Linctavia

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La nuit était tombée depuis longtemps sur Arkadia et chacun dormait profondément. Quelques gardes faisaient leur habituelle ronde le long des barrières qui délimitaient le camp des Skaikru, mais, ce soir-là, ils étaient les seuls encore éveillée : même Clarke avait fini par réussir à s'endormir. Mais, à l'extérieur du camp, une ombre se déplaçait furtivement entre les arbres, sans un bruit. Elle s'éloignait d'Arkadia et semblait se diriger vers un endroit bien précis. Bientôt, elle dut quitter le couvert des feuillages pour quelques secondes et un rayon de lune éclaira son visage tandis qu'elle avançait sur l'herbe à pas feutrés : Octavia.

La jeune femme marchait toujours à la même vitesse : elle n'avait pas peur qu'on la voit. Mais elle était habituée à rester silencieuse quelle que soit la situation. Quelques minutes plus tard, elle s'arrêta : elle était arrivée. Cet endroit... La brune ferma les yeux et inspira profondément. Elle savait que, vue de l'extérieur, elle devait paraître ridicule : après tout, il régnait toujours exactement la même odeur de bois, de terre - de forêt. Mais, pour Octavia, cet endroit regorgeait de souvenirs. Certains heureux, d'autre moins...elle les avait tous gardés en mémoire. ici, elle avait pleuré, sourit, ri, aimé.

Mais ce n'était pas tant l'endroit où Octavia se tenait que la cavité qui s'ouvrait dans le sol à quelques pas d'elle qui l'intéressait. Elle rouvrit le yeux et hésita un instant avant de serrer les poings et de s'y engouffrer. le tunnel n'était pas très long et soudain Octavia déboucha dans une grotte sombre. Elle écarquilla les yeux, leur laissant le temps de l'habituer à cette nouvelle luminosité. Bientôt, elle put y voir aussi bien que dehors. Une petite étagère en bois, semblant avoir été construite pas quelqu'un, était tombée au sol où s'éparpillaient également des tapis et des couvertures. Au centre de la pièce, des flacons cassés, dont le contenu avait depuis longtemps disparu, évaporé dans l'air. Des feuilles parsemaient la caverne, certainement apportées là par le vent.

Octavia se mordit la lèvre inférieure, s'efforçant d'ignorer d'ignorer la boule qui se formait, malgré elle, dans sa gorge. Tout ici inspirait l'abandon et la désolation. Pourtant, elle se souvenait encore des bougies qui illuminaient une pièce où il faisait bon de vivre -un chez-soi.

Elle refoula ses larmes ; elle était une guerrière, et les guerriers ne pleurent pas. Mais elle se sentait comme une intruse, dans cette grotte où elle avait pourtant rêvé d'habiter. Elle avait l'impression de violer, par présence, un endroit resté figé par le temps. La jeune femme avança d'un pas et les feuilles mortes craquèrent sous sa chaussure. Elle se baissa et prit dans sa main l'un des flacons brisés puis le reposa doucement à sa place et ouvrit le sac à dos qu'elle portait. Elle le retourna et le vida ; son contenu se déversa sur le sol avec bruit, parmi lequel une petite balayette  qu'elle utilisa pour nettoyer quelque peu le sol de la grotte. Elle jeta la plupart des morceaux de verre dans son sac et rassembla les feuilles en différents tas qu'elle laissa dans les recoins de la caverne : elle n'avait pas le temps pour aller dans les détails. 

Puis, sans même prendre la peine de se reposer une seconde, elle prit la boîte d'allumettes qu'elle avait apportée et alluma ce qui restait des bougies. La lumière soudaine lui fit plisser les yeux. Enfin, la brune remit l'étagère à sa place et disposa les tapis et les couvertures de façon à ce que la grotte soit presque entièrement conforme à ses souvenirs. 

Une fois qu'elle eut terminé, elle resta debout, les bras ballants, la fatigue qu'elle avait jusque là repoussée l'assaillant tout à coup. Chancelante, elle se laissa glisser sur la première couverture qu'elle vit et s'enroula à l'intérieur. Là, sans qu'elle puisse sen empêcher davantage, elle se mit à pleurer à chaudes larmes, à hurler, le visage enfouit dans le tapis de fourrure. Puis, sans s'en rendre vraiment compte, elle finit par s'endormir.

The 100 : OS shipsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant