❊ Chapitre 42 - Flash.

1.3K 97 7
                                    

❊ " La lune en plein midi, à minuit le soleil. " ❊

Mon visage blotti contre son torse est protégé du vent.

Timidement mes bras viennent encercler un peu plus fort sa taille.

Cette chaleur au fond de ma poitrine ne cesse de me tourmenter. Aussi étrange cela puisse paraître, sa présence m'impressionne toujours autant. Nous sommes si différent. Sa façon d'être, son assurance, sa prestance, mais aussi sa réserve, sa mélancolie et sa colère contrastent avec mon rire, mes larmes de crocodiles, mon ambition, mes incertitudes, mes peurs, les milliers de questions bourdonnants constamment dans mon esprit.

Mais je commence doucement à apprendre comment fonctionne le rouage de nos âmes. Lorsque je suis contre lui, lorsque sa peau et son parfum m'enivrent, je ne saurait même plus définir le sens du mot "différent".

Les yeux perdurent dans la splendeur du paysage, je me rends compte que je traverse une période durant laquelle tout ce qui se déroule devant mes yeux perd de sa vraisemblance. J'ai l'impression constante de vivre la vie d'une autre, me dissocie totalement de cette réalité que je sais pourtant inconsciemment être mienne.

Mes pieds ont du mal à retrouver la terre ferme. Je vole au dessus des nuages à la même allure que ma tresse à l'extérieur du casque, animée par la vitesse de la moto.

Asena empreinte des petites routes de campagne dont j'ignorai jusqu'alors l'existence et dont les effluves estivales viennent parfaire mes irréels fantasmes. Néanmoins sa vitesse reste controlée. J'apprécie le fait qu'il fasse attention à moi, qu'il ne ressente pas le besoin de m'impressionner en me mettant en danger, surtout qu'à part le casque, je ne dispose d'aucune protection. La chaleur du vent vient fouetter la peau dorée de mes cuisses nues.

Quelque virages et paysages plus tard, nous nous engageons sur les voies plus fréquentées du bord de mer et le film de ma vie continu de défiler sous mes yeux émerveillés.

Au loin j'aperçois quelques chapiteaux de projections installés sur la chaleur des dunes. Tous les ans un festival cinéphile prend place sur la côte Est du pays durant lequel le cinéma d'auteur de France et d'ailleurs est mis à l'honneur.

J'ai le souvenir d'y être allé il y a des années de cela avec l'une de mes classes primaires. Des souvenirs tant colorés qu'approximatifs fleurissent instantanément en ma mémoire.

Je me souviens des rires de mes camarades, des journées entières de projection, des longues marches pieds nus sur le sable brûlant, de nos baignades improvisées, du goût des sandwichs jambon beurre de ma mère bien trop volumineux pour ma petite bouche.

Une photographie d'Ambre et moi datant de cette époque trône encore fièrement sur ma table de nuit.

Le plaisir visuel provoque par le spectacle estivale est prolongé par le feu rouge du grand carrefour central.

Autour de nous, les familles, les couples, les enfants profitent d'un spectacle offert par des artistes de rues, tandis que d'autres dégustent des sorbets à l'ombre des palmiers, ou bien encore s'installent en terrasse de bar pour pleinement profiter de l'imminent couché de soleil.

Alors que nous sommes encore stopper à l'interception, sa main gantée viens caresser ma jambe nue et à travers le casque je l'entends me dire d'un air complice :

- La destination plait-elle à mademoiselle ?

Je lâche alors un grand "OUII".

Puis tandis que le feu redevient vert et que les moteurs grondent Asena réplique en riant :

La LibelluleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant