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Lila

Je me réveille en sursaut, dérangée par un vacarme épouvantable. En ouvrant les yeux, je me rends comptes que je suis enroulée dans la couette de mon frère et qu'il n'est plus là. Je me lève et replace mes vêtements qui ce sont entortillés sur moi. Je sors ensuite de la chambre de Rafael et me dirige vers le salon, là d'où provient le bruit. Au fur et à mesure de mes pas, je reconnais les différentes voix qui  s'emmêlent. Je perçois très nettement celle de Charles, puis celle de mon frère. Mon père tente de placer quelques mots, sans succès. Il est très rapidement coupé par une autre voix, celle d'Henri Keller. Le père de Charles est là ? Qu'est-ce que cet homme vient faire ici ? Si c'est aussi pour me forcer à épouser son ignoble fils, il peut faire demi tour ! 

- Ah bah c'est pas trop tôt ! lance Charles dans ma direction. Tu pourrais dire à mon cher père que je suis un parfait fiancé pour toi, et que tu es très heureuse ?

Dios mio ! C'est une blague ?

- Pourquoi je ferai ça ? dis-je avec le sourire aux lèvres. Tout le monde ici, y compris toi, sait que je ne veux pas de ce mariage, ni d'un homme tel que toi dans ma vie. 

- C'est à cause de l'autre con c'est ça ?! On peut dire qu'il a bien foutu la merde lui ! ajout-t-il furieux. 

- Dimitri n'a rien à voir avec ma décision. Je ne t'aimais déjà plus bien avant de le rencontrer. Et là, de toute façon, ce n'est pas ça le problème ! dis-je fermement.

- Si c'est un problème ! Ce mec, c'est toujours un problème ! Ce détective de mes deux est sans arrêt au milieu ! Il mériterait mon poing dans sa petite gueule de faux cul ! 

Ce n'est pas moi qui vais dire le contraire...

- Ça suffit maintenant ! J'en ai assez entendu ! lance Henri.

Les yeux remplis de rage, j'ai l'impression que ses pupilles ont changé de couleur. Jamais je n'ai vu cet homme sortir de ses gonds. Contrairement à son fils, Henri Keller est quelqu'un de très calme et posé. Jamais un mot plus haut que l'autre. Jamais le ton méprisant qu'emploi Charles sans cesse. Difficile de croire qu'ils sont de la même famille. Charles aurait dû prendre exemple sur son père au lieu de vouloir faire sa loi tout seul. Aujourd'hui, il serait un bien meilleur homme que ce qu'il n'est. Il a reproduit exactement le même schéma que mon père avec le sien. C'est désolant. 

- Lila ? Puis-je emprunter ta chambre ? Je dois parler à mon fils seul à seul, demande Henri.

- Bien-sûr, au fond du couloir, à droite.

Je regarde les deux hommes partir dans le couloir en les voyant disparaître après quelques pas. J'ai l'impression que Charles va passer un sale quart d'heure, et c'est tant mieux. 

Charles

S'il n'était pas mon paternel, il aurait mangé ma main dans la gueule ! Me parler de la sorte devant eux ! Comment a-t-il pu ? Je me contrôle je ne sais encore comment. J'ai clairement envie de me barrer et d'esquiver sa discussion père/fils à la con. De toute façon, à chaque fois qu'il a tenté de montrer son autorité sur moi, il s'est lamentablement planté. Et puis même s'il arrivait à s'imposer juste cinq minutes, il pourrait quand même se foutre ses réprimandes au cul ! Je ferai avec lui comme avec tous les autres : l'hypocrite. 

- Je t'écoute. Qu'est-ce que tu as de si important à dire qui te donne soudainement le pouvoir d'autorité ? 

- Tu devrais avoir honte de toi. Moi, j'ai honte de toi. Je ne t'ai pas élevé comme ça et ta mère non plus.

- Dis pas des conneries ! Vous ne m'avez pas élevé tout court, dis-je sèchement. Autant elle que toi !

- J'ai tout fait pour t'assurer un avenir prometteur et ta mère aussi. J'espérais que tu serais conscient de tous les sacrifices que nous avons fait pour te rendre la vie facile. Tu as été dans les meilleures écoles et appris auprès des meilleurs professeurs. Tu as déjà un empire érigé et un futur tout tracé, que je t'offre sur un plateau. Et toi, tu n'est toujours pas satisfait ?! Lila ne veut pas de toi ? Et bien laisse-là partir ! Les femmes, ce n'est pas ce qu'il manque ! Et mon garçon, si tu veux qu'une seule t'accepte, tu devras changer ! Et si tu veux regagner mon estime aussi !

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