- 11 -

8.1K 877 25
                                    

Lila


Ça fait je ne sais combien de minutes que je m'acharne à courir dans le sable. Mes cuisses et mes mollets me font un mal de chien mais je ne lâche pas. J'ai l'horrible sensation que si je m'arrête, je vais m'écrouler et ne plus jamais me relever.  Alors je cours, et cours encore jusqu'à ne plus sentir la douleur qui s'est emparée de mes jambes. Le léger vent frais de ce début de soirée me caresse la peau. Ça fait du bien et ça me permet de trouver ma course moins douloureuse par moment. A cet instant, mon seul regret est de ne pas avoir pris mon téléphone ainsi que mes écouteurs pour me perdre dans un bon morceau de musique. 

Je repense alors à tous ces derniers mois. Rafael me reproche d'être partie... Mais que devais-je faire d'autre ? J'aurais dû épouser Charles pour que mes parents soient fiers de moi ? Ce n'est pas l'idée de j'avais de la vie. Si je me marie un jour, je veux que ce soit par amour et non pour entretenir la petite réputation de mes parents.  Rafael n'a pas le droit de m'en vouloir pour ça.  Et je pensais vraiment qu'il m'avait comprise.
Avant de quitter Paris, j'ai vraiment pesé le pour et le contre.  Je ne suis pas ce genre personne qui agit sur un coup de tête.  On me l'a toujours reproché d'ailleurs. Lila la coincée de service... Mais lorsque j'étais sûre de prendre la bonne décision, il était hors de question de faire marche arrière. 

Après presque une heure de jogging, je décide de m'asseoir dans le sable car mes jambes me font atrocement souffrir. Je retire mes chaussures pour sentir l'écume me chatouiller les orteils. Je regarde alors la mer en écoutant le doux son de l'eau  qui va et vient doucement sur mes pieds. Mes yeux se perdent ensuite dans l'horizon qui commence à foncer à cause du soleil qui s'échappe.  La nuit va bientôt tomber et je regrette que Rafael ne soit pas là pour voir ça. Il est si en colère... même contre moi... Voir ce que je vois à cet instant l'apaiserait sans doute. Je rêve du jour où il pourra me rejoindre ici pour lui montrer ça. Pour lui prouver que la vie peut être belle, ailleurs...

En pensant à Rafael, les larmes qui menaçaient de couler tout à l'heure naissent à nouveau au coin de mes yeux. J'ai mal au cœur en sachant  qu'il m'en veut. Je suis si loin de lui que je ne peux pas le réconforter. Il me manque tellement.
Il m'arrive souvent de me sentir seule, même si j'ai mes amis près de moi. Mais ils ne savent rien de ma vie d'avant. À quoi bon ? Je ne veux pas qu'ils me prennent en pitié à cause de ce que je leur dirais. Ici, est ma nouvelle vie, le passé ne doit pas intervenir dans la reconstruction de mon âme.  Toutes ces années à ne penser que par lui, à  ne vivre qu'à travers lui, sont un énorme gâchis.  Charles, a gâché ma vie. Il m'en a privé, sciemment. Il avait fait de moi sa propriété, comme on possède une voiture, une maison ou même un jouet. Je ne veux plus jamais laisser un homme me traiter de la sorte. Je ne suis la propriété de personne, et ni Charles, ni personne d'autre ne pourra changer ça. Je suis la seule à avoir le droit de m'imposer des choses. La seule à prendre des décisions pour moi. Je suis mon propre maître, et ça doit rester ainsi.

Essuyant mes larmes du revers de la main, je me relève et prends la direction de la maison, en marchant. Je regarde mes pieds s'enfoncer dans le sable et savoure sa douce fraîcheur sur ma peau nue. J'observe les grains de sable collés sur mes pieds humides quand mes yeux se figent ensuite sur les chaussures qui bloquent mon chemin. Je me stoppe et lève la tête pour voir à qui elles appartiennent.

Son beau visage est éclairé par les rayons du coucher du soleil.  Il est magnifique sous cette lumière. Tellement beau qu'il a l'air d'un ange venu là pour me redonner le sourire. Et même s'il est bien réel, mes lèvres s'étirent tout de même  timidement.

- Bonsoir... dis-je d'une voix à peine audible.

- Est-ce que tout va bien ? me demande-t-il.

- J'ai eu des jours meilleurs. Ça ira mieux demain. Bonne soirée Dimitri, dis-je en partant, sentant mes yeux brûler à nouveau.

- Hé Lila ! Ça vous dit de venir boire un café avec moi ?

Je cesse d'avancer mais ne me retourne pas. Je n'aime déjà pas pleurer devant les gens que j'aime, alors les inconnus encore moins.  Et c'est bien pire quand on pense que l'inconnu en question trouble mon esprit depuis le premier jour.

- Merci... Mais pas ce soir, finis-je par dire.

- J'ai horreur de voir un ange pleurer, dit-il à mon oreille alors qu'il a son torse collé à mon dos. Venez avec moi, murmure-t-il.

Un frisson indéfinissable s'empare de tout mon corps au seul contact de son souffle sur ma nuque. Je ne me souviens pas avoir déjà ressenti ça avec Charles. Mais cette sensation est terriblement troublante et enivrante, voir effrayante. Je pourrai de nouveau lâcher quelques larmes supplémentaires tant j'ai les nerfs à vifs, et tant sa chaleur me fait du bien. Un bien que je ne sais expliquer. 

- Je ne serais pas de très bonne compagnie...

- C'est juste un café... Je ne vous demande pas de me faire la conversation.

J'essuie une nouvelle fois mes joues mouillées et me retourne vers Dimitri qui me sourit.  Comment refuser sa proposition à cet instant ? J'en suis incapable...

- Juste un café ? dis-je tout bas.

- C'est ce que j'ai dit...

#############################

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

#############################

C'est vrai ça ! Comment dire non ? ;-)


Strictement professionnelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant