fleur rouge ✔

13 | c'était entre amis

En cet instant précis, j'aimerais prier Dieu. Lui demander de cesser tout ce bordel, de nous sauver du fond du gouffre. Après tout, c'est lorsque les problèmes s'amassent dans nos vies que l'on souhaite remettre en question l'existence d'un être supérieur, qui, Lui, serait prêt à nous aider.

Je me déclare comme chrétien parce que mes parents le sont, mais la seule chose que je sais concernant ma propre religion, c'est comment on se fait baptiser. C'est assez ironique n'est-ce pas ? Est-ce parce que je me juge trop parfait pour nécessiter une aide extérieure, justement, que je dénigre cette possibilité, que je ne prie jamais, ou que je n'aie le souvenir de pratiquement aucun passage de la Bible ? Je me demande comment aurait été ma vie si mes parents n'étaient pas croyants et pratiquants. Serais-je âthé à l'heure actuelle ?

"Notre père qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal. Amen."

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"Merci d'être venu à la messe aujourd'hui, commence ma mère en mettant le contact à la voiture.
- Je ne suis pas venu pour te faire plaisir, pas la peine de me remercier."

Mon père est silencieux. Depuis notre altercation, où j'ai abordé l'éventualité que je puisse aimer un homme, il ne m'a pas décroché un mot. Pas un bonjour, rien. Pour être honnête, cela ne change pas de d'habitude. Je refuse de parler à un homophobe, sexiste et raciste.

Ma mère, elle, a continué son petit jeu de mère modèle. Luce masque ses problèmes derrière un sourire faux, et joue un rôle déplorable. J'aimerais lui parler correctement, mais elle m'énerve au plus au point. Elle est empreinte à une dépression à cause de son putain de mari, mais que fait-elle ? Rien. Elle se défoule sur son fils. Si elle croit que aller à la messe tous les dimanches en saluant le voisinage aux bras d'un connard, ça va la sortir de la merde... Je suis son fils putain ! Pas son père. Alors pourquoi suis-je le seul à m'insurger face à la situation ? Pourquoi ai-je l'impression que les adultes ne peuvent jamais prendre de bonnes décisions dans leur vie ? Les enfants, eux-mêmes, ne font pas d'aussi grosses gaffes. Pas au point de gâcher leur existence.
Dans la religion, on nous répète que le mariage est une chose importante, alors pourquoi il y a autant de divorces ? Pourquoi l'amour ne semble-t-il pas suffire pour élever une famille convenable ? Pour rien au monde je ne deviendrai un adulte.

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Je presse mon doigt sur la sonnette et attends patiemment qu'on m'ouvre la porte de l'immeuble. Quelques secondes plus tard j'entends une voix rauque à l'autre bout du microphone :

"C'est qui ?

- Calum.

- C...calum ? s'enquiert mon interlocuteur. Tu...

- Ouvre-moi la porte Noah."

C'est sur ces mots qu'il m'a laissé accéder à son appartement. Une fois trois étages montés, je fais face à sa chevelure châtaigne et son habituel style hipster.

"Calum...tu es finalement venu ?"

Je lui lance un regard désespéré, je n'ai pas le temps de faire face à ses questions idiotes.

"Non non, j'ai fait un détour pour aller acheter des légumes et je me suis retrouvé ici comme par magie. Fais-moi entrer au lieu de poser des questions rhétoriques.

- Ah...oui."

Noah se décale et me laisse passer en premier par politesse. Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit que je sens quelque chose frotter mes mollets.