****Partie 1****
Dans le passé
**Sylvie Dieng**
Je sors de la classe sans attendre mes amies qui trainent encore les pas ou qui doivent surement être en train de discuter de choses futiles. Aujourd'hui je n'ai pas le temps de trainer car je dois me rendre à l'université Cheikh Anta Diop voir mon copain Lamine avant que le chauffeur de papa ne pointe son nez. Heureusement que mon école de formation est sur la même avenue que l'université sinon je ne sais pas comment arriverons nous à se voir de temps à autre. En quittant la maison ce matin, j'avais précisé que je resterai réviser avec des copines un peu plus longtemps que d'habitude. Juste une excuse pour voir Lamine mais comment faire pour qui connais mes parents. Lamine est mon premier copain. J'ai vingt deux ans et pour dire vrai, je ne connais rien des choses d'amour et autres. Je m'appelle Sylvie Dieng et je suis la cadette d'une famille peu nombreuse: deux enfants en tout. Mon père travaille dans l'import export de matériel de luxe, le plus souvent, il équipe les bureaux de nombreuses personnalités de ce pays et donc il a un carnet d'adresse riche et ma mère est une avocate de renom. Si vous avez un dossier compliqué en justice, elle est celle qu'il vous faut car elle attire les journalistes et sait parler avec aisance avec eux. Donc j'ai grandi dans un milieu aisé mais mes parents ont toujours voulu nous mettre à l'écart des médias mon frère Charles et moi. Ce dernier, depuis cinq ans, poursuis ses études à Paris. Je suis restée au Sénégal car je n'aime pas rester loin de mes parents et ils pensent qu'avec le temps, ça me passera.
J'ai peu d'amis et je sors rarement de chez moi, juste l'école et des fois faire du shopping avec mes deux seules amies : Aicha et Renée J'ai connu Lamine au cours d'une visite chez Aicha. Lui et le frère de cette dernière sont des amis. Notre amour est né naturellement et depuis plus d'un an, on le vit paisiblement. Lamine a cinq ans de plus que moi et est à sa dernière année de formation pour devenir professeur de mathématiques. Sa famille est modeste mais lui, il fait de son mieux pour les aider à sortir de leur situation précaire. Le taxi que j'ai pris pour ne pas perdre de temps s'arrête devant le campus universitaire et je le guide pour aller au pavillon G. Je trouve la chambre comme d'habitude pleine d'étudiants car le voisin de Lamine fait du gravage de CD. Je ne reste pas longtemps et on va Lamine et moi dans un restaurant pour manger un peu et discuter. Vers quinze heures, heure à laquelle le chauffeur vient me prendre, je suis devant mon école pour brouiller les pistes. Mes parents sont très rigoureux mais très aimants. Ils n'ont pas beaucoup de temps à nous consacrer nous leurs enfants donc c'est pratiquement la domestique, Fatou, qui est à leur service depuis ma naissance qui nous a éduqués Charles et moi. Dés que je pose mes bagages, je vais la rejoindre dans la cuisine pour l'aider et discuter avec elle. Elle m'a apprise à cuisiner très tôt tous les plats du pays et même des plats étrangers. Elle dit toujours qu'une femme qui ne sait pas cuisiner n'a aucune chance de retenir son mari dans son foyer. Grâce à elle, je sais tenir une maison correctement. Avec elle, je peux parler de tout sans barrière et sans peur d'être jugée, le contraire de ma mère. Cette dernière ne sait même pas ce que je fais de mes heures libres à moins que le chauffeur qui joue les commères ne lui raconte. Leur rôle à papa et elle c'est juste de payer mon école et d'y faire de temps à autre une visite pour voir ma progression. Quand il s'agit de me donner de l'argent, ils le font sans poser de questions mais à part ça, on n'a pas beaucoup de choses à se dire. Les rares dimanches qu'ils passent la journée à la maison, ils reçoivent des invités et leurs familles et dans ce cas, je suis tenue d'y assister. Fatou m'a toujours conseillée de ne pas gaspiller l'argent et de connaitre sa valeur, raison pour laquelle, depuis mes dix huit ans, j'ai ouvert un compte bancaire dont mes parents ignorent l'existence. On ne sait jamais dans la vie.