se saoulait régulièrement. Je le sais car je me souviens, avec un peu de recul, avoir vu plusieurs bouteilles de whisky vides dans sa chambre.

Et puis toutes les cicatrices sur son corps... J'aurais dû faire le rapprochement. J'aurais dû réagir.

Peut être que si je le lui avait fait remarquer, alors il m'aurait parlé de ses craintes, et m'aurait expliquer sa version de l'histoire ce qui m'aurait permis de lui reveler ma vérité.

Peut être... ou peut être pas.

Comment aurais-je pu lui en parler sans le braquer ? Certainement pas en me pointant comme une fleur avec un foutu numéro du type "SOS suicide.".
Asena est une personne fière. Il n'aurait pas baisser sa garde face à moi. Il n'était pas prêt. Pas avant ce soir.

À force de cogiter je commence à avoir mal à la tête. Je ré-ouvre les yeux et, comme à mon habitude, laisse mon regard divaguer dans la foule en délire.

L'ambulance est reparti il y a de cela cinq minutes, néanmoins cela n'empêche pas les corps de se dandiner sur la pelouse au rythme des guitares électriques d'un énième groupe de rock.
La plupart d'entre eux semblent avoir totalement oublié "l'incident" de tout à l'heure et ont l'air d'avoir pris à coeur de jouer à qui sera le plus ridicule et/ou le plus bourré, ce qui va de paire finalement.

Le monde continu à tourner, et ça fait du bien de s'en rendre compte, parfois.

Cette soirée fut... intense. Je crois que c'est le mot. Mais à vrai dire je ne réfléchis plus vraiment normalement. Mon cerveau a décidé de me lâcher pour un moment.
Je suis littéralement épuisée par tous ces événements. Même si au fond de moi je ne me suis jamais senti aussi vivante. Je me sens libre. Un poids considérable s'est retiré des épaules. J'ai l'impression de pouvoir m'envoler dans les airs.
Un peu comme si je renaissait après une sombre et douloureuse mort.
Mais mon euphorie varie d'une seconde à l'autre et le poids de la culpabilité se rabat sur moi en moins de temps qu'il en faut pour dire "ouf". C'est alors que je pense à la prochaine fois que je verrais mon père. À ce que je devrais lui dire. À la façon dont il va réagir. Tout plein de scénarios tournent en boucle dans ma tête.
Puis je pense aussi à Asena.
L'idée que sa blessure lui soit fatale a effleuré mon esprit mais je crois que mon subconscient à rapidement évincé cette possibilité au nom du bien être de ma santé mentale.

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