Lila, déçue par la vie, déçue par sa famille, déçue par l'amour, prend la fuite à l'autre bout du pays. Même si aucune distance ne pourra effacer le mal qui a été fait.
Elle reprend doucement une vie plus sereine, loin de Lui.
Mais ne dit-on pas...
Pourquoi Dimitri est là ? J'observe son regard dévasté et mes larmes ne cherchent qu'une chose, s'échapper enfin. Qu'est-ce qu'il veut ? Je me contiens tant bien que mal pour ne pas me laisser dévorer par le chagrin. Mais le fait est, que je suis affreusement en colère, et blessée. Il ne m'a fallut que quelques jours, si ce n'est pas quelques heures, pour tomber amoureuse de cet homme. Amoureuse pour de vrai. Alors que lui ne faisait que de se jouer de moi, attendant le moment propice pour me jeter dans les bras du diable.
- On peut y aller, dis-je en m'adressant à Charles, mais fusillant Dimitri du regard.
- Heureux de l'entendre, déclare Charles.
Je passe la porte, les yeux toujours bloqués dans ceux du traître de mon cœur. Je suis obligée de le frôler pour pouvoir avancer. Ce simple contact réveille mes sens et me fait frissonner, comme à chaque fois. Je me déteste pour ça ! Comment peut-il encore me troubler sachant ce qu'il a fait ? Comment mon corps peut-il à nouveau appeler le sien de la sorte ?
Je me place ensuite derrière Charles qui ouvre la marche alors que mon bras est agrippé par celui de Dimitri.
- Pourquoi tu pars avec lui ? demande-t-il tout bas.
- Bah c'était ça le deal pas vrai ? dis-je en retenant mes yeux brûlant de pleurer. Tu me retrouvais, et Charles venait me chercher non ?
Dimitri rapproche son corps du mien en faisant glisser la main sur mon bras jusqu'à m'enlacer les doigts des siens. J'ai envie de hurler pour lui dire de me lâcher mais je n'y parviens pas. Je veux lui crier de partir et de m'oublier, mais j'en suis incapable. Pourtant, il va falloir que je sois forte et que j'arrive à me défaire de ce pouvoir qu'il a sur moi. Je ne dois pas laisser Dimitri m'arracher le cœur pour l'effriter davantage.
- Ne pars pas avec lui, souffle-t-il contre mon visage.
- De quel droit, tu oses me dire ça ? murmuré-je les dents serrées. Et t'es mal placé pour exiger quoi que ce soit.
- Je t'aime Lila, reste-...
Avant qu'il ne finisse de parler, ma main lâche ma valise pour frapper la joue de Dimitri. Mes yeux finissent par lâcher prise et laissent mes larmes apparaître.
- Je t'interdis de dire ça. Si tu m'aimais comme tu dis, les choses ne se passeraient pas comme ça. Tu te serais battu pour moi, au lieu de me laisser avec lui. Tu ne vaux pas mieux que Charles, dis-je les yeux baignés de larmes.
- Bon c'est pas bientôt finit vos conneries ? J'te rappelle qu'on a un avion à prendre !
Charles fait demi tour et s'empare de ma valise. Je jette un dernier regard sur Dimitri, cet homme que j'aime et qui de ce fait, a eu le pouvoir de me briser, bien plus que Charles n'aurait jamais pu le faire. J'emboîte alors le pas du diable, en pleurant silencieusement pour ne pas me faire remarquer. J'entends Dimitri prononcer mon nom. Encore, et encore... Et lorsque que le doux son de sa voix envoûtante ne me parvient plus, j'en déduis que nous sommes déjà loin maintenant.
- Comment tu comptes quitter l'île à cette heure-ci ? demandé-je à Charles. Il n'y a plus de navette.
- Parce que tu crois que j'ai pris cette épave pour arriver là ? Décidément, tu me feras toujours rire, dit-il en se marrant.
* * *
Je n'ai pas prononcé un mot depuis que nous avons quitté Porquerolles. Pas un dans le bateau jusqu'à Hyères, pas un dans l'avion jusqu'à Paris, pas un dans la voiture qui nous mène en ce moment chez Charles. J'ai peur. Peur de me retrouver seule face à lui, à sa colère. Je sais que je suis là pour Rafael. Le point positif dans toute cette histoire, c'est que je vais enfin le retrouver. Mais j'aurais tellement aimé le revoir dans d'autres circonstances. Tout comme j'aurais préféré ne jamais le laisser ici. Avec eux. Même s'ils ont toujours été plus compréhensifs avec lui, ils n'ont jamais trop partagé ensemble non plus. Je pense qu'ils sont juste fiers que leur cher fils veuille suivre leurs traces dans le monde médical. "On aura pas échoué partout" ont-ils dit le jour où Rafael leur a annoncé ses projets d'avenir. Message qui m'était directement adressé sans doute.
- On ira voir Rafael demain ? dis-je alors que nous entrons dans l'appartement du diable.
- Ah ça y est elle cause ! lâche-t-il l'air méprisant.
Mon bourreau ne me répond pas et avance vers le bar. Il sort un verre ainsi que sa bouteille de Bourbon. Il se sert généreusement sans même me décrocher un regard avant de partir vers le salon.
- Charles ? Je veux voir mon frère demain.
- Et moi, je veux que tu fermes ta gueule ! Viens-là.
Je regarde l'arrière du crâne de Charles dépasser du canapé. Les larmes menacent de couler à nouveau. J'avance tout de même d'un pas hésitant puis m'assoie près de lui.
- S'il te plait... J'aimerai le voir demain, dis-je désemparée.
- Ouais, ouais c'est bon ! On ira le voir mais cesse de chialer ! Fais-toi plutôt pardonner de m'avoir abandonné pendant des mois.
Sa main glisse alors sur ma cuisse alors qu'il boit une gorgée d'alcool. Comment veut-il que j'arrête de pleurer sachant très bien ce qui va arriver ?
- Et si tu penses à partir comme une voleuse encore une fois, penses à Rafael qui veut entrer dans l'université de ses rêves... Et puis, j'ai changer le code de la porte. Tu es coincée avec moi ma jolie, dit-il en riant.
- Je ne partirai pas Charles. J'ai dit que je venais, je suis là. Si je comptais partir, je ne me serais pas donné la peine de quitter l'île.
- Arrête ce ton avec moi mon chaton ! Maintenant tais-toi, il est temps que tu t'occupes de moi.
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Quevoyez-vous pour la suite ? Rafael ? Dimitri ? Lila ? Qui osera tenir têteà Charles Keller ? À vendredi prochain 😙
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