Lila
Nous marchons en silence sur la plage. J'apprécie réellement le fait qu'il ne me questionne pas sur mon état larmoyant. Garder le silence ne me gêne pas. Ça présence suffit à me réconforter un peu. Je le regarde de temps à autres du coin de l'œil, subjuguée par le charme qu'il dégage. Je suis totalement fascinée par sa beauté et son charisme. Je ne crois pas avoir déjà vu un homme aussi beau que Dimitri.
Me voyant frissonner, car je porte seulement mon maillot de bain et un short, il place sa veste sur mes épaules, toujours silencieux. Je le remercie discrètement, et m'imprègne de son odeur, ce parfum qui m'avait emporté quand j'étais dans sa chambre.
Nous arrivons au dernier petit bar qui est encore ouvert et nous nous installons en terrasse. Au bout de dix minutes, voyant que personne ne vient prendre notre commande, Dimitri se lève.
- Vous prenez quoi ? me demande-t-il.
- Un cappuccino, s'il vous plaît.
Il revient quelques instants plus tard avec un plateau dans la main. Je suis amusée par sa démarche. Il avance, raide comme un piquet, tout en tenant le plateau d'une seule main. Il a l'air d'avoir peur de tout faire tomber. Trop mignon. Mais je ne sais pas s'il est réellement anxieux, ou s'il fait exprès de sembler maladroit pour me faire sourire. En tout cas, peu importe la vérité, mes lèvres ne tardent pas à s'étirer doucement.
- D'après ce que je vois, vous n'êtes pas serveur, dis-je en souriant, subitement détendue.
- C'est si limpide que ça ? demande-t-il en me rendant mon sourire.
- Juste un peu... Mais si nous n'êtes pas serveur, vous êtes quoi ? dis-je sûrement trop curieuse.
- Et bien, je suis photographe.
- Et vous êtes venu pour le travail ? demandé-je envieuse d'en savoir plus.
- Non, je me suis seulement autorisé un peu de repos. Et vous ? Vous êtes là depuis longtemps ?
- Plus de six mois. J'aime bien cette île.
- Pourquoi avoir envie de vivre ici ? C'est tellement loin de tout. Une semaine c'est bien, mais si je devais rester plus, j'ose même pas imaginer dans quel état je serais.
Je ris joyeusement en regardant cet homme faire la grimace qui accompagne sa dernière phrase.
- T'es tellement plus belle quand tu souris, lâche-t-il sereinement.
Il se rend compte de ce qu'il vient de dire et son visage se ferme tandis que mon sourire tombe instantanément. Sa déclaration me prend de court et je ne sais comment je dois réagir. Apparemment, lui non plus. Je baisse alors les yeux et regarde la mousse de mon cappuccino flotter en remuant avec ma petite cuillère.
- Désolé, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise... Ça t'embête que je te tutoie ?
- Non, dis-je doucement.
Comme prévu, je ne suis pas d'excellente compagnie. Un coup je ris, un coup j'ai envie de pleurer. Il le voit bien mais fait comme s'il ne sentait pas ma détresse pour ne pas me mettre mal à l'aise. Je pense que Dimitri a très bien cerné le genre de personne que je suis. Je crois que son métier de photographe doit y être pour beaucoup. C'est un métier où il faut observer les gens, les analyser et trouver ce qui les rend beaux, pour les mettre en valeur. Comme pour les paysages... D'un simple endroit qui peu paraître quelconque, certains arrivent à le rendre magique, hors du temps...
Nous échangeons quelques banalités histoire de ne pas nous mettre trop mal à l'aise en laissant le silence prendre le dessus. Dimitri m'apprend qu'il ne lui reste qu'une semaine avant de repartir pour Paris, ville qui m'a vu sombrer.
×××
Dimitri a insisté pour me ramener chez moi. Je n'ai pas eu la force de lui dire non. J'aime beaucoup sa présence. Il est rassurant, doux et gentil. D'ailleurs, je ne comprends même pas pourquoi il est toujours là, à côté de moi. Je n'ai pas été très causante ce soir, ni très joyeuse, mais ça n'a pas l'air de le repousser. Il tente parfois de me faire sourire sans jamais me faire remarquer que je suis d'une compagnie déprimante.
Debout sur le perron, postée face à la porte, je lui rends sa veste en le remerciant une fois de plus de son attention. Il me sourit en me regardant tendrement. J'aime ce regard paisible et doux, rassurant et plein de tendresse.
- Merci, pour cette soirée, lui dis-je en baissant la tête.
- Mais merci à toi.
- Je vois pas pourquoi... j'ai pas été très bavarde, dis-je honteuse.
- Tant mieux. J'aime pas les pipelettes, dit-il en souriant. Bonne nuit Lila...
- Bonne nuit...
Il dépose un baiser sur ma joue avant de me quitter. Je le regarde s'en aller, en restant statique devant la porte, encore surprise par son geste.
Une fois à l'intérieur, je n'ai pas le temps de voir arriver Valentina que cette dernière se jette sur moi pour jouer les détectives.- Quién era* ? dit-elle souriante.( *qui c'était)
- Dimitri.
- Dios mio ! C'est lui ? Muy sexy !
- Val, c'est bon... Je suis au courant. Gracias.
- Et t'attends quoi pour le mettre dans ton lit ? D'ailleurs, je t'ai jamais vu avec un mec...
- Val ! Si t'allais t'occuper de CJ au lieu de te la jouer Sherlock Holmes.
- Oh es pequeña * ! (*c'est petit)
Je lui souris, triomphante. Elle ne veut pas parler de CJ, je ne parlerais pas de Dimitri. C'est le deal. D'ailleurs, y a franchement rien à raconter. Il m'a vu en mode dépressive, il a eu pitié et a voulu faire sa B.A. de la journée. Point.
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Strictement professionnel
RomanceLila, déçue par la vie, déçue par sa famille, déçue par l'amour, prend la fuite à l'autre bout du pays. Même si aucune distance ne pourra effacer le mal qui a été fait. Elle reprend doucement une vie plus sereine, loin de Lui. Mais ne dit-on pas...