Chapitre 2 (Partie 4) : C'est l'heure de l'entraînement

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Vers seize heures, je suis allée au complexe sportif qui était envahi par le brouhaha infernal d'élèves faisant du sport. Le claquement des machines de sport et le crissement des chaînes des sacs de frappe qui recevaient les puissants coups de mes camarades, préparant le tournois inter-lycée en amateur, étaient plus forts que la musique qui provenait de la salle de danse juxtaposée au ring de boxe. Tout ça sonnait comme une horrible cacophonie. Je saluais vite fait mes potes qui était tous concentrés sur leurs exercices, supervisés par les trois professeurs dont monsieur Hernandez. Il arbitrait un Sparring-partner entre Myles Moore, un deuxième année, pas plus fin qu'une feuille de papier mais qui a un contre redoutable, et Orlando Young un petit nouveau dans le club qui découvre le monde du noble art.

Je me suis dépêchée pour rejoindre le groupe sinon Hernandez n'allait pas me louper même si il était concentré sur autre chose. Ma tenue d'entraînement enfilée : un simple t-shirt anti-transpirant à manches longues, un short et mes bandages pour protéger mes poignets. Avant de partir, je nouais mes lacets de chaussures de boxe qui était dans le même état que mon short, usé jusqu'à la corde, alors qu'elle n'avait même pas quatre mois. J'allais pour fermer la porte de mon casier, quand mon regard se porta sur une paire de gants de boxe rouge à lacets qui était accrochée au fond de mon casier. C'était l'un de mes trésors...le dernier cadeau que m'avait offert mon grand-frère. Jamais je n'ai pu me résoudre à les utiliser pour un match. Et je pense qu'avec le temps, il serait devenu trop petit pour moi. Donc il reposait soigneusement ici, où je ne risquerais pas de les perdre dans mon studio. En plus ils étaient signés : A ma première fan qui me soutiendra quoi qu'il arrive. Signé Jimmy Reed pour sa petite sœur. Il n'y a pas un jour où je ne pense pas à lui. À chaque fois que j'ouvre ce casier, ses gants sont là pour me rappeler qu'il sera là pour me soutenir et qu'importe l'issue du match, j'aurais constamment cette passion en moi, celle de la boxe qu'il m'a transmise. Coincée dans l'intérieur de la porte, une photo de mon grand-frère qui ne me quitte jamais avec sa casquette des Dodgers de Los Angeles. Il souriait à pleine dents, malgré les nombreuses adversités qu'il a traversé et qui auraient pu le faire plier. Moi y compris. Jimmy n'était même pas mon frère, on n'avait aucun lien de sang, en effet, il était juste le protégé de mon père. Et du plus loin que je me souvienne, je l'ai toujours considéré comme mon frère. Mais, comme mon père, il quitta ce monde bien trop vite, me laissant seule... Mes doigts caressèrent délicatement la seule photo qu'il me restait de lui et une larme coula sans que je m'en rends compte. P'tain ça fait toujours aussi mal après tout ce temps, c'est dingue !

- Reprends toi... Ce n'est pas le moment de faire du sentimentalisme ! L'entraînement t'attend ! pensais-je en me donna une claque mentale.

 Ecouteur dans les oreilles, je faisais mes exercices de renforcement musculaire sous la supervision de la responsable de l'équipement du club de boxe, Casey Tuner, qui était revenue de sa sortie scolaire. Elle avait deux ans de moins que moi, le visage d'un ange ne portant que des jupes et des ballerines. Elle tenait dans ses mains un chronomètre pour voir si j'arrivais bien à tenir mes trois minutes. Je me servais d'un des nombreux medecine-balls du club où je devais rester maintenue dessus, en position de pompes mais, n'étant pas sur une surface stable, vous imaginez la difficulté du truc et la concentration qu'il faut avoir pour éviter de devoir recommencer à zéro. Quand je me concentrais sur quelque chose, comme ma musique, par automatisme je fronçais les sourcils et mon sourire arrogant disparaissait de mon visage, mes yeux se focalisèrent sur le medecine-ball qui tremblotait légèrement sous les muscles de mes bras. De la sueur commençait à dégouliner, dû à l'intensité physique de ce simple exercice.

- C'est fini, déclara simplement Casey en stoppant le chrono.

- Ah ! Putain ! criai-je de bonheur.

Je me suis laissée rouler par terre, reprenant mon souffle après cette série d'exercices de l'enfer. Ça devait bien faire une bonne heure que j'étais là-dessus. Le coach Hernandez ne souhaitant pas m'épuiser à l'entraînement, il privilégia du Shadow-boxing. Je me suis donc retrouvée dans la salle de danse vide sous la supervision de Casey, chronomètre en main, pour trois séries de cinq minutes devant un des miroirs de la salle. Seule dans mes pensées, regardant mon reflet, musique dans les oreilles, le monde autour de moi était quasiment invisible. Je me concentrais seulement sur moi, mes mouvements, mon reflet qui est impossible à abattre. Il fallait que j'arrive à remplacer cette vision de moi, en celui de ma prochaine adversaire, Harley Baker, âgée de vingt-quatre ans, vingt match dont seize victoires pour trois défaites et un match nul. Les victoires étaient gagnées par des K.O. Elle est étudiante en médecine dans l'université de Columbia. Elle est la grande favorite de ce tournoi, étant passé maintes fois devant la ceinture de la Ive League. En plus la boxe était un tout nouveau sport dans la Ive League, aller savoir pourquoi ? Harley Baker avait un crochet gauche dévastateur, j'ai pu le voir à travers les vidéos de ses derniers matchs, qu'elle avait remporté dans les quatre premiers rounds. La vitesse était son poids fort et sa faiblesse, être rapide épuise énormément et c'est ce qui lui coûtera la victoire en final du tournois de l'année dernière. J'ai passé beaucoup de temps à regarder les vidéos de ses matchs en compagnie de monsieur Hernandez pour établir un plan d'entraînement me permettant de décrocher la victoire. Pour chaque combat sur le ring, on devait employer une technique et un entraînement différent afin d'augmenter nos chances de gagner et minimiser les contre coups des matchs. Et oui, chaque match porte et portera toujours son lot de blessures plus au moins graves. Généralement ça va de la simple tuméfaction sur le visage et le corps : hématomes, coupures plus ou moins profonde sur les lèvres ou l'arcade, dents cassées, œil au beurre-noir, nez cassé, saignement) à plusieurs jours à l'hôpital voire dans le pire des cas le coma. Ma pire blessure ? Un nez cassé lors de mon dernier match pour défendre mon titre de champion inter-lycée féminin dans ma catégorie. Je garderai cette trace à vie.

Casey rapporta le medecine-ball de quatre kilos vers moi, pour me rappeler que les exercices n'étaient pas finis. Normalement il restait quatre séries d'abdominaux de deux à trois minutes, puis je finirais par une petite série de tractions. Avant tout ça, j'essuyais mon visage dégoulinant de sueur et buvais un petit coup avant de reprendre.

- J'ai encore de l'énergie à revendre, déclarai-je dans l'excitation de l'entraînement. Je n'arriverais jamais à me faire à ce sur plein de puissance, ça ne te fait jamais ça ?

- Pas vraiment, ricana Casey qui se positionna devant moi pour m'aider à faire mes abdominaux. A part si tu trouves ça excitant de faire le compte de tout l'équipement à la fin de chaque séance d'entraînement.

- Ça ne doit pas être très fun tous les jours, finis-je sourire en coin.

- Surtout quand personne n'y met du siens ! N'est-ce pas Coles et Perry ! déclara vivement Casey qui planta un regard froid sur deux membres du club qui passaient devant la porte de la salle de danse. Aller ranger les gants de sac que vous avez utilisé, et plus vite que ça.

Les deux garçons obéirent à Casey sans sourciller, l'équipement était son domaine où chaque chose avait sa place et rien ne devait être déplacé sans son autorisation sinon craignez son courroux. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai eu le malheur de ne pas ranger correctement l'équipement et qu'elle m'a passé un savon. Etre responsable de l'équipement n'oblige pas à être présente tout le temps aux entraînements mais juste passer en fin de semaine pour faire l'inventaire en présence d'un des professeurs et remplir de la paperasse. Mais Casey, elle venait à toutes les séances, du début jusqu'à la fin, elle aidait du mieux qu'elle pouvait que ce soit les coaches ou les élèves.

- Tu es confiante pour ton match demain ? m'interrogea Casey. C'est quand même un autre monde la boxe professionnelle !

- C'est pour ça que je m'entraîne comme une malade depuis le début de l'année scolaire, pour être prête pour faire une entrée fracassante ! déclarai-je à Casey droit dans les yeux tout en restant concentrée sur ma série d'abdominaux.

- Une entrée fracassante ? répétât-elle en soufflant du nez. Ça m'aurait étonné du contraire avec toi.

- T'inquiète ! Mes chevilles peuvent encore supporter le poids de mon égo légèrement surdimensionné.

- Légèrement ?! Mais bien sûr, aller recentre toi sur tes abdominaux.

- A vos ordres, chef ! fis-je avec un ton nonchalant en commençant une nouvelle série.

AidenDra au rapport ! 

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