15 | c'était fini

79 23 22
                                    

Ma métissée préférée et moi sommes assis sur son lit, se sondant l'un l'autre, comme si ça allait nous aider à répondre à toutes nos interrogations. La bouclée prend les devants lorsqu'elle s'estime suffisamment préparée. Et elle a bien raison, car ses mots ont l'effet d'une bombe :

"Noah m'a tout raconté." entame Salsa.

Je fronce les sourcils à l'entente du nom du châtain. Comment ça, il connait Salsabile ?

"Noah ?

- Oui, Noah. Tu dois le connaître non ? Il m'a dit qu'il était dans ta cla...

- Attends. Attends. Comment tu peux connaître Noah ? Je veux dire, non ? C'est juste impossible que...je...non ?"

Elle fixe mon être qui se sent plus perdu que jamais. J'ai besoin d'explications. Cette année doit avoir une explication.

"En fait, alors que je faisais semblant de sortir avec Thibault eh bien...il sortait avec Noah.

- Comment ?! je m'insurge. Non non non, ça ne peut pas être son petit ami. Ce n'est pas logique, pourquoi Thibault voudrait cacher son homosexualité alors que Noah est celui qui le crie sur tous les toits ? Pourquoi ils voulaient cacher leur relation ? Je veux dire...ça me dépasse."

Saslabile me lance un regard peiné.

"Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents ouverts d'esprit. Il y en a qui frappent leurs enfants. Et il...il y a..." elle reprend avant que ses yeux s'embrument à nouveau.

"Qu'y a-t-il ?"

Elle prend une grosse inspiration.

"J'ai l'impression d'être dans un mauvais remake d'Esprits Criminels, elle sanglote. Ce sont ses parents qui l'ont tué Calum. Thibault n'a jamais disparu. Il est rentré chez lui après m'avoir touché. C'est inhumain. C'est...c'est..."

Je pleure.

()()()

Le lendemain, les journaux s'étaient déjà emparés de l'affaire, et quelques ragots circulaient dans les couloirs du collège. Tout le monde se sentait mal, le malaise était ce qui régnait dans les salles de classe. On avait rapidement oublié mon histoire de pipe, le prénom de l'asiatique était à présent aux bords des lèvres de tous les élèves.

Noah n'était pas venu en cours. Je ne sais pas si c'est d'un élan d'amitié ou la curiosité maladive de Salsabile qui a déteint sur moi, mais j'ai pris ses devoirs et je suis allé lui rendre visite après les cours. Il n'a pas répondu à mes messages de toute la journée, de même pour mes appels.

Arrivé devant son appart' je sonne une bonne dizaine de fois, stressé par tout ce qui s'est passé. Il n'a daigné m'ouvrir que cinq minutes plus tard. J'enjambe les marches trois à trois avant d'arriver devant sa porte d'entrée. C'est un Noah mortifié qui m'attend, les yeux rouges, le teint livide, et les cernes creusées.

"Noah ! Tu savais ce qui se passait ? je demande alors sans préambule. Et tu ne m'as rien dit ?

- Oui. C'est de ma faute. C'est de ma putain de faute Calum ! J'ai honte de moi. J'ai préféré le dire à Salsabile. J'ai préféré que tu ne découvres pas la vérité, j'ai honte de moi."

Nos regards semblent se fuir.

"Ce n'est pas...ce n'est pas de ta faute. Aimer n'est pas un crime.

- Mais ne rien faire si. Il a essayé de se suicider Calum. Le soir de cette foutue soirée, je l'ai trouvé dans la mer en train de se griffer, je ne sais pas ce qui est arrivé pour le mettre dans cet état-là. Mais il allait mal. Et moi...je l'ai laissé rentrer chez lui. Après l'avoir embrassé. Après l'avoir putain d'embrassé !"

Je serre ses épaules.

"Ce n'est pas de ta faute si il y a des gens suffisamment fous dans ce monde pour commettre des atrocités."

Je n'ai jamais autant pleuré de ma vie que ce mois-ci.

◆◇◆

Vous voulez me frapper ? Allez lire l'épilogue et les anectodes :)

fleur rouge ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant