– Qu'est ce que tu fais ici, loin des autres ?
La voix de Hazel me fait revenir à la réalité.
– Je réfléchis, je lui lance.
– Oh, pardon de te déranger, dans ce cas.
– Non pas du tout, reste !
Surpris de ma propre réaction, je la regarde présenter un regard embarrassé.
– J'imagine qu'on peut avoir un moment de solitude à deux, j'ajoute.
Alors elle prend place à mes côtés et, par respect, reste silencieuse quelques temps.
Elle a le menton posé sur ses mains, qu'elle ferme sur ses genoux repliés contre elle. Je profite de ce calme autour de nous jusqu'à ce qu'elle me demande d'une voix calme, simplement curieuse :
– Qu'est ce qu'elle te racontait, Klann ?
Pour tout réponse, je tourne la tête vers elle.
– Pardon, se reprend-elle, les sourcils froncés.
À nouveau le silence, mais je continue de l'observer. Et là, en cet instant, je m'en rends compte.
L'ambiance qui règne à cet instant apporte à son visage quelque chose de terriblement doux. Je remarque le creux des ondulations de ses cheveux blonds, je remarque, sur la peau lisse de son nez, quelques pâles tâches de rousseur, je remarque, dans le bleu de ses yeux, des reflets d'or. Je remarque le sommet de sa lèvre inférieure, si fine, qui pointe vers le ciel. Je remarque ses pommettes roses, saillantes, qui marquent la courbe de ses yeux. Ete remarque qu'elle me regarde.
Alors je ne dis rien. Parce que je ne sais pas quoi dire, parce que j'ai peur que, quoi que je dise, ça la fasse fuir.
Je baisse les yeux sur ses mains entrelacées sur ses genoux, mais elle me prend le menton et relève ma tête.
– De quoi t'as peur ? me demande-t-elle alors.
Au contact de ses doigts sur mon menton, un flash m'éblouit.
Je me retrouve alors dans une maison.
C'est dans une chambre que je la vois. Une toute petite Hazel, de huit ou neuf ans, se trouve au centre de la pièce, ses cheveux blonds tressés dans son dos, tenant son crayon comme on tient un poignard. Elle fredonne un air et dandine sa minuscule tête de droite à gauche. Je voudrais m'approcher pour voir ce qu'elle dessine, mais mon corps est totalement immobile, comme ancré sur un mur de la pièce. Alors j'écoute le petit air qu'elle fredonne. Puis, comme si elle lisait un livre, ces quelques phrases s'échappent de sa bouche d'enfant encore naïve :
– Il était une fois, une petite fille qui vivait dans un monde fantastique. Tout le monde l'appelait "la petite fille de lumière". Mais elle ne connaissait ni l'été, ni l'hivers. Elle n'avait pas d'ailes comme les autres petites, elle ne connaissait pas la différence entre la lune et le soleil, car elle vivait enfermée dans une immense tour de glace. Elle avait un rêve. Elle voulait parcourir les autres planètes, pour un jour, parvenir à toucher la flamme céleste.
– Qu'est ce que tu racontes encore comme bêtises ?
La voix qui l'interrompt est pleine de reproches. La petite, joyeuse cependant, se lève et tournoie dans sa chambre en écartant les bras.
– Regarde, papa, je suis une planète ! chante-t-elle.
En soupirant, son père entreprend de ranger ses vêtements propres dans son armoire.
– Un jour, papa, je veux voir le feu céleste. Tu m'emmèneras, hein ? Promet-le moi !
Un grognement.
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Le Relk : Sous les Légendes (part.1)
ParanormalLe Relk. Dans notre pays, on dit de ce continent qu'il est maudit. Il serait peuplé de créatures sauvages, assoiffées de sang et de violence. Une sorte d'aura malsaine semble émaner de cet endroit. Le seul problème, c'est que tandis que les gens le...