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Nikko

Dumnezeul meu* elle va bien ! (*mon Dieu)

Je regarde les parents de Lila avec attention. Sa mère lui ressemble énormément, surtout au niveau du regard. Elles ont les mêmes yeux noisettes chaleureux. Je remarque aussi qu'elles ont les mêmes traits fins sur leurs visages, la même douceur. Mais j'ai quand même la nette impression que leur caractères sont bien différents. En revanche, son père a l'air terriblement froid et fermé. Je suppose que lui est comme son apparence. Personne ne décroche un mot, que ce soit pour moi ou même Rafael. Lila ne parlait jamais de ses parents, je peux comprendre pourquoi aujourd'hui.  Je me sens clairement mal à l'aise ici et personne ne fait rien pour arranger l'ambiance pesante qui règne. Même Rafael ne sait pas quoi faire. J'espère juste que Lila va bientôt revenir.

J'entends la porte s'ouvrir et se fermer plusieurs minutes plus tard. Je soupire longuement en voyant Lila pénétrer dans le salon. Malheureusement, le sourire qui commençait à se dessiner sur mon visage s'efface encore plus vite lorsque je vois la douleur dans ses yeux, et ses larmes sur ses joues. Son frère s'empresse de la retrouver pour la serrer dans ses bras. La voir dans cet état me retourne le coeur. Je suis surpris de voir que ses parents se dispersent ensuite, sans un mot ni un regard pour leur fille qui est bouleversée. S'ils agissent ainsi tout le temps, je peux vraiment comprendre pourquoi Lila ne parle jamais d'eux.  Comme je les vois maintenant, ils ne montrent pas un brin d'amour pour leur fille, alors que tout le monde serait capable de tomber amoureux d'elle. N'importe quelle personne aimerait Lila si toute fois elle osait la regarder. Comment ne peuvent-ils pas voir que cette femme est magnifique et une personne tellement bonne ?

***

Allongés sur le dos sur le lit de Lila, tête contre tête avec les jambes opposées et repliées, je regarde le plafond où sont disposées des étoiles phosphorescentes. J'en avais aussi quand j'étais petit. Je suis surpris de voir que Lila en possède toujours.

- Pourquoi tu les gardes ? Les étoiles? dis-je curieux.

- Pour voyager... Quand je les regarde, je me dis que je pourrai être à des centaines de kilomètres et que je les verrai aussi. Comme si j'étais ailleurs que dans cette maison, dans cette chambre... Nik ? Pourquoi tu es venu ? demande-t-elle ensuite doucement.

- Parce que je ne pouvais pas rester sans rien faire. J'avais besoin de savoir que tout allait bien.  On était tous  inquiets draga.

- Tu m'as manqué... vous me manquez tous, avoue-t-elle.

- Tu rentres avec moi ? demandé-je timidement.

- Oui. Mais je ne resterai pas. Il est temps que je rentre près de mon frère. J'ai fuis trop longtemps.

Je me retourne pour avoir ma tête au dessus de la sienne. Son visage à l'envers est tout aussi beau. Je me perds un instant dans son regard rempli de tendresse et de chaleur.

- Tu vas me manquer, dis-je ne sachant pas quoi dire d'autre.

Oui, Lila va me manquer lorsqu'elle ne sera plus à la maison. Mais je ne dois pas être égoïste. Je sais que si elle nous quitte, c'est pour retrouver sa vraie famille. D'ailleurs, je ne pense pas non plus rester à Porquerolles toute ma vie. Un jour, j'irai voir le monde. Et si Lila n'est plus là, je partirai sans doute peu de temps après elle. CJ et Valentina me manqueront aussi mais, c'est différent.  J'aime vraiment Lila. Et ce n'est pas une simple lubie ou un genre de caprice, parce que je n'ai jamais rien fait pour lui faire comprendre ce que je ressentais. Et je pense, que jamais je n'en aurai le courage. J'aurai  trop mal qu'elle me rejette. Et puis, je crois que Lila a déjà bien assez de problèmes à résoudre. Je n'ai pas besoin de lui en remettre une couche. Je vais alors devoir savourer chaque instant qu'elle me donnera, avant de lui dire au revoir.

***

Je laisse Lila seule dans sa chambre avec mon téléphone. Elle voulait appeler Val pour la rassurer. J'erre donc dans le couloir en regardant mes pieds quand je suis stoppé par Rafael.

- T'as faim ? me demande-t-il.

- Un peu.

- Viens,  on va faire à manger.

Je regarde ensuite Rafael qui s'active dans la cuisine. À la vue de tout ce qu'il sort des placards, je devine ce qu'il va préparer. Des lasagnes. La même recette que Lila nous prépare de temps en temps. Je décide donc de l'aider. Il est surpris par mon initiative, et encore plus lorsqu'il voit que j'enchaine au même rythme que lui.

- Ta soeur nous en fait souvent, dis-je pour me justifier.

- Ah je comprends mieux. Je pensais que t'étais un télépathe ou un truc du genre, dit Rafael en se marrant.

- Ça aurait pu être sympa c'est vrai. T'es prêt à la retrouver ? dis-je le coeur serré.

- Oh ouais ! Ça fait des mois que j'attends ça. Et toi ? Prêt à la laisser partir ? demande-t-il.

- Bah ta soeur fait ce qu'elle veut. Elle est assez grande.

Non je ne suis pas prêt du tout...

- C'n'est pas ce que je t'ai demandé. N'essaie pas de t'en tirer avec un scénario farfelu. T'es trop flag ! Tu penses tromper qui là ? demande-t-il en riant.

- Qui trompes qui ? demande la douce voix de Lila.

- Nikko !

Je me raidis immédiatement. Rafael va me balancer ? Merde !

- Il fait genre il connaît mieux que moi la recette des lasagnes ! poursuit Rafael. Mec, laisse tomber. C'est une recette de famille. Tu peux pas comprendre, ajoute-t-il en riant.

Ouf !

- Détends-toi, fait-il ensuite à mon oreille.

- Mais tu fais quoi là ? lance Lila vers son frère. Tu vas tout faire cramer !

Elle lui prend la cuillère en bois des mains et le pousse d'un coup de hanche.

- Heureusement que je suis là pour ratrapper vos conneries. Entre CJ et vous, on n'est pas prêt pour Top Chef les gars !

Tout le monde rigole de bon coeur et ça fait du bien. Lila a l'air d'aller mieux et le savoir me détend.

***

Il fait bon dehors ce soir. Il est bientôt 22 heures mais la nuit n'est pas complètement tombée. J'aime l'été pour ça. Les jours sont plus longs et les nuits sont douces, voire chaudes. C'est un peu comme chez moi. Mais là-bas, les hivers sont bien différents. Ils sont sans pitié. La neige n'aidant pas, j'ai souvent dû marcher des kilomètres par moins 15 pour me rendre à l'école. Je suis bien content que ça ne soit pas pareil à Porquerolles. Je ne pense pas qu'il neige souvent à Paris non plus d'ailleurs.

- Tu vas faire quoi pour Dimitri ? demandé-je alors que nous marchons.

Sortir de cette appartement est définitivement la meilleur idée de la journée.

- Je n'ai pas 36 choix. Il s'est foutu de moi. C'est terminé, dit-elle catégorique.

- Tu sais, il s'est démenné comme un fou pour te trouver, et convaincre le père de l'autre con.

- J'm'en fous ! C'est trop tard ! Et si on arrêtait de parler de lui non ?

- Comme tu veux...

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