Elle entre d'un pas léger après qu'il lui ai proposé et il ferme la porte derrière elle. Elle fait volte-face pour détailler son beau visage endormit. La chambre est éclairée d'une fine lumière mais elle laisse à peine la possibilité de voir clair, Sam arrive tout de même à décerne cette étrange lueur dans son regard, cette petite bille de lumière. Elle mordille sa lèvre inférieur, se dirige vers l'immense fenêtre de sa chambre, et tire légèrement sur le rideau pour laisser entrer la lumière de la ville. Il a une très belle vu, ça doit être un petit bonus vu qu'il vit ici depuis des années, enfin vivre est un très grand mot. Ce n'est pas une vie qu'on doit avoir quand on est enfermé ici dans l'attente de mourir. Elle chasse ses pensées quand il se positionne à ses côtés. Elle laisse son regard se perdre dans la contemplation de sa face droite, lui ne fait que regarder la ville, comme un roi regarderait du haut de sa forteresse son empire. Ils restent ainsi quelques minutes dans un silence des plus complet, il n'est pas gênant, non il est apaisant pour Sam. Elle vient de passer une lourde journée et la nuit ne fait que commencer, une drôle de sensation la tracasse depuis quelques heures et elle n'arrive pas à mettre le doigt sur ce que c'est. C'est Harry qui se sépare de la vue en premier pour aller s'asseoir sur son lit comme à son habitude. Sam finit par laisser le rideau recouvrir la fenêtre, replongeant la pièce dans la pénombre et elle rejoint le jeune garçon aux cheveux ébouriffés. Son lit est défait, elle réalise alors qu'elle l'a sûrement réveillé et pas que dérangé dans sa soirée.
-Oh...tu dormais ? elle murmure, ne trouvant pas la force ni le courage de parler fort, elle aime cette tranquillité entre eux.
-Non, je t'attendais, mais je commençais bien à me dire que tu ne viendrais pas...il sourit gentiment, sa voix du soir est un peu plus grave et profonde que celle de la journée et ça chamboule Sam. Quel délicieux spectacle.
-J'ai eu une soirée chargée, j'ai dû m'occuper de pas mal de patients, désolée si je t'ai fais attendre...Tu aurais du dormir...elle secoue la tête en s'asseyant près de lui sur le fauteuil en cuir.
-J'avais envie de te voir de toute façon, je n'aurai pas pu dormir.
Elle rit doucement, il est si gentil avec elle. Ce qui se passe entre eux lui retourne l'estomac, elle se sent extrêmement bien avec lui et d'un autre côté, il l'intrigue énormément.
-Est-ce que tu te sens bien? Tu as besoin de quelque chose? elle demande doucement.
-Non ça va, merci, il esquisse un doux sourire, de toute façon c'est toujours pareil avec elle. J'ai l'impression de vieillir dix fois plus vite... Tu sais le fait que mes os et mes muscles deviennent ceux d'une personne de soixante ans en quelques années est pas très cool, j'ai l'impression qu'elle me prive de mon droit de vivre. Je n'ai pas assez profiter, tu vois je n'ai que vingt-trois ans et je suis obligé de m'asseoir au bout de cinq minutes car je ne peux pas rester plus longtemps debout. Elle veut me voir cloué à ce lit sans personne pour m'aimer, et c'est ce qui arrivera dans quelques années si je ne meurs pas avant ; il rit amèrement, il parle comme si tout ceci est normal puis il reprend en haussant une énième fois les épaules, je voudrais profiter un peu plus du peu de temps qu'il me reste à vivre pour être heureux...
Tout ce qu'il vient de lui dire lui arrache le cœur, et voilà qu'il lui dévoile ses ressentis sur sa mort certaine, d'après lui. Elle sent qu'il s'attache à elle, il ne devrait pas, et elle non plus. Seuls quelques jours s'étaient écoulés depuis leur rencontre et elle avait besoin d'au moins le voir une fois par jour, pour savoir comment il se sent. Doit-elle le laisser faire ou rester professionnelle ? Elle n'en sait rien mais sa conscience elle, lui dit de le laisser, il a besoin de soutient et elle peut le lui donner. Dans un élan elle attrape ses mains froides et les serre dans les siennes très fort.
-Ne dis pas ça, on va t'aider Harry, on est là pour ça, je suis là pour ça, tu verras on te sortira de là ! elle ne se rend compte de son geste que quelques secondes après et elle retire rapidement ses mains en essayant de ne pas être brusque, désolée...
Le silence reprend possession de la pièce, il ne semble pas énervé au contraire, il semble bien quand elle est là. Il ne se sent plus seul et il donnerait tout pour que ça continue. Il allait prendre la parole mais le bippeur de la jeune femme le coupe, heurtant le moment de calme qu'ils passent ensemble. Elle attrape l'objet du délit en l'arrachant rapidement de sa ceinture et regarde attentivement l'indication.
3ème étage, urgent, arrêt cardiaque.
-Merde, je dois y aller, encore désolée, elle sort rapidement de la chambre en lui coupant toute possibilité de répondre.
Elle cours dans les couloirs, dévale les escaliers à toute vitesse et arrive enfin au troisième étage, redoublant d'efforts jusqu'à la chambre de sa patiente. Quand elle entre enfin dans la pièce, un troupeau d'infirmiers et d'aides-soignants sont déjà présent.
-Dégagez le chemin ! elle cris en poussant des épaules pour se frayer un passage jusqu'au lit où est étendu le corps de madame Grimey.
La machine ne cesse d'émettre le même son, déchirant et grisant.
-Passez moi les défibrillateurs à 200 ! elle ordonne d'un ton autoritaire, on a pas de temps à perdre.
Elle attrape fermement les poignets et les frotte;
-Dégagez! cri-t-elle avant de les poser sur le thorax de la vieille dame en envoyant la charge à son cœur, toujours rien, on augmente !
Et elle répète trois fois le même geste en augmentant à chaque fois un peu plus la décharge mais le résultat reste le même.
-Putain de machine, elle les pose sur leur socle et entame dès lors un massage cardiaque, vous là, elle pointe du menton une jeune infirmière, elle semble effrayée, il ne faut pas avoir peur dans ce métier merde ! Aidez la à respirer manuellement, vite !
La jeune s'exécute et elle pompe pendant que Sam pratique le massage. Rien n'y fait, cela fait quelques minutes qu'elle a été appelé et rien n'a changé depuis, la ligne reste toujours fine et droite, calme.
Une main se pose sur l'épaule de Sam, c'est un des infirmiers ;
-Elle est morte Docteur Davis, vous devez prononcer l'heure du décès...il souffle en sachant ce à quoi s'attendre.
-Non, je refuse de baisser les bras comme ça, elle lui lance un regard noir et il se dégage rapidement, plus vite s'il vous plaît ! elle s'adresse désormais à l'infirmière qui commence à pleurer, pourquoi est-ce qu'elle chiale merde, elle murmure à une des femmes à ses côtés.
-C'est son premier jour elle n'a jamais vécue ça...
Oh.
Elle redouble d'effort mais la ligne restait droite, aucun signe de vie. En levant les yeux elle constate que l'infirmière a arrêté son aide respiratoire, tout le monde regarde Sam, désolés.
-Pourquoi vous avez arrêté ? Vous vous foutez de moi ou quoi re-foutez moi ce tube dans sa bouche et aidez la !
Mais elle ne réagit pas, elle doit tout arrêter. C'est alors qu'elle comprend, elle stoppe net ses mouvements et se recule le regard perdu dans le vide, le même vide qu'elle ressent en elle en ce moment même. La sonnerie de la machine se cesse quelques secondes après et la vie reprend autour d'elle.
-Heure du décès, minuit vint-six, elle murmure en regardant sa montre.
Elle sort dans une marche lente et se dirige vers la sortie de l'hôpital. Une fois dehors, après avoir traversé plusieurs regards, elle peut enfin sentir l'air frais contre sa peau, l'oxygène nouveau dans ses poumons. Elle se laisse tomber sur un banc et perd son regard dans les milliards d'étoiles illuminant le ciel.
Elle vient de perdre sa première patiente, une personne vient de mourir entre ses mains cette nuit là.
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Oh...Baby |HS| TERMINÉ
Romantik|| FICTION TERMINÉE || Sam entre dans sa première année en tant que médecin à l'hôpital de Hill Valley, sa ville natale. Sa vie est banale en soit mais elle l'aime; elle file le parfait amour avec Evan son petit ami avec qui elle est depuis trois an...