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Lila

La seule chose qui me fait du bien aujourd'hui, c'est Rafael. Je vais enfin retrouver mon frère et m'assurer qu'il va bien. M'assurer que Charles tienne aussi ses promesses. Il va également falloir que je mette mon frère en garde. Je ne sais pas exactement ce que prépare mon bourreau mais je m'attends au pire, comme toujours. Charles est capable de faire tant de choses, d'horribles choses, mais je ne sais pas encore à quel point s'étend sa méchanceté. 

Après cette nuit qui m'a rappelé tant de mauvais souvenirs, je n'ai qu'une hâte : quitter cet appartement pour enfin respirer. Charles peut bien me conduire où il veut, tant que c'est loin de cet endroit. Rien que de penser au fait que je doive rester près de lui avant de trouver une solution à tout ce merdier me rend malade. Je ne me rappelle pas avoir déjà éprouvé autant de dégoût envers cet homme méprisable. Même avant de le quitter, je ne crois pas avoir ressenti une telle haine pour lui. Je ne suis pas le genre personne à détester les gens, qu'ils m'aient fait du mal ou non. Alors malgré tout ce que Charles a bien pu me faire, je ne l'ai jamais haïe. Mais aujourd'hui, tout me semble différent. Tout est différent. Je maudits cet homme infecte et je souhaite le voir tomber de son trône un jour. Je suis prête à attendre le temps qu'il faudra, le supporter encore et encore, si ça me permet de voir sa chute. Il n'y a que comme ça que je pourrai tourner la page "Charles Keller", et enfin vivre ma vie comme je l'entends. Sans fuite, sans peur, sans craindre de le voir à nouveau dans le paysage pour s'emparer de mon existence. 

En route pour aller chez mes parents, je reste silencieuse et tente de supporter tant bien que mal les coups d'œil furtifs que Charles me donne. Lui aussi reste muet, et son mutisme n'est pas habituel. Ça me terrifie. Lui qui aime se vanter et me rabaisser avec ses mots semble avoir perdu la parole. Ce qui n'était alors qu'une éclairci présage une violente tempête. Voyant que nous approchons de chez mes parents, chez moi, j'appréhende les retrouvailles. Ça fait plus de six mois que j'ai quitté ma famille et j'angoisse. J'ai peur d'avoir déçu Rafael à cause de ma fuite. Peur de lire à nouveau la honte dans les yeux de mes parents, comme autrefois. Peur de retrouver tout ce à quoi j'avais dit au revoir. 

Garés devant la maison de mon enfance, j'ai une énorme boule dans le ventre. Et alors que je descends de la voiture, cette boule ne fait que grandir en moi. Tout s'empire au fil de mes pas hésitants qui me dirigent dans l'allée du jardin. Une fois devant la porte, j'appui sans conviction sur le bouton de la sonnette pour indiquer notre présence. Je ne sais pas réellement pourquoi je prends la décision de sonner. Après tout, c'est quand même encore chez moi. Je crois... Charles lui, ne se donne pas la peine d'attendre qu'on vienne nous ouvrir et entre en premier dans la maison. Il me lance un regard glacial, me faisant bien comprendre que j'ai intérêt à le suivre sans tarder. J'avance sagement dans le hall d'entrée aux couleurs froides. Je ne me souvenais pas que cet endroit était si peu accueillant. Alors que je passe devant le grand escalier qui mène à l'étage, une voix si chère à mon cœur résonne jusqu'à moi.

- Lil ?

Je lève les yeux et croise le regard enjoué de mon frère. Il n'attend pas une seconde de plus et se précipite dans les escaliers pour me rejoindre. En face de mon Rafael, je ne peux me retenir et l'attrape dans mes bras pour le serrer fort contre moi. Des larmes de joies coulent sur mes joues alors que mon frère caresse mes cheveux et entortille ses doigts dans mes mèches brunes comme il l'a toujours fait. Ce simple geste me bouleverse et me rappelle à quel point il m'a manqué. Je pourrais rester là des heures à le câliner et à renifler l'odeur de sa peau.

- Tu m'as tellement manqué, soufflé-je la tête dans son épaule.

- Comment ça se fait que tu sois là ? demande mon frère en me regardant. T'aurais pu me le dire quand même, ajoute-t-il en me souriant. 

- Surprise, dis-je en lui rendant son sourire.

- Lila Maria Gauthier ! Où étais-tu passée ?

Je me retourne pour faire face à mon père, qui a toujours le regard perçant et méprisant quand il me regarde. 

- Je suis majeur à ce que je sache. Je vais où je veux, quand je veux, dis-je en le mitraillant du regard comme jamais je n'avais osé le faire auparavant. 

- Cesse ce ton avec moi jeune fille, dit-il en approchant de moi.

- Papa, c'est bon ! Elle vient d'arriver, laisse-là un peu, lance Rafael. 

- On en reparlera plus tard, déclare mon père, furieux. Charles, je te félicite, ça a été plus vite que ce que je ne croyais, dit mon père en se tournant vers mon démon. 

- Merci Monsieur. Il y a eu quelques complications, évidemment, mais rien d'insurmontable. Je vous avais bien dit que je la retrouverais à temps. 

- C'est parfait, dit mon père en me souriant sournoisement avant de quitter la pièce.

- À temps pour quoi ? demandé-je à Charles.

- Curieuse maintenant ? Ça aussi c'est nouveau.

- Alors ? À temps pour quoi ? répété-je.

- Notre mariage ma jolie ! Ton père m'a averti tôt ce matin qu'il serait célébré ce week-end. On a assez attendu. Il est temps de remettre les choses à leur place. 

Mon frère me regarde abasourdi, et je dois surement faire la même tête que lui à cet instant. 

- Raf, laisse-nous s'il te plait, dis-je sans quitter Charles des yeux. 

- Lil ?

- Raf !

J'entends mon frère soupirer et partir. Il ne reste alors que cet homme infecte et moi, en train de combattre dans un duel avec nos yeux, pour savoir qui tombera le regard en premier. Ce qui est sûr, c'est que je n'ai aucune envie de laisser Charles avoir le dessus sur moi, encore. 

- J'ai déjà dit que je ne me marierai pas avec toi Charles, dis-je en plantant mes yeux dans les siens. Tu voulais que je te suive, me voilà ! Il n'a jamais été question de mariage quand j'ai accepté de venir avec toi. Je préfère me pendre plutôt que de m'appeler Keller tu m'entends ! 

- Fais bien attention à ce que tu dis, dit Charles les dents serrées.

- Arrête de me menacer sans arrêt, dis-je posément. Si tu veux que je coopère et donne l'illusion d'être heureuse auprès d'un connard tel que toi, arrête. Et surtout devant Rafael. Il n'a pas savoir ce que tu m'obliges à endurer. 

- Tout de suite les grands mots. Ton frère ne sauras strictement rien et continueras sa petite vie pénard, si tu fermes enfin ta gueule jusqu'à ce que tu dises "oui" dans deux jours.

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Il n'y a que 2 chapitres cette semaine. La fin approchant doucement, je préfère ralentir un peu 😉

La semaine prochaine, on entame un chapitre avec un nouveau point de vue ! 

Qui est l'élu d'après vous ?

À qui voudriez-vous que je donne la parole ?

Strictement professionnelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant