Cyndrigue, les amants maudits des profondeurs

Chapitre 17 : Une rencontre sexy

Cynthia leva la tête vers le poisson dans lequel elle était rentrée inopinément, prête à bafouiller des excuses pour continuer sans encombres son chemin vers nulle part. Cependant, le corps qui s'offrit à ses yeux lui coupa la parole, et seul un petit gargouillement de surprise et d'admiration s'échappa de ses fanons.

Une nageoire caudale qui semblait puissante. Six beaux abdominaux bien dessinés, surplombés par deux magnifiques pectoraux saillants et musclés à souhait. Sur son torse luisant (d'huile de massage parfumée à la fleur de monoï, si elle en croyait ses narines) était tatoué un sublime dragon asiatique, qui ajoutait une touche d'exotisme à cette silhouette parfaite.
Au bout de ce corps sculpté à la salle long de six mètres, un visage sublime. Deux petits yeux chafouins et ténébreux, un sourire à tomber dévoilant trois rangées de dents taillées en pointe. Un teint hâlé par un soleil tropical, bronzé juste comme il fallait. Sur le haut de sa tête, une mèche brune qui retombait sur son front en jolies ondulations. Et pour couronner le tout, une casquette de badboy.

En résumé, ce requin blanc était tout bonnement ultra sexy.

"J... P-Pardon, bégaya Cynthia, hypnotisée par les deux yeux bruns qui s'étaient ancrés dans les siens.
- Oh, excusez-moi, répondit l'inconnu sans se départir de son sourire. Comment n'avais-je pu remarquer une si jolie demoiselle ? Je suis impardonnable."

Cynthia n'enregistra même pas ses paroles. Elle était littéralement obnubilée par ce physique parfait. Le soleil qui se réfléchissait sur ses écailles brillantes semblait l'auréoler de lumière. Il était si craquant...

"Comment s'appelle cette jolie créature ? continua le squale sans se départir de son sourire de séducteur."

Cynthia inspira profondément, faisant entrer des dizaines de litres d'eau entre ses fanons. Elle ferma les yeux, essayant de calmer le rythme effréné de son cœur. Que ce beau mâle penserait-il d'elle si elle venait à perdre des moyens pour un simple sourire ? Après tout, elle était à ce jour loin de la jeune baleinette effarouchée qu'elle était autrefois.

Elle parvint en quelques inhalations, elle retrouva son calme, et put enfin répondre au requin, qui ne semblait pourtant pas s'impatienter.

"Je m'appelle Cynthia.

- Un prénom digne de votre beauté. Je suis Justin, enchanté de faire votre connaissance. Dites moi Cynthia, que faites vous ce soir ? Si vous n'avez pas d'engagement, j'aimerais vous inviter à prendre un verre. Je connais un endroit que je serais ravi de vous faire découvrir."

La baleine était totalement prise de court. Ce Justin avait une aisance déconcertante, il braquait sur elle son regard intense comme s'il était déjà certain de sa réponse. Les mots glissèrent traîtreusement de la bouche de Cynthia :

"Ce soir ? Oh je.. n'ai rien de prévu. Mais...

- Parfait, souffla Justin en dévoilant un sourire de prédateur. Lorsque le soleil commencera à se coucher, retrouvez moi sur la Place des Anémones. Au revoir Cynthia."

Le grand requin blanc se propulsa dans l'eau claire, ses muscles se contractant sous sa peau de fer. Sans un mot, le cétacé le suivit des yeux. Lorsque la silhouette de Justin ne fut plus qu'un point lointain, elle émergea de sa torpeur. Pourquoi diable avait-elle accepté cette invitation ? Le corps de Rodrigue était à peine enterré, son amour perdu obnubilait ses pensées. La culpabilité serra le coeur de Cynthia. La tête basse elle rentra dans sa grotte, sa décision était prise : elle n'irait pas au rendez-vous.

La baleine était épuisée, quand avait elle dormi pour la dernière fois ? Elle ne parvint pas à s'en rappeler. Ereintée, brisée par la souffrance, elle se sentit glisser malgré elle dans un demi-sommeil.

Rodrigue lui apparut, petite silhouette verte et orangée nimbée d'un doux halo. Pendant un instant qui sembla durer une éternité, la baleine et la julienne se regardèrent en silence. Ce moment de communion s'estompa lorsque Cynthia se réveilla lentement. Au moment où elle reprit conscience, la voix de Rodrigue résonna.

"Sois heureuse, Cynthia."